QUE L ON M EXPLIQUE POURQUOI GOOGLE SUPPRIME MES PHOTOS PERSONNELLES ,? ELLES APPORTENT UNE NOTE POSITIVE AU TEXTE !
Réflexions d'antan! L'Occupation!
Ce n'est pas un roman mais des nouvelles disparates issues de mon journal ....
Septembre 1939
Les soldats anglais stationnent place du Parquet, devant la mairie, nous admirons leur équipement ….
<< Il faut reprendre par l’esprit ce qui a été perdu par les armes >> Jacques Benoist Méchin
Réflexions d'antan! L'Occupation!
Septembre 1939
Les soldats anglais stationnent place du Parquet, devant la mairie, nous admirons leur équipement ….
<< Il faut reprendre par l’esprit ce qui a été perdu par les armes >> Jacques Benoist Méchin
DÉTAILS DE JOURNAL
Nos films à nous! (Tarzan) Johnny Weissmuller et (Jane) Maureen o Sullivan:
Rina Ketty interprète ses grands succès: «J’attendrai» et «Sombreros et Mantilles», ses rengaines sont reprises en chœur chaque samedi lors du marché par les marchands de partitions groupés sur notre trottoir, place du Parquet, pratiquement à la porte de notre domicile.
Notre distraction du soir devant le tailleur Guimard, place du Parquet, et quel que soit le temps, froid ou neige! Bien sûr en cinéma muet.
Rina Ketty, d’origine italienne, née à Turin en 1911, donc ressortissante de pays en guerre avec la France se fera résolument discrète pendant l’occupation.
A la radio le
président Lebrun présente ses vœux à la population française .
"Nous avons
la ferme conviction que 1940 sera une année plus heureuse pour toute l’humanité".
Notre président semble résolument optimiste et nous
en acceptons l’augure.
«Nous irons pendre notre linge sur la ligne Siegfried » chantent les collégiens de Ray Ventura. La ligne Siegfried c'est la réplique allemande
de la ligne Maginot.
Notre nouveau tourne disques 78 tours « la Voix de son Maitre» égrène
sans cesse ces rengaines militaires que nous reprenons tous en chœur . Nous
sommes vraiment sûrs de l’emporter ..
Avec Achille, mon copain de la rue Billy…. coiffés de notre masque, nous déclenchons un fou rire général !
Je dévore littéralement tous les livres de Paul Chack « Des Dardanelles aux brumes du nord, Marins à la bataille, les grandes victoires de Suffren …. »
Malheureusement Paul Chack sera séduit par la propagande fasciste, qui lui apparaîtra comme le prolongement de ses idées politiques, puis par le nazisme lui-même. Il adhérera au parti populaire français (ppf) et anglophobe forcené, souhaitera publiquement la victoire de l’Allemagne. Il sera fusillé le 9 janvier 1945.
Mesures
prises en cas d’alerte
Lorsque les avions seront signalés, l’état d’alerte sera annoncé par les sirènes
qui fonctionneront pendant une minute. La fin de l’alerte sera annoncée
par trois coups répétés.
"Les incendies seront annoncés par le tocsin et le clairon.
Le maire rappelle aux personnes touchées par les réquisitions qu’elles doivent
laisser aux réfugiés l’usage des cheminées situées dans les pièces habitées par
eux."
Pendant ce temps la voix de Ferdonnet
sur radio Stuttgart nous assène:
"Français , jetez bas les armes . Ne vous mêlez pas de ces batailles où
les Anglais lutteront jusqu’au dernier Français. Les Anglais donnent
leurs machines, les Français offrent leurs poitrines".
16
Octobre: Antoine de Saint-Exupéry
publie "Terre des hommes"
Saint-Exupéry, c’est maintenant mon livre de chevet et son image me
poursuivra lors de mes rêves les plus
lointains. Peut être était-ce un clin
d’œil du destin ?
Dans les années 50, alors que la France était encore maitresse d’un vaste empire colonial, notre lourd hydravion quadrimoteur Sunderland survolait, les côtes africaines, des sables du désert de Mauritanie et du Rio de Oro aux profondes et impénétrables forêts intérieures de Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia. Il y avait une sorte de majesté dans les formes massives et immaculées de notre oiseau blanc à vouloir nous faire découvrir ces horizons inconnus, pleins de mystère.
Scènes de vol sur Sunderland, lac de Bizerte, le Niger, etc..
Il serait vain de nier
que durant ces années d’occupation, Paris
ait continué à briller du feu de ses spectacles et à exercer un grand rayonnement artistique sur l’ensemble du pays.
Avec l’interdiction de présenter des films anglo-saxons, les dirigeants des salles occupées se trouvent plongées dans l’embarras. Privées de bandes américaines, il ne leur reste plus de choix qu’entre
l’écoulement des comédies allemandes et les films français jugés
Tous
ces films arrivent en province et le directeur du Rex, Mr.
Moindrot les met régulièrement à l’affiche. Je crois savoir qu’il a quelques difficultés à
trouver un opérateur.
On ne se bat pas
sur terre , mais la lutte des propagandes est d ‘une rare activité.
Des haut-parleurs ,installés à portée d’écoute,s’
adressent aux soldats dans chacun des camps pour tenter de saper le moral .
L’organisation du théâtre des armées est parfaitement au point et remplace les opérations militaires .
Le grand Etat Major se condamne à l’immobilisme!
Le casino de Paris expose un spectacle extraordinaire où
triomphent Joséphine Baker et Maurice Chevalier qui se partagent la
scéne . Achille me parle souvent de
son oncle qui travaille à Tabarin ,
spectacle hors du commun où les chevaux me dit il ....montent sur scéne avec
les comédiens ...
Un soldat anglais rivalise
avec Conté ( pris de ma fenêtre )
Dans notre petite cité la confiance rêgne ! Pas l’ombre
d’un doute ,comme en 1914 ,nous remporterons la victoire . Mes parents envoient
des colis à quelques soldats amis de la famille, isolés sur le front . Delorme , Baglin,
Quelques uns sont invités ,lors de leur permission ,à
partager notre repas , amélioré pour la circonstance .
Impatient d’écouter leurs récits ,je découvre qu’ils n’ont
rien à dire .Il ne se passe rien sur le
front ... Parait il que soldats Français
et Allemands s’envoient des paquets de cigarettes !
A l’école pour marquer la solidarité de la nation avec ses
combattants une large opération de parrainage est organisée .Les écoles sont
mises à contribution et adoptent un filleul auquel elles envoient des colis .
Notre jeunesse
toujours prête à en découdre avec un ennemi invisible ou imaginaire trouve enfin un
moyen d ‘ exprimer ....... son énergie
débordante.
Les combats
aux marrons d’ inde entre
jeunes Francais et Espagnols avec casque et bouclier ,caparaçonnés comme
des chevaliers du moyen âge ,sont terribles et
se terminent à la nuit tombante , faute de
combattants ! Notre cave et celle de C .. V.. sont transformées en réserve de
munitions. Les affrontements
sont quelquefois sévères ..... et
la prise de »la Butte à Patard » point culminant de la région ,par les Français constitue un haut fait d‘armes.
José Molina né en France de parents émigrés , nous sert
d’interprète Son père retourné en
Espagne a été tué alors qu’il luttait dans le camp
républicain entre l’Andalousie et
Valence
La liste de mes camarades espagnols s’allonge démesurément
et notre équipe turbulente profite de tous les motifs pour s’affronter dans un
esprit pacifique
Le garde champêtre en uniforme , personnage
incontournable de notre petite ville
,essaie bien de calmer nos ardeurs guerriéres .... ,mais en désespoir de cause il
abandonne le terrain aux belligérants . Un beau jour nous lui subtilisons son inséparable tambour . Apparemment adepte
du précepte de la bible « le bon
vin réjouit le coeur de l’homme " il n’avait pu résister aux effluves dégagés par le café
voisin.
Lassés des plaies
et des bosses nous décidons de
nous affronter au football .,Le
nombre de joueurs est illimité ....et les
matches se terminent à
la nuit tombante avec des scores
impressionnants .
Dimanche octobre 1939 (extr echo d’Alençon )
Le maire fait un
appel pressant auprés de ses concitoyens pour leur demander de penser
aux soldats au front en apportant à la mairie des livres et des brochures qui seront envoyés aux armées
notamment au 104 éme RI
1940
21 22 janvier Chutes de
neige importantes Belles parties franco
espagnoles sur la place
Voltaire (place du friche )
16 17 fevrier Mauvais temps ;la place du parquet
sous la neige ,personne hors de chez soi . Volets fermés Pas de flâneurs
C’est la sortie de l’école . Il neige ! Pour nous c’est le bonheur suprême !
Place du Friche
;les groupes de combattants se forment et s’attaquent aux passants , pris de
panique . Avec ce froid ,notre bonhomme
de neige devrait résister plusieurs semaines
Chaque jour ,Il suffit de mettre le nez dehors pour savoir
qu’il fait toujours un froid de canard !
moins 15 à moins 20 degrés sur notre place du Parquet .Le barométre se maintient obstinément en dessous de zéro
,les riviéres et les étangs sont gelés .A Paris la neige bloque la circulation
. Le record est certainement relevé dans les Alpes où l’on enregistre - 40
degrés .
C’est vraiment le grand hiver fait de pluies et de
glace .Emmitouflés , le nez disparu sous un épais passe montagne , la
bise du Nord nous fouette le visage .
Agrippés à la vitrine de Mr Guimart le tailleur nous assistons à une séance de cinéma muet
en plein air ….Pas de répit ….. nous on ne craint pas le froid …
Le grand comique des années
30 C’est « Charlot « ,!
Insensibles au vent glacial qui nous souffle de la route de Rouen ..la direction du grand
nord …., nous guettons l’apparition des premières images saccadées , en noir et
blanc .
Fervents lecteur de jack London nous voulons transformer le
chien de l’ami Achille,setter
irlandais noir de jais , en chien de
traineau Ce n’est pas « Croc blanc
» combattant féroce ,fier et puissant subissant la méchanceté des hommes mais
un docile Setter farfelu craignant
la neige et la glace …Rien à faire ! il refuse tout attelage …ou démarre sur les
chapeaux de roues au premier signal ….
Notre place si célèbre soit elle , c’est bien sûr le palais des courants d’air ...mais aussi notre territoire ,notre chasse gardée ,le point de rassemblement des jeunes du quartier en quête de bagarres ,d’affrontements , et de facéties les plus diverses.
Notre pittoresque et moustachu garde champêtre essaie bien de concilier les
esprits belliqueux ....mais notre nature reprend le dessus ..Désespéré il nous abandonne le terrain.
Echappant à sa grand mére ,mon ami Achille essaie de nous rejoindre mais malheureusement son chien au flair de grand chasseur a vite fait de découvrir son lieu de retraite
Le cri aigu et prolongé de
la grand mère partant de la rue Billy ,
traversant notre grande place a vite fait de le rappeler à ses devoirs de commissionnaire
14 mars grand vent ….des toitures s’envolent
De la
fenêtre ,je regarde passer les convois remontant apparemment vers la route de
Rouen .
Trois
camions de sa majesté s’arrêtent sur la
place . Tiens des Ecossais !
L’un d’eux en kilt bien sûr , se détache du groupe pour
nous demander la direction d’Argentan . Longues palabres ...gestes à l’appui ...ils
sont sur la bonne route !
16 mars Violent orage
20 Mars
Depuis 3 mois la Finlande
résiste à un contre 60 ; ; ;édite Paris match ,Que tous les journaux pleurent sur la petite Finlande
ne semble pas émouvoir le monde …
Les soldats finlandais entièrement vêtus d’un blanc uniforme qui s’intégre parfaitement en plaine ou en
montagne luttent pied à pied .
Les avions russes lancent leurs bombes incendiaires sur
les villes ouvertes
Nouvel avis de la mairie par le garde champêtre ,au son du
roulement de tambour … Faute de
camoufler convenablement les lumières
,des contraventions seront dressées sans pitié aux délinquants sans
avertissement préalable
Ainsi les premières
semaines de fièvre et d’animation ont vu affluer une nuée de recommandations ,
et de consignes ….,exercices sur le maniement des masques à gaz , le
collage sur les vitres et les vitrines de bandes de papier , la protection des
bâtiments publics par des sacs de
sable , le recensement et le numerotage
des caves- abris , obligation de teinter en bleu les lampes de poche et les
phares des véhicules , reglementation sur les horaires des salles de spectacle
,interdiction des courses hippiques
Ainsi notre
cinéma Rex devra se plier à de
nouveaux horaires Quand aux entraineurs et jockeys de la région les Forcinal ,Riault , Bozo, ils font grise mine
Le maire invite les sagiens à se montrer généreux pour
venir en aide aux norvégiens qui
souffrent pour la défense de nos libertés
Le maréchal ferrant ,aux Halles
, prés de la gare,nous le connaissons
..Solide gaillard aux bras musclés ,il
tape comme un forcené ,sur son enclume dés l’aube en défiant le métal
rouge « Tiens c’est ce que faisait
mon grand pére « dis je à Achille
. L’énorme soufflet tout noir de
suie ,unit le vent et le feu ,et la braise jette de joyeuses étincelles……
24 avril pluies importantes
Quelques contraventions contre les habitants
indisciplinés ne camouflant pas leurs
fenêtres et vasistas
Notre vitrine et nos fenêtres sont couvertes de bandes collantes… systeme
préconisé pour leur protection contre
les effets des explosions . Le vasistas
du grenier est peint en bleu .
La chasse aux traits de lumiére commence …
2 Mai
Stationnés sur la place aux pieds de Conté ,les « Tommies « nous font des signes
d’amitié . ...La TSF fredonne « On ira pendre notre linge
sur la ligne Siegfried ...
Un journal représente le traitre francais Ferdonnet fils d’instituteur né dans
les Deux Sevres en compagnie de sa femme une allemande ,dans la villa qu’ils
habitent prés de Berlin
Qui a brulé jeanne
d’arc ? les allemands peut être ! Qui a mis Napoléon à Sainte
Helene ? notre ennemi hereditaire ce n’est pas l’Allemagne mais la perfide Albion
…
Les Belges ,les
premiers,quittent leurs villes et leur campagne, puis les gens du Nord et ceux
de l’Est . D’abord on les regarde passer ;mais
peu à peu devant le déferlement allemand et la peur grandissante, les
villes se vident . Dans l’exode qui se dessine ,chacun découvre un autre monde.
En bois verni et de
forme ovale , la forme à la mode ........notre poste de TSF trône maintenant
sur le
buffet de la cuisine , prés de la fenêtre ...Campés devant
le haut parleur nous l’admirons
tel un objet d’art , c’ést notre point d’attraction , notre centre
de vie.
On
écoute une fois par semaine « les vieux succés français « où l’époque
1900 apporte ses mélodies ,,ses chansons
,ses comiques troupiers ,ses valses hésitation .
On passe de Polin à Mayol ,d’Yvette Guilbert à Berthe Silva . Les romances
tremblent d’émotion et de sentiment ; ; ;et on peut
imaginer les gestes poignants des
chanteurs en écoutant « Envoi de fleurs « et « Fermons nos
rideaux ». C’est l’ambiance attendrissantes des mariages ou des réunions de famille avec
« Petits enfants prenez garde aux flots bleus « , folklorique avec
« fleur de blé noir « ,comique avec « la caissiére du grand café
«
.
La
boutique du coiffeur ,celle de mes parents constitue le point de ralliement des
jeunes et des sportifs de tous genres .C’est là qu’on commente le Tour de
France ,que les joueurs de foot du club local rappellent leurs exploits
,qu’on écoute Georges Peeters parler de sports à la TSF On y rencontre les
propriétaires des écuries de courses de la région ,Forcinal ,Riault ,Bozo ,Lévêque
, ..et .les jockeys de trot attelé ,.Le cheval attelé à son sulky devant la maison attend sagement
que son maitre en termine avec les bavardages . .
On y rase des paysans à la barbe rude . Aux
odeurs du salon se mêlent des senteurs de chypre ,de brillantine et de gomina .
Des
photographies de boxeurs ,de cyclistes , de Vietto ,Speicher , Bartali ,voisinent avec des affiches portant en
écriture ronde « Union Sportive de
Sées « ou USS contre L’US
Mortrée . C’est le derby local !
Les
commerçants de la place ,bien sûr nous les connaissons tous . Dans l’ordre
,notre voisin le boulanger Bocquel
dont la vitrine est contigue à la nôtre, le quincaillier Guédé ,l’électricien Ipcar ,
l’épiciér Monsieur jouy ,la modiste
Madame Buhot , le marchand de
primeurs Bujosa et le café Ferté .
Nos
voisins les plus proches ,une vieille dame ,ancienne ambulante en passementerie
,la coiffeuse Madame Frémiot
dont le mari est transporteur ,le docteur Melun qui bénéficie d’un droit de passage dans notre cour .et
pere d’une nombreuse famille
« Le Caiffa « rue Billy ,lui se déplace avec sa petite voiture
tricycle remplie de tous les produits d’épicerie qu’il livre à domicile ,même
dans les coins les plus reculés de notre campagne .
Quelques
minutes d’inattention et nous lui dégonflons ses pneus ...Pas commode le
bonhomme !
Le prix de
la place est approximativement de
un franc pour les troisiemes ou les
premiers rangs.C’est là que nous
sommes avec mon ami Achille les deux premiers fauteuils à droite prés de
l’écran
,
Le hall carrelé du
cinéma Rex est couvert d’affiches et de photographies d’acteurs représentés
généralement par couples :
Les
vedettes du moment ….affiche ci-dessus
Pierre Richard Wilm , Victor
Francen Gaby Morlay , Aimé Clariond
,
Mais aussi
Jean Murat et Anabella ,Sacha Guitry et Yvonne Printemps ,Maurice Chevalier et ,et au hasard des films , Raimu ,Aimos ,Larquey ,Saturnin Fabre ,Pierre
Brasseur ,mais bientôt les vedettes
américaines comme Clark Gable ,
jeannette mac Donald disparaitront
des écrans ....
Un film documentaire parlant et
sonore ,les actualités annonçées par un coq ,avec leur catastrophe hebdomadaire
,leur président en haut de forme ,leur défilé guerrier , un film comique ...et
enfin le grand film avec ses stars .
Sur la
place de la cathédrale ,là où se situent les arcades de la mairie ,un vieux rémouleur agitant sa
clochette se déméne sur son engin
et pédale comme un forcené ,dans le but
de faire tourner sa meule . Il crie « rémouleur ..couteaux ...ciseaux «
et juge du fil des lames qu’on
lui donne en le passant sur la pointe de
son pouce .
La meule en tournant allie l’eau et les étincelles
.Beaucoup de couteaux ,ceux du boucher de la rue Léveque , de la ménagére , des longs ,des larges ,des minces
,mais aussi les rasoirs du salon soigneusement entretenus par mon pére .
Cachés derriére l’un des piliers de la mairie , nous crions au vieux rémouleur absorbé par sa
tâche .... »Baisse la tête ,t’auras l’air d’un coureur « !
Les jours de marché ,le samedi ,les chanteurs des
rues se
rassemblent sur les trottoirs devant notre magasin et entraînent
la foule dans la chansonnette , avant de
vendre la partition des succés à
la mode ; On s’ arrache les partitions ! Mistinguett
,Réda Caire ,Rina Ketty , Lucienne Boyer ....
Ce marché ,c’est l’événement hebdomadaire .Par toutes les
routes ,les chemins convergeant vers Sées ,arrivent les paysans du canton . Ils
affluent de tous les villages
environnants .
Les pavés glissants de la rue Billy vibrent sous le poids des voitures à chevaux ,…..
Des villageoises
,quelques unes en coiffes ,à pied ,de lourds paniers au bras ,des
bicyclettes ,des charrettes attelées ,des carrioles , donnent au paysage cet
aspect animé et laborieux qu’on trouve dans les tableaux et les cartes postales
d’autrefois .La ville resplendit d’une vie nouvelle . Les commerçants
travaillent à plein ,et montrent leur bonne humeur .
Achille et moi
,nous nous faisons un devoir de planter
avec délice ,notre doigt dans les lourdes mottes de beurre qui remplissent les
paniers en osier exposés sur la place du Parquet .
Une famille juive vit cour du
chapitre où l’abbé Vaucanu leur a
trouvé un logement . Cette famille Ezygman ; ; ; ; ;se
montre très discréte Deux garçons dont
l’un est dans ma classe à l’école
communale
….;L’ainé ,futur professeur
donne clandestinement des cours
d’anglais le soir à ma sœur ; evitant ainsi de se faire remarquer et malgré
les remarques désobligeantes de certains sagiens ;
Epargné par les rafles
meurtriéres, après la déportation de ses parents Il me rappellera après la guerre ces quelques
mots agressifs d’une paysanne alors que
sa famille achetait du beurre et des
œufs sur le marché du Samedi , place du
Parquet « je croyais que les juifs avaient les mains
crochues ! ! !
Aprés la guerre et après quelques recherches je
contactais l’un des deux freres
habitant Levallois Lui et son frere avaient échappé
à le rafle de juillet 1942 à Paris
et gagné le maquis en zone libre
Par contre leurs parents tailleurs,
rue du Sentier déportés à Auschwitz
ne survivront pas à cette rafle
et seront déportés dans un convoi
fin 1943
l'occupation
octobre
1940 Notre premiére sortie de l 'école et la liberté de nous
échapper de la vigilance sévére du pére M.... Mais bien sûr notre
premiére visite
c est le chantier prés de la cathédrale déserté depuis juin de nos escapade et tribulations
c est le chantier prés de la cathédrale déserté depuis juin de nos escapade et tribulations
Le cinéma des samedis et dimanches est devenu notre principale distraction ,rien d’autre à faire ….posté prés de la cabine de projection ,l’un de nous , fils d’instituteur , suit avec assiduité les films allemands Mis à l’index par notre groupe … en raison de ses convictions pro germaniques
Quelques films considérés comme des chefs –d’œuvre »
les enfants du Paradis « « Pontcarral » » l’Eternel
Retour » » le Corbeau »….aux heures sombres de la répression et
de l’exclusion
Le 7 eme art est soumis à la volonté de Vichy et les
allemands tentent de s’emparer de cet instrument de propagande afin d’exercer sur lui un pouvoir de contrôle et
de censure
Films et acteurs juifs interdits …L’activité cinematographique est donc assujettie aux volontés de l’occupant . Qu’est
devenu Harry Baur ? comédien
juif ?
Un français bat un record du monde de brasse , Alfred Nackache que nous avons admiré
aux actualités du Rex disparaît
pratiquement de la circulation ....juif peut être !
Derrière le rêve l’ordre établi… Méfiants envers les films produits avant
l’armistice les allemands finissent par interdire ceux qui étaient tournés
avant 1937 et Mr Moindrot est obligé
de se plier aux nouvelles directives de la kommandanture
Bien qu’elle soit d’origine germanique la comédie musicale
interprétée par exemple par Marika Rokk dans le
film Cora Terry fait salle pleine chez les jeunes sagiens
Django
Reinhardt est au fait de sa gloire avec
« Nuages « improvisation musicale
inspirée par la traversée de grands vaisseaux de pluie dans le ciel
mélancolique de Paris ….
A l’affiche « la ville dorée » …Ruée sur le Rex avec nos camarades espagnols ….
Grand succès …c’est le
premier grand film européen en couleurs Ce n’est pas le scénario qui
attire mais une curiosité bien légitime pour ces nouveaux coloris utilisant le
proçédé Agfacolor
et encore ...
Les jeunes en âge d’accomplir le STO ne s’aventurent plus guère , dans la salle du Rex depuis que les salles de spectacle sont visitées de temps à autre par la police Les classes 21 22 23 sont particulièrement surveillées
Quand à nous ,lors de projection de films destinés à la Wehrmacht nous sommes tolérés …. Nous nous faisons « tout petit »…bien calés dans notre fauteuil
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent dans ParisLa Fille du Puisatier de Marcel Pagnol - Raimu et Josette Day
Le 16 juin 40, le Maréchal Pétain, propulsé à la tête de l'Etat, demande l'Armistice, qui sera signée le 25 juin.
Mr Arnaud nous laisse nous infiltrer dans les premiers rangs du cinema .. A defaut
d’autre chose j’aurais au moins retenu l’essentiel des films pendant cette période noire
Que
faire d’autre …que le cinéma!et pourtant nous nous somme fait virer un bel après midi d 'automne par une bande de SS éméchés je me suis retrouvé sur le trottoir avec mon ami jlui avec un oeil au beurre noir et moi l'arcade sourcillère endommagée Le prétexte l'un de nous ....nous ne le saurons jamais ayant mis du fluide glacial sur les fauteuils réservés a la Wehrmacht
Nous attendons avec impatience le disponibilité d’un stade ou d’un terrain de football On parle d’un terrain appartenant à Marigny
Nous attendons avec impatience le disponibilité d’un stade ou d’un terrain de football On parle d’un terrain appartenant à Marigny
Réunions interdites , bals supprimés nous trainons dans
les rues à guetter le moindre divertissement L’ USS nous fait les yeux doux pour créer une équipe d’athlétisme capable
de rivaliser avec l’Espérance de Sées
Une sourde rivalité , va croissante mais suffisante pour créer une certaine motivation
dans nos rangs
_Le petit génie équipé
de voiture à bras ,pelles et balais, dirigé par Mr P.... procède à
l’entretien des rues ‘ et à la
plantation des arbres Nous cachons sa goudronneuse dans la rue du
grenier à sel L’équipe d’entretien
devient d’ailleurs notre cible privilégiée Nous …..nous vivons dans une
totale insouciance celle de la légèreté de l’adolescence
En « empruntant »
la barque du Cour utilisée pour le ramassage des algues flottant en
surface ,nous sombrons corps et
biens prés du lavoir engloutissant tous les outils de cette vaillante équipe
Des amis
parisiens de Levallois et Montrouge en quête de ravitaillement nous font part de
la situation difficile des habitants
pratiquement rationnés sur la plupart des produits de la vie courants ,
beurre , lait , creme , etc..
Dimanche 27 decembre 1942
Un veteran de l’école
se fait particulierement remarquer en interprétant deux morceaux d’harmonica à l’arbre de
l’école maternelle , le veteran c’est jean mon frere ( journal de l orne du 8 janvier 1943)
Mme Greiner
notre championne est classéee aspirant dans la catégorie des athlètes
internationaux. Deux enfants en bas âge ne l’empêchent de montrer l’exemple aux
futures vedettes sagiennes de notre athlétisme
Son mari a pris en main l’équipe locale et , se distingue au poids et au lancer du disque
Le comité d’aide aux prisonniers reçoit quelques dons
Les inspecteurs du contrôle economique découvrent à
Belfonds un abattage clandestin mr jardin
propriétaire de la ferme a été arrête Est ce le fameux Jardin dont tout le monde parlera dans le cadre de la gestapo
ornaise ?
1943 Mauvais temps
Tempête
N’oublions pas le couvre feu …
Les vieilles rues de la ville c’est notre domaine
…quelques minutes de marche et nous nous
retrouvons au bord des eaux sombres et tranquilles de l’Orne prés du vivier à l’affut du moindre bruit de bottes . Les cloches égrènent 11
heures… heure du couvre feu … c’est le grand calme , la pleine lune semble
marquer le centre du monde et son contour se réflète dans les eaux glauques de
la riviére obscurcie par les roseaux et les nénuphars .Je me fais la reflexion
suivante ; ; ; ; Partant de Saint Remy ,lieu de naissance de la source ,rien n’empêchera les eaux de de
l’Orne de s’écouler calmes et sereines vers leur embouchure .et les rivages de la Manche
Les eaux de l’Orne recouvertes de nénuphars et de
roseaux En bas à gauche , le lavoir ,lieu de rassemblement des laveuses
toujours en quête des derniers potins du pays
A pas feutrés nous reprenons le chemin du retour
en empruntant les ruelles les plus sombres . La rue des Cordeliers et enfin la
place du Parquet Les traits de lumière
mal dissimulés filtrent prés des bords des rideaux noirs de notre vitrine .Ma
premiere penséee « je vais me faire emballer « … Claude et Pio ne peuvent
qu’acquiescer ; ; ; ; Pris d’une irrésistible panique ils
se sauvent à toute jambes , Claude direction place Voltaire et Pio route
de Rouen
Il était temps , dans le silence de la nuit , des bottes ferrées résonnent sur le pavé de
la place et se perdent dans le dédale
des petites rues..
Notre campagne est devenue un lieu de pèlerinage …
fevrier 43
Quelques parisiens de notre âge en quête de
liberté dans nos campagnes nous tombent du ciel . Ils ont droit bien sur à
l’accueil privilégié « parisiens têtes de chiens …parigots têtes de veau
.. »
Ils deviennent bien vite nos amis .. Ainsi les
deux frères Bordas habitant le quartier de Montparnasse et habitués des courses
au vel d’hiv nous convient route
d’Argentré à des courses cyclistes
acharnées, sprints endiablés où nos deux parisiens y mettent tout leur
cœur Ne sommes nous pas dans une période où la bicyclette vaut tous les
royaumes du monde
Les allemands eux mêmes sont attirés par notre
campagne , Lentz le responsable de l’organisation Todt dans le département
emploie des moyens radicaux pour convaincre les fermiers réticents
Mitraillette à ses côtés il entre impunément dans
les fermes en quête de denrées introuvables en Allemagne
22 mars 1943
Arrestation
de Netter Marianne déportée de
Drancy le 23 juillet 1943 pour Bergen Belsen
sera rapatriée le le
18 mai 1945
Au printemps
une menace autre que l’étoile jaune ….. le service du travail
obligatoire ( STO ) décidé par Pierre Laval pour satisfaire aux besoins de main
d’œuvre de la machine de guerre
allemande et visant les classes 1940
1941 1942
Affiche place du parquet
Suite à un accord entre notre maréchal et le commandement allemand plusieurs milliers de prisonniers particulièrement les pères de trois enfants seront renvoyés dans leurs foyers
Internés au stalag 11
B de Fallingbostel ( Hanovre
) certains avaient réussi en prétextant leur expérience de fermier à se faire
affecter dans une ferme à divers travaux d’’agriculture . Avec un peu de chance cette faveur leur
permettait de retrouver une vie familiale même s’il s’agissait d’une famille
allemande Les fêtes de fin d’année leur
donnaient prétexte à retrouver le camp et de participer à l’organisation de
jeux , danses et représentations diverses
Avril 1943
Les bruits se répandaient très vite dans notre petite ville ….La vie clandestine
finissait par remonter à la surface ….A
mots couverts on parlait de trois
polonais aidés par Edouard Paysant en
avril 1943 qui auraient passé une nuit à Sées
…..
j’ai cherché après la libération à
éclaircir cette histoire à partir d’un rapport d’évasion obtenu auprès du
ministère de la défense britannique (service des archives) compte rendu qui
m’apportait les résultats suivants AVION DU SOE
MI 9
Rapports d’évasion nos 1232 et
1233 du F/O Boleslaw Korpowski et T/Sgt
Dent ,Allen Neville( ref à rapport d’évasion1998 Roger
Cornevin adressé aux archives
départementales )et extrait des Archives de la RAF )
Un avion
décollait de Tempsford à 20.30
le 12 Avril 1943 pour une opération SOE
et
touché par la Flak
,faisait un atterrissage forçé prés de Caen ( Calvados )exactement à
Douvres la délivrande
L’équipage se partageait en 3
groupes et l’un des groupes se dirigea
à pied vers Argentan
Sees
alençon
L’avion a
été entierement été d étruit par le
feu Le FO Izycki , WO Jensen et le fo Korpowski sont sérieusement brûlés .
17 Avril 1943
« Nous
passions la nuit du 16 Avril dans une
haie à 4 miles
au sud de Falaise .
Le matin du 17 Avril nous atteignions Argentan à 16
heures . approchant prés de la gare de chemin de fer mais nous remarquone que les gendarmes contrôlent les cartes
d’identité ..
Nous traversons la ville et suivons la route principale
en direction d’Alençon . Nous sommes
entrés dans une ferme isolée prés de Saint Martin des Champs à deux miles au
sud d’Argentan . Les fermiers nous ont donné à manger et hébergé pendant deux
nuits .
NP :
Saint Martin des Champs est situé à 1km au sud d’Argentan ,prés de Mauvaisville , sur la nationale
158 ou
route de Sées Alençon
Içi nous
rencontrons un homme d’affaires venant de Paris et qui parlait Anglais .
Il nous apporta trois tickets de troisième classe pour pour rendre à Tours
et nous conseilla de ne pas nous
adresser au .... premier français
venu pour demander de l’aide mais
d’essayer de contacter les prêtres dans les petits villages que nous aurions à
traverser sur notre route . Nous nous
sommes rasés pour la première fois depuis notre atterrissage et nos hébergeurs
nous donnèrent un rasoir , du savon et une serviette «
Bétourné retour de prisonnier est décoré de la médaille militaire Rougeyron parle de sa présence au château
des ducs d’Alençon alors qu il était emprisonné avec A
Fremiot ,et Mazeline après la découverte à son domicile d’une
cache d’armes
__________________________________________
E n ce jeudi de l’année scolaire 1942 1943 ,c’est la grande détente ! Notre lieu de rendez vous c’est le stade « des Ormeaux » . Sous la conduite de Jean Mazeline notre nouveau professeur d’anglais et de géographie ,le monde des collégiens découvre dans la joie les secrets de la méthode Hébert
Un train rempli de soldats de la Wehrmacht passe sur la
voie ferrée . L’un des passagers jette
une orange . C’est la ruée . Je réussis à m’en emparer au grand dam de mon
copain de classe Raymond Jorry ,avant centre inamovible de notre équipe de Hand
Ball .
Chaque dimanche ,par tous les temps ,les équipes
allemandes s’affrontent sur notre terrain ,et désespérés nous assistons à la
prise de possession inéluctable de notre vétuste vestiaire Quelques photos
perdues par nos occupants trainent sous
un banc ...Trois SS , short noir ,maillot blanc frappé
de l’aigle noir ,feront le
bonheur de ma collection ...
L’année se termine et les
brumes épaisses des grandes villes industrielles anglaises de notre «
Carpentier Fialip « s’estompent à
l’approche des grande vacances Cette
Angleterre ..terre de liberté .accrochée aux rivages de l’Europe occupée nous fait
rêver Middleborough c’est un
nom que je n’oublierai pas . Pour moi c’est l’image de Jean Mazeline s’évertuant à nous faire prononcer correctement la
langue de Shakespeare .
A la tombée de la nuit , la ville prend un aspect différent de celui qu’elle offrait autrefois Les reverbères sont éteints ,le black out total doit être observé jusque dans les appartements où le moindre rayon d’électricité filtrant des tentures mal ajustées fait encourir à l’habitant une amende immédiate infligée par les rondes de police Les éclairages d’usage courant diffusent une lueur parcimonieuse et glauque que corrige à peine le faisceau également bleuté des lampes de poche des passants
Juin 1943 sombre mois de juin …
Le docteur Melun et Albert Frémiot nos deux voisins
Ce mois de Juin ne fait que nous surprendre , l’arrestation par les autorités allemandes de notre voisin , le docteur Melun médecin 43 ans, juif d’origine roumaine , naturalisé français et installé dans les murs de notre ville depuis 1931 . Profitant d’un droit de passage son épouse et ses enfants utilisaient notre cour pour accéder à leur domicile .situé rue Conté . Cette arrestation nous bouleverse et nous inquiète
Le docteur Melun comme de nombreux juifs , maris d’aryennes est interné en aout 43 au bagne d’Aurigny , ile anglo normande occupée par les allemands depuis 1941 ( voir en annexe une note concernant Aurigny) Le but de ce camp employant des internés russes et républicains espagnols consiste à construire des ouvrages de fortifications pour le mur de l’Atlantique En novembre 1943 le docteur Melun sera transféré à Drancy derniere étape avant le grand départ pour Auschwitz
Il décédera dans le train no 63 du 17 decembre partant de Drancy à destination de Auschwitz (infos obtenues au CDJC rue de turenne Paris )
Cette arrestation fait suite à l’ arrestation d’une personne
juive madame Netter habitant rue du
long Boyau ,chemin ombragé perpendiculaire à la route d’Alençon ,juste derriére
la gare
octobre 43 Deux
autres membres de la famille Netter habitant rue du long boyau sont également arrêtés et déportés au camp
de bergen belsen
Camp de prisonniers
en 1941 ,Bergen Belsen mis à la
disposition de l’administration SS (100 km de Hambourg et 75 km de Hanovre) ce camp deviendra un veritable camp mouroir
et les civils allemands ,notables et villageois seront contraints des la
libération des prisonniers en 1945 à la méditation devant ce charnier
Une nouvelle de la BBC A Paris une rafle sauvage orchestrée par la police française rassemble au vel dh’hiv des milliers de juifs hommes femmes et enfants,victimes qui seront par la suite dirigés vers Drancy avant ce connaître la déportation
Les cours continuent au cours complémentaire dans cette ambiance délétére …Mais non
Jean Mazeline
cesse prématurément l’année scolaire alors qu’il enseignait depuis Octobre 1942 dans notre établissement . La raison nous l’ignorons . Cette
disparition précipitée nous étonne On
parle de STO , de maquis ....ce sont des mots nouveaux qui reviennent souvent
dans les conversation des adultes
Chef du BOA de la
Sarthe il forme alors les équipes d’intervention
,s’occupe de l’homologation des terrains , dirige les parachutages de Novembre
1943 à Février 1944 . Le 27 Juillet 1944 ,pris au piége à Saint Michel de la
forêt ,alors qu’il rendait visite à sa
femme la nuit ,pour la naissance du premier bébé , il est emprisonné au chateau des ducs où il subit les
interrogatoires et les tortures de la Gestapo . Emmené dans le bois de Brotz ,il
est fusillé avec quatre autres prisonniers dont Albert Frémiot notre voisin , dont nous ignorions également les activités clandestines
« L’espoir des
ténèbres «
L’avion et la radio ont révolutionné les moyens d’action des belligérants de la
seconde guerre mondiale ,imposant des changements fondamentaux à la nature ,au
déroulement et aux formes de la lutte
.On peut dire que la BBC réglait l’ existence de la
plupart des français tout au moins pour ceux qui accordaient la plus grande
confiance aux alliés en écoutant les nouvelles transmises par Robert
Schuman , Jean Marin , Pierre Jourdan .On commençait à
ressentir une sorte de tressaillement aux premiers succés alliés qui
commençaient à se dessiner
En résumé l’exaspération et la rancune des hommes plaçés
sous le joug germanique se faisaient de moins en moins silencieuses
Pour ce qui est de la lutte clandestine une évidence
s’impose : ces conquêtes techniques ont constitué des atouts aux effets
incalculables . Qu ‘aurait été en effet la résistance si les combattants de
l’ombre n’avaient eu aussi pour eux l’azur et le ciel ? Sans la voie des airs
sans la possibilité offerte de la sorte à la France libre et aux alliés de pénétrer au coeur
du territoire occupé par l’ennemi ,en se
jouant de la mer ,des frontiéres et des fortifications ,comment les groupes de
résistants auraient ils pu communiquer , recevoir des armes , accueillir ou
envoyer des agents ? Et sans la télégraphie sans fil ,sans les émissions des radios clandestins
éparpillés à travers la France ,sans les écoutes de Londres ,sans les
messages personnels de la BBC
,comment auraient pu s’effectuer les liaisons , se transmettre les instructions
, s’échanger les renseignements ?
«
Ce fut .....une guerre de la nuit faite d’organisation perséverante et
de travail ingrat , de résolution méthodique et de mauvaises surprises , de
complicités multiples et d’ingéniosité
constante ,de coups de chances et
d’avatars imprévus , d’héroisme et de trahison , de succés et de défaillances
jusqu’à ce que ,aprés bien des
sacrifices ,sonne enfin l’heure de la libération »
François Bédarida (institut d’histoire du temps présent)
On peut citer quelques parachutages qui se sont très mal terminés dans notre région, au Merlerault où plusieurs membres du comité de réception furent arrêtes et déportés
A Larré alors que nous co habitions dans la mairie de Bursard un avion
anglo canadien du SOE s’écrasait à » la chouannerie « touché par la DCA locale alors que les
allemands certainement prévenus avaient modifié les emplacements des feux de
balisage
Un parachutage au haras des Rouges Terres permettaient à deux agents secrets de transmettre leurs messages à partir d’un refuge provisoire chez Cercueil 30 rue saint martin à Sées ( voir témoignage Cercueil en annexe )
Que se passe t il la nuit dans notre région sagienne ?
Ces avions qui nous survolaient ….Le Halifax quadrimoteur anglais spécialement adapté pour le largage de containers d’armes ,munitions, médicaments ‘ destinés aux resistants groupés en « comités de réceptions « et entrainés pour la récupération de ces elements tombés du ciel et qui seront utilisés dés l’annonce du débarquement
L e danger présent au ciel et sur terre Les avions du SOE sillonneront les territoires occupés affrontant la chasse allemande toujours aux aguets et les batteries de DCA à l’affût de toute cible dérectée la nuit
Plusieurs H alifax seront
ainsi abattus dans notre département Larré , Ecorcey, L ‘aigle etc…
Des avions , toujours des avions …..
Mon attention avait été attirée par le bruit des avions la nuit , un bourdonnement lancinant qui pouvait se prolonger très tard …peut être même jusqu’à l’aube
J’étais toutefois dans l’impossibilité d’ identifier ces avions mystérieux Mon frere et moi emettions chaque soir multiples hypotheses Avions anglais ?allemands ?
Un soir de clair de lune
toutefois je vis un lourd bombardier passant à basse altitude tous feux
éteints au dessus de la ville …surprise totale ! quel était donc cet avion
bravant la chasse allemande ?
J’ ai
compris tardivement , quelques
mois après la liberation la
signification de ces vols de nuit mystérieux .Le parachutage d’armes et
de munitions indispensables à la
resistance ornaise …. Telle était leur mission en plein territoire occupé … au
nez et a la barbe des DCA germaniques et
bien sûr des chasseurs de nuit de la Luftwaffe toujours aux aguets ..
Qui devions admirer le plus en
ces nuits de pleine lune ..le sang
froid de ces équipages de la RAF
ou la détermination des comités de
récéption composés d’hommes au courage énorme ,
conscients du danger mais prés
à se sacrifier pour la cause de la résistance
Edouard Paysant était leur chef , un homme que je suis fier
d’avoir connu .Sa silhouette d’homme tranquille ,présente aux abords du terrain
des Ormeaux ne pouvait me laisser soupçonner
une telle responsabilité , lourde de dangers , à la merci de
trahisons insoupçonnées ou de bavardages imprudents
Extrait de « Clandestinités »
de Andre M azeline
« l’âme du BOA fut
Edouard Paysant ( pseudo Dominique Tinchebray
)de Sées à qui Robert Aubin confia ce service en mars1943
E Paysant déploya une
activité inlassable .il sacrifia tout à la cause qu’il servait Son dévouement ,
son audace, son allant firent l’admiration de ceux qui le connurent
Il forçait l’estime et
l’affection par ses qualités d’homme qui égalaient ses vertus de chef
Dans le département il
prospecta et fit homologuer une vingtaine de terrains ,recruta leur chef et
leurs équipes, organisa le service de liaison par radio avec londres par
courrier avec Paris, dirigea les premieres réceptions d’armes et de matériel,
assura le sauvetage et la protection d’aviateurs alliés abattus , le camouflage
des réfractaires Toutes les formes de
résistance l’intéressaient , il ne s’accordait aucun loisir ,aucun répit
,Sa simca bien connue des initiés sillonnait en tous sens le département
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Les
Resistants de l’Orne qui l’ont connu et
apprécié aux heures difficiles gardent dans leur cœur le deuil de Paysant »
j’apprendrai après la
libération la création de plusieurs terrains de parachutage baptises de noms codés identifiant les sites de Montmerrei ,Macé ,
Haras des Rouges Terres ,Tanville ; Radon etc…Un comité de reception
composé de resistants déterminés et courageux , récupérait sous la direction et
le contrôle de Edouard Paysant les containers largués par parachutes sur les
terrains identifiés par un code et après emission et reception de messages
generalement diffusés par la BBC
après les informations de 19 heures ( Voir à ce sujet en annexe les
parachutages dans la region sagienne par Roger Cornevin fonds archives
départementales no )
Carte postale adressée par un sagien en 1942
« Il y a toutes sortes de petits détails qui ne me
plaisent pas et qui ne font pas des vacances parfaites …
C’est plein de Fridolins qui
chantent toute la journée et plein de colonies qui chantent aussi Tout cela n’est pas très calme
"Je pense que tu as bien
dormi cette nuit , je n’ai pas entendu d’avions et toi ! je voulais aller à la messe du
Chapitre mais on a servi le petit déjeuner trop tard »
Ce sagien dit ce qu’il pense …mais de nombreux
français ont été internés ou déportés pour des motifs plus futiles les allemands
refusant toute marque d’irrespect à leur
égard défaut de salut le mot " boche" etc …On note
également que le bruit lancinant des avions la nuit faisait partie de la vie courante
Note (
les réseaux actions de la
France combattante ) Les terrains étaient
soigneusement préparés avant de demander
une opération aérienne qu’ elle soit de parachutage ou d’atterrissage il fallait
d’abord rechercher l’endroit où elle pourrait être effectuée avec le maximum de
chances de réussite et la meilleure sécurité possible les normes exigées de ce que l’on appelait «
le terrain » variaient selon le genre d’opération auquel il était destiné C’était
en fait le travail du BOA dont le chef incontesté pour le département était
Edouard Paysant
La recherche
de terrains était confiée en principe aux responsables départementaux les emplacements possibles lui étaient
signalés la plupart du temps par des unités de résistance
Il était
toujoursd préférable de trouver une grande étendue, les alentours devaient être
assez dégagés pour faciliter la recherche des containers ou paquets parfois
dispersés sur une grande distance ce que ne favorisait pas une forêt attenante
Pas d’arbustes
trop hauts qui pourraient cacher les lumieres du balisage
En effet un bombardier
quadrimoteur qui rôde au dessus de la
campagne pour rechercher le terrain repasse plusieurs fois au même endroit
,descend à 150 métres pôur lâcher ses parachutes , remet ses moteurs à plein
régime pour reprendre de l’altitude et cela fait beaucoup de bruit dans le
silence de la nuit …..
Terrain balisé vu d'une
altitude de 500 métres
Je joins ci dessous quelques
témoignages des acteurs présents sur les lieux et incluant un commando de
patriotes courageux J’ai respecté
la chronologie que j’ai pu lire ou
recueillir pour l’intégrer dans ce journal En tout cas ces témoignages démontrent
que l’activité de la résistance en relation avec cette vie aérienne était très sensible
dans notre région particulierement pendant cette période de pleine lune
Le terrain Lapin
Prenons pour exemple l’utilisation du terrain Lapin situé au vieux Montmerrei
Les messages codés diffusés par la BBC annonçaient généralement une
operation de largage sur ce terrain Proposé par Edouard
Paysant et homologué par la RAF ,situé
à 1km au nord ouest de Mortrée il
pouvait être identifié à partir des coordonnées précises suivantes à
l’aide de la carte Michelin no 60
0.7
mm E 0250 35
mm N 5400
Quelques
exemples de messages codés recueillis
par les resistants
« Chaque tiroir a sa clé «
« Noémie
a un bouquet de violettes «
« Elle
a cueilli de pleins paniers de fraises «
« Nous
aimons le civet «
Poste emetteur transportable
pour la communication entre comité de réception au sol et l'avion
Les membres du comité de réception se donnaient
generalement rendez vous prés de l’église
.de Montmerrei Les communications
avec la BBC de
Londres étaient assurées par Mr Riviére
habitant Belfonds
Mr Cosnard
cultivateur et habitant Saint Clair apporte le
témoignage suivant extrait de « Histoire d’une ville
Argentan »
Nuit du 10 au 11 Juin 1943 veille de la pentecôte ( correspondant à la lunaison et à la pleine
lune du 18 Juin )
Message convenu et émis
par la BBC :
« Claude a un joli chapeau «
Le parachutage est réussi et 10 containers dont 4 de matériel médical sont récupérés par le comité de réception
e Chef de terrain est Victor Chevreuil maire de Mortrée .(Trois
semaines plus tard Victor Chevreuil hébergera pendant trois semaines six
rescapés du crash de la forteresse
volante
Mouton agriculteur prés de Sées et le groupe du
« Sanglier « de Tanville sont venus renforcés l’équipe de
réception
« C’était
Despierres , boulanger à Sées place des
halles qui m’avait proposé de rentrer dans la résistance .Il me mit en
contact avec Edouard Paysant . Celui çi
m’avait demandé de trouver des hommes
sûrs . J’ai contacté Martin ,de Saint
Hilaire la Gérard
, Lemeunier docteur à Mortrée . Faisaient aussi partie du groupe Rallu marchand
de porc qui était allé à l’école avec Paysant et Tancray un cousin ,Louvel et Riviere
NP Martin et Tancray cacheront dans une
remise en Juillet et Août 1944 le pilote
d’un lightning de l’ USAAF abattu le 6
Juillet prés de Montmerrei . J’ai pu retrouver les traces de cet américain Jim en 1998
sans pouvoir malheureusemnt établir un contact suivi
Suite à cette même
affaire J; Cosnard et son épouse seront
déportés les 3 et 20 Juillet 1943
mais reviendront de déportation
: « Paysant m’avait dit que si j’entendais le
message personnel « Claude a un joli chapeau « c’était un
parachutage pour nous ,Sa fille Françoise est d’ailleurs venue me le confirmer
pour que je prévienne Martin . Le
rendez vous était convenu à la chapelle du vieux Montmerrei avec Lemoine et
nous avons retrouvé Chevreuil sur le terrain , les Tessier alias « Le sanglier « et ses fils
« les marcassins « y étaient aussi
Ballavoine de
Saint Christophe le Jajolet était avec sa voiture à cheval pour le transport
des containers et des colis .C’était huit jours avant la pentecôte
Pour camoufler les dégâts causés aux cultures par nos
allées et venues nous avons ouvert les barriéres aux bestiaux dont les les
traces ont effaçé les nôtres
Les parachutes ont dû être jetés dans l’étang de Vrigny
aprés avoir été lestés ( Etang de Vrigny situé à 12
km au nord ouest de Sées
,2 km
ouest de Montmerrei )
Les containers sont restés à Belfonds huit jours à la ferme et j’ai reçu l’ordre de
les conduire chez Septier ,
menuisier à la
Ferriére Béchet puis ensuite à Tanville ce qui ne m’avait pas
été indiqué d’ailleurs...
Le samedi suivant
,veille de la
Pentecôte le message émis par la BBC « Nous mangeons de la salade à l’orange
« annonçait un parachutage à Saint Léonard des Parcs
Annie Rospabée
apporte le témoignage suivant ,concernant le parachutage de la nuit du 10 au 11
Juin 1943 sur le terrain Lapin ( Source « L’épreuve « de Annie Guehenno ex Annie Rospabée )
« C’est à Sées
chez Edouard Paysant que j’ai rempli ma premiére mission quelques jours
aprés mon engagement au BOA c’est à dire au début de Juin 1943
Par une porte entrouverte j’aperçus des paillasses
alignées les unes contre les autres dans une piéce où l’on avait reculé les
meubles contre le mur . Edouard Paysant
alias Dominique Tinchebray m’expliqua qu’un parachutage avait eu lieu la nuit
même ,vers une heure du matin ; Ses hommes et lui étaient rentrés à l’aube et
venaient seulement de se lever . Ce devait être l’une de leurs premiéres
opérations
Sées ....Vieil évêché , ses rues étroites aux riches
maisons enserraient une magnifique cathédrale portant comme des pansements les
sacs de sable dont on protégeait les églises et les monuments en ce temps
là .Tout était gris austére et noble
...
L’aprés midi Dominique
me remit la liste des armes parachutées avec deux ou trois colts ...
Le malheur arriva trés peu de temps aprés....
Ci joint en annexe un article de Brigitte Friang secrétaire de Clouet des Perruches( délégué
régional de la région Ouest ) et qui
participait à l’opération avec l’équipe de Mortrée
Témoignage résumé
de Brigitte Friang . Extrait de
« Regarde toi qui meurs « terrain Lapin
Clouet , et le pére Terrier entrepreneur à Alençon et deux autres
passagers dont Andre Gros ( alias Minet )étions
entassés dans la « traction avant « conduite par un
« blondinet « de 20 ans
. . Nous étions sur place depuis
onze heures du soir . La phrase code était passée deux fois sur la BBC .Nous percevons le bruit
d’un avion dans le lointain ,...les lumiéres du balisage étaient allumées . C’était un L formé de 3
lampes torche ...
Aprés plusieurs heures d’une attente vaine..... ,la voiture
prit le chemin du retour et roulait lumiéres éteintes en raison du
couvre feu .
"Le S phone était dans le coffre ,et sans permis spécial il était périlleux de
circuler à cette heure trop matinale
Au loin des lumiéres s’agitent dans le brouillard ... .Celles de sentinelles allemandes Nous roulons trés vite ... Clouet
s’ést réveillé et décide de forcer le
barrage .. Des coups de feu claquent ....la voiture tangue ...
Enfin un chemin de traverse salvateur nous permet in
extremis d’éviter le barrage
NP Brigitte Friang
secrétaire de Clouet des Perruches sera
arrêtée en Mai 1944 et déportée
à Ravensbruck
Nous avions attendu le lever du jour . Nous étions glacés
. Mornes , aussi . L’opération avait raté . Au reste les équipes de réception
craignaient ma présence comme la peste . Il me suffisait d’apparaitre à un
parachutage et l’opération échouait . En place sur le terrain Lapin depuis onze
heures du soir nous avions attendu l’avion anglais qui devait nous parachuter
des armes . La phrase de code était passée deux fois à la BBC . Les opérations
s’effectuaient en période de lune dont la clarté était indispensable pour le
repérage des terrains par les avions et des containers par les receveurs .
Aussi notre planning s’organisait il en lunes et nous appelions nous les gens
de la lune ,trés contents de notre jeu de mots
Vers une heure du matin dans le ciel gris de lune nous
avions repéré un lointain bruit de moteurs d’avion . L’appareil semblait
chercher . Nous avions allumé le balisage . C’était un L formé de trois lampes
torches . La lettre indiquait le sens du largage en fonction du vent et de la
foerme du terrain . Dans le le micro du S.phone Jean François ( Clouet des Perruches ) s’était employé à attirer
l’avion dans le faisceau de son appareil « Here Here France calling ...france calling
. » Nous étions sortis du couvert des arbres . La haute silhouette de
Clouet se découpait dans le ciel . Cette voix qui eut pu être britannique tant
l’accent était parfait résonnait étrangement dans le silence de la nuit
normande ,l’immobilité des hommes et des choses que soilignait le bourdonnement
vague de l’avion . Néammoins tout autour du terrain on eut pu entendre les
coeurs battre .
Battre d’émotion d’espoir . Venu d’Angleterre pour larguer
ses passagers et ses cylindres métalliques de matériel .....l’avion symbolisait
la réussite d’éfforts de centaines d’hommes et de femmes qui risquaient toutes
les minutes leur vie pour cela ...des parachutes se balançant dans le clair de
lune ."
30 Juin 1943 retour à mon journal
je ne me doutais pas un seul instant que de tels évenements mettant en jeu la vie de patriotes se déroulaient aux portes de notre petite ville
Notre lieu de rencontre aprés
la classe c’est le chantier derriére le palais episcopal . Je n’ai jamais pu
chasser de ma mémoire,le visage furibond
de la sentinelle du séminaire ,qui plantée et à demi assoupie dans sa
guérite peinte aux couleurs du Grand Reich
,allait être notre objectif
préféré ...Un beau jour ,un morceau de plâtre capricieux voltigea
sur son casque ....Le feldwebel de service réunissant plusieurs de ses
congénéres ; organisa instantanément une riposte et à notre grande surprise
en nous retournant. nous découvrons
plusieurs soldats allemands en train de fondre sur notre petit groupe L’ami F….. ( instituteur en
herbe ) pris par surprise se »
ramassa « une magistrale paire de
claques ce qui dans le contexte présent
...était presque un cadeau !Le
reste de notre groupe réussit à
s’esquiver…mais nous avions retenu la
leçon …
Virés ,avec perte
et fracas de notre cabane de chantier ,dissimulée dans les broussailles nous
sommes alors dans l’obligation
d’élire domicile ,cour du Chapitre dans les cageots de Bujosa
pas loin des jardins communaux ,.
Monsieur l’officier
commandant la
Ortskommandantur siégeant à l’hotel de ville ,place du Parquet en profita
pour nous menacer et nous
rappeler sévérement par
l’intermédiaire du maire et de notre glorieux garde champêtre ,que personne ne
devait franchir les murs armés du
Séminaire et de la
Miséricorde . A l’appel « Halt Wer Da « on
devait immédiatement s’arrêter sous
peine de s’exposer à un coup de feu …..
Mes deux copains d’aventures … C V fils d’émigrés italiens et dont les
parents sont arrivés en France vers 1925 ,P G fils d’émigrés espagnols
arrivés en France en 1939 lors de l’extension de la guerre civile et venant de
Madrid . leur périple se terminera à
Gers ( Orne )et enfin à Sées en 1943
Aidee par une
association internationale la famille
G émigrera au Mexique et au Venezuela en avril 1947.Pio travaillera comme chef des
ventes rayon vêtements pour la grosse
societe de distribution americaine
« Sears Roebuck » ( siege social à Chicago où j’ai failli le rencontrer à Chicago par
une température de février ne dépassant pas
moins 20 degrés )
;Manuel exercera
l’activité d’architecte d’état à Caracas
, Rosario réalisera de brillantes études à l’université de Bekerley Californie , obtiendra plusieurs diplomes
relatifs aux problemes de communication , enseignera , et dirigera la bibliothèque Simon Bolivar. Elle décédera en
aout 2001
Jean et Shanti Munagorri habitant rue d’Ecouves resteront en France et obtiendront des
diplômes de grandes écoles doctorat en
electronique et travaux publics
Le café du commerce rue Billy
Le café du commerce rue
Billy c’est le fief de quelques
habitués … qui pensent , qui disent et
qui font ce qu’ils veulent .En
bon troquet républicain ils ne lésinent pas sur les opinions démocratiques A chacun sa rasade et que chacun en
profite ! Ils ont des idées sur tout…
la façon de faire la guerre mais aussi.. la façon de la terminer
Un groupe d’allemands a pris l’habitude de s’attabler à
côté de ces consommateurs zélés , pour
y entamer de nombreuses parties de
cartes ….attention au couvre feu…..Le soir dés la tombée de la nuit alors
que les esprits s’apaisent… nos
consommateurs éclairés ingurgitent quelques verres pour se donner une contenance et justifier
leur silence …
On dit volontiers que le
pastis servi pouvait assommer une escouade de légionnaires …..
Dans son profond sommeil ,sur
le chemin du retour ,Mr …X de Chailloué
n’a pas de souci à se faire , il sait toujours où trouver le bistrot où l’on
sert impunément , même les jours sans
alcool …le fameux pastis Sa carriole
conduite par un cheval docile et bien élevé …le ramènera à bon port et avant le
couvre feu
L’aiguille du poste de TSF
est souvent calée sur l’emetteur
de la BBC .Encore
faut il être très prudent et la déplacer par sécurité Le brouillage
allemand nous laisse toutefois
percevoir la nouvelle de la progression
des troupes russes sur le front de l’Est
« Les
allemands sont rejetés sur la
Volga ,enfermés dans leur fatale conquête …les rues de
Stalingrad sont le théâtre de . veritables combat de rues
Hitler interdit toute capitulation
La bataille de
Stalingrad n’est plus depuis longtemps que la liquidation du passé Dix divisions de la Wehrmacht sont déjà
englouties dans une guerre sans issue Le terrible hiver russe anéantit une partie des ambitions du
furher . Les soldats sont englués dans une boue persistante qui suit
le long hiver Les actualités du Rex insistent sur la difficile progression des chars et des convois de munitions du
reich .
La bordée de sifflets
des spectateurs ne laisse aucun doute sur l’opinion des spectateurs
Comme on le sait …notre rendez vous du dimanche c’est
la salle du cinéma Rex place Voltaire…
Au
passage des actualités annonçées par une musique guerriere , quelques sifflets
joyeux jaillissent des premiers rangs
.. .Devant cette situation de protestation
. Monsieur Arnaud le
contrôleur de billets intervient une
fois encore pour imposer le silence …
La BBC fait
partie de la vie quotidienne …elle
vante le courage sans failles des soldat de l’armée rouge parfaitement adaptés à cet hiver diabolique alors que
l’intendance allemande s’avère
inefficace devant la rigueur des
conditions climatiques
Les soldats alsaciens engagés de force dans la werhmacht expriment la
crainte des soldats allemands stationnés
dans notre ville de partir pour le front russe
.Nous nous montrons méfiants vis à vis d’eux …
Nous
résistons à notre manière on écoute
donc radio Londres où s’exprime une dissidence dirigée par un général , on change de trottoir à la vue d’un soldat
ennemi et entre nous les surnoms foisonnent ….
schleus , fritz , teutons , fridolins , frisés , vert de gris ,
doryphores Les allemands comprennent le mot boche paraît il survivance de 14 18
Ces voix d’outre manche nous font rêver . Comment passer
en Angleterre ? j’entends souvent
parler des pêcheurs bretons de
l’ile de Batz qui se chargent des volontaires tentés par la traversée à leurs
risques et périls
Le ronronnement des avions apporte une note d’espoir et
les coups de sifflets stridents des patrouilles nous rappellent à l’ordre si un
rai de lumière parvient à percer malgré la présence des rideaux noirs Les rues rétrécies par les ténèbres
ressemblent aux ruelles d’un village médiéval ; ;
Des mouchards opèrent dans tous les lieux publics et le
maire proteste contre les dénonciations
qui affluent pour des motifs futiles
La bataille de Stalingrad représente sans doute le
tournant principal de la 2 eme guerre mondiale en même temps que l’un des plus
grands drames humains qu’ait jamais engendré un conflit
La radio vivait
alors ses grandes heures…Elle permit à tout français homme ,femme ou enfant d’avoir une connaissance
rapide presque immédiate des événements mondiaux mais aussi d’intérêt vital
pour la vie de tous les français
Au milieu de tant de
désastres d’échecs et de mortels silences ces années deviendront les grandes années de la radio
« Deux aviateurs alliés …un Irlandais et un gallois
prénommes familiérement « Paddy
« et « Jordy
« sont hébergés dans le plus grand
secret dans la chambre d’amis des parents Hayton au haras de bois Roussel L’exces de discrétion attire toujours la
curiosité Vêtus de vêtements civils mal
ajustés , fournis par le curé du village voisin , ils vivront ainsi cloîtrés , pendant une semaine avant
d’entreprendre un long périple vers l’Espagne
Lors de la présence de ces
deux aviateurs dans les lieux
,une lettre de dénonciation pour détention d’armes mettant
en cause le régisseur du haras
parvient à la kommandanture . Six voitures allemandes surgissent dans la
cour du haras dans le but de rechercher
les armes cachées .Frayeur de la famille Hayton….
Les allemands après avoir exhibé la lettre de dénonciation
demandent à fouiller les boxes . et différents locaux .Recherches vaines qui
auront pour conséquences de créer un
climat de crainte et de suspicion dans la mesure où plusieurs employés de
nationalité britannique vivaient au haras aprés avoit été internés à Drancy
pendant prés d’une année .
Une employée secrétaire interpréte , travaillant à la kommandanture et surnommée « la
belle Alice » appartenait à cette équipe « .
Notre fenêtre donnant sur la place est un poste d’observation stratégique …des la tombée de la nuit les escadrilles de bombardiers se dirigent vers le sud semble t il les usines du centre de la France et d’après la BBC les installations industrielles du nord de l’Italie
Sportif convaincu
je ne puis faire autre chose que de fréquenter assidument le stade des
Ormeaux ....
Ce stade , vaste
champ à la pente très prononçée est situé prés de la voie ferrée et du passage
à niveau U ne maison vétuste en bois
sert de vestiaire pour les joueurs N
os occupants de 43 à 44 l’utiliseront
pour leur propre entrainement
Il sera
transformé par la suite en jardins ouvriers
Les SS ont abandonné quelques photos dans le vestiaire …
Je me fais un devoir de les récupérer
( suite Edouard Paysant
entrepreneur seconde André Queru . restaurateur grande
rue ,avec la volonté profonde de s’opposer à l’Espérance de Sées ,le club
rival
Andre Queru avait un certain plaisir à réunir le soir les
amis Aussi mon pere lorsque son emploi du temps le permettait descendait grande
rue avec Marcel Aymé clerc de notaire pour une partie de
cartes se terminant à des heures
avançées de la nuit . Chacun en raison de la température et du rationnement du
bois de chauffage devait apporter sa propre bûche pour les besoins du
poele Le probleme c’était le retour au
domicile après l’heure du couvre feu .. pieds nus pour ne pas attirer
l’attention de la patrouille
Voilà un mois Edouard Paysant nous faisait mesurer , chaine d’arpenteur à l’appui les dimensions de notre
future piscine en lieu et place du terrain de baskett ,juste à l’entrée du stade des Ormeaux . Des
images ...des eaux bleues ...,deux plongeoirs ...le rêve .
Oubliés les eaux glaciales de l’Orne couvertes de roseaux
et le moulin d’Escures et sa vieille
roue à aubes ...
Notre piscine … c’était un peu comme l’arlésienne ..on en parlait chaque année mais on ne la
voyait jamais arriver …
Sans vouloir insister lourdement sur la variété des
plaisirs de vacances offerts aux jeunes sagiens notons, que mis à part le
cinéma Rex les samedis et dimanches , les matches de football interminables contre les espagnols qui souvent se
terminaient au coucher du soleil faute de combattants ….. ,notre emploi du temps manquait de variété
Après le chant du coq ,Aux actualités nous pouvons suivre
quelques séquences sur notre Notre champion
Marcel Cerdan .. Baignade en
eaux troubles …..
Par grand soleil on distingue sur le fond sablonneux , l’image floue des wagonnets figée dans les
eaux troubles de l’étang pour l’éternité
.C’est notre lieu de rendez vous pour
nous jeunes français et espagnols .. avides de détente et de liberté
Comment les allemands en quête d’un point d’eau ont ils pu
nous repérer dans ce coin de campagne
perdu ,à quelques centaines de metres de
la route de Carrouges ?
Bientôt ils se mêlent à notre groupe et s’exercent à la
délicate pêche à la grenade . Une
amazone ,…sagienne bien connue en quête d’aventure s’étend avec langueur sous
les pommiers … .
Nos camarades espagnols sont largement représentés dans
notre groupe .L’étang sauvager est devenu notre lieu de rassemblement , , les
Munagorri ( jean ,shanti , josé , antonio ), Pio Gassol ,Perret Cazals , josé
Molina , Luis Guinard ,Fernando …,Calistro …etc.. ..
Mais pourquoi ces photos personnelles ont elles été supprimées Ou réclamer ,?
Etang sauvager,ancienne carriére route de Carrouges
1
Les allemands nous ont rejoint
rencontres franco espagnoles
On nous parle de hand ball
Un entraineur du stade français Falabrégue nous enseigne les premiers rudiments du hand ball
Notre équipe franco espagnole
s’est sérieusememnt développée
De nombreux espagnols sont en
effet employés aux carriéres de
Chailloué sous la direction de Orst
Lentz officier allemand appartenant à
l’organisation Todt
Les equipes allemandes s’affrontent sur le terrain des
Ormeaux quelle que soit la rigueur de l’hiver . Pluie , boue , terrain difficilement praticable ne
semblent pas les rebuter
Conté nous quitte
Nul ne semble s’en émouvoir ..
La statue de notre grand personnage Conté
a été déracinée de son socle de granit .
Balise contre
l’oubli et amputé de son héros ,le monument
se dresse devant notre fenêtre ,derriere les grilles de bronze qui ne
protégent plus rien .
La vie paraît avoir tourné le dos à cette esplanade
vieille d’un siécle encombrée de défilés d’antan et de manifestations qui
saluaient en sa présence les grands événements militaires et religieux et leur
souvenir finira peut être par se perdre …
Durant des semaines un bouquet de fleurs solitaire oublié
a ses pieds lui rendra un dernier
hommage
J’ai pu une dernière fois , à la gare ,dans un amas de ferraille de
récupération ,avec mes amis espagnols jean
et josé M admirer une fois encore la silhouette massive de notre génie national
,compagnon de route de l’empereur lors de la campagne d’Egypte . Surprise ...la
noble tête a été séparée du tronc
....par des patriotes disent les gens bien avertis .
En fonction des événements d’Afrique du nord nous nous
inquiétons de la situation de nos cousins habitant Sousse en Tunisie En effet l’armée allemande résiste à la
perçée de Montgommery
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire