samedi 12 janvier 2019

Images sagiennes d occupation




Ce n'est qu'un simple journal personnel.
 
Après avoir parcouru quelques continents,  je me suis résolu à évoquer avec mélancolie quelques images de mes années sagiennes et particulièrement celles relatives à la période de l'occupation.

A 90 ans suis-je encore capable de me souvenir et d évoquer  ma vie sagienne!! je crois que oui!
La place du parquet était un domaine très actif en perpétuelle évolution. Je me souviens d'ailleurs avec une certaine nostalgie les noms des commerçants qui bordaient cette grande place aux activités variées: Frémiot, coiffeur (et transporteur  dont la maison sera frappée d'alignement dans les années cinquante), ensuite une vieille dame ex passementière, notre magasin de coiffure, Bocquel: boulanger,  Guédé: quincaillier, Ipcar: radio-électricien, Jouy: épicier, une ancienne école et la rue Billy  avec à son entrée, face opposée: Bujosa marchand de primeurs espagnol émigré. Sa remise cour du chapitre nous servait de champ de bataille au milieu des cageots vides qui nous servaient de remparts 

Plus loin toujours sur la place, le café Ferté et son activité coutumière qui venait de connaitre un mois auparavant  les troupes   des "grandes manœuvres "   françaises    anglaises,   écossaise, et bien sûr subira à partir de juin 40  l'autorité de l 'armée allemande 

 Autorité controlée   par des patrouilles de choc formées à la discipline germanique

Un engin bizarre dans le ciel... ,C est un autogire disent les connaisseurs  bien informés Engin d observation disent les autres !ce qui n a pas empêché le bombardement de notre ville par les bombardiers allemands de la Luftwaffe voilà ne semaine  
Quelque jours auparavant nous avions vu l une de ces escadrilles passer derrière la cathédrale indifférente à toute menace pouvant provenir de notre aviation 


Les autres noms ne sont plus dans ma mémoire sauf bien sûr ceux de la rue Billy.....ce  spectacle des allemands descendant cette rue sur ses pavés glissants et faisant  des miracles pour conserver un équilibre,qui devenait en fait la risée des sagiens 


Au moins on avait une occasion de rire mais trés discrétement





Pris dema fenêtre
il est évident que je ne puis oublier le salon de coiffure de mon pére toujours en plein mouvement  quelle que soit la période de l'année et dont j essaie de rappeler l activité permanente  

Les allemands arrivent dans notre petite ville alors que nous étions réfugiés aprés le bombardement dans un lieu supposé tranquille ;;;le haras  de Bois Roussel 












18 et 19 juin 1940 .Haras de Bois Roussel Nuit d'angoisse et d'insomnie .( Témoignage personnel )

Cinq heures , le soleil n'est pas encore levé , une légére brume flotte sur le haras …des bruits de motos petaradantes sous nos fenêtres ,…

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Les silhouettes impressionnantes de plusieurs motards allemands se dessinent sur le pas de la porte .
Résultat d’images pour PINTEREST LEVER DU SOLEILCasqués , imperméables gris , couverts de poussiére ,ces nouveaux arrivants ressemblent à des guerriers d'un autre age . Frappant brutalement à la porte de notre habitation , ils demandent à visiter les lieux .Devant leur insistance William Hayton hésitant ,se décide à entrouvrir la porte d’entrée
 Découvrant le piano du salon ,l'un des motards exténué ,s'installe délibérément sur le tabouret et rythme des airs guerriers ,repris en choeur par ceux qui l'accompagnent
Etrange chorale inquietante et rassurante à la fois ….Nous descendons prudemment de notre chambre du premier étage …
Les jours suivants plusieurs compagnies de la Wehrmacht bivouaquent dans la cour du haras ,juste devant les bureaux . alors que les officiers soudainement intéressés par les pur sangs demandent à visiter les boxes et s’emparent de quelques montures
Ils sont particulirement interessés par l’étalon « Casterari » gagnant du grand prix de Berlin en 1935 Cheval très susceptible qui a déjà crée quelques problemes à ses palefrenier , exemple une brutale ruade sur le crâne de jimmy Hayton , marqué pour la vie
Une nouvelle ruade inattendue et notre fier officier se retrouve au milieu du bassin le nez dans les nénuphars …Son arrogance est restée au vestiaire et nous …on se marre discrétement …malgré la tournure des événements
Ce qui me frappe c'est le comportement délibérément insouciant de ces guerriers entrainés sur le sentier de la guerre
Accrochés au poste de TSF local ,réfugiés belges et Français rassemblés dans la cour du haras écoutent le discours pathétique de notre marechal Pétain ,dernier rempart de cette invasion
Pétain devient alors l’espoir de tout un peuple …

Dés leur arrivée dans notre département la kommandantur s'est royalement installée dans les salons de l'hostellerie du Grand Cerf rue saint Blaise à Alençon

CommentaiHarassés ils dorment à meme le sol  , surveillés par une sentinelle arméeLeur premier souci ....une remise en forme  aprés une campagne tranquille où apparemment ils ne rencontrérent pas d obstacles 

Pas d obstacle majeur susceptible de freiner leur progression Dés le premier jour ils  frappèrent  à notre porte exigeant l ouverture du magasin d ailleurs complètement pillé par des inconnus ,  soldats en fuite ,réfugiés ?
Perdu sur la route de l 'exode un soldat français à la recherche de son épouse enceinte était alors réfugié à notre domicile en attente de nouvelles, 
Il la retrouva à  l hopital de Sées dirigé alors par Madame Rouge

Depuis ce jour d 'une ouverture forcée du magasin les allemands fidèles à leur discipline furent des clients attentifs et ponctuels  , Exigeants en raison de leur  discipline ,controlée d 'ailleurs par des feldgendarmes rigoureux 
ils attendaient tranquillement leur tour profitant de l 'occasion pour sommeiller et  prendre quelque repos 


Quelques soucis avec notre piano...en effet dés les premières notes ils grimpaient au premier étage pour se divertir
 Nous ferons en sorte par la suite de rendre le piano au loueur ,   piano que nous avions eu tant de mal a passer par la cour étroite dans le prolongement de la cour du docteur Melun


L arrivée des allemands dans notre petite ville créa inévitablement un changement dans les habitudes et chacun dut se plier à de nouvelles régles imposées par l occupant 
Couvre feu à 18 heures .. .Impossible de sortir après cette heure Pour nous les jeunes ce fut une contrainte de taille.... la raison.. des fils téléphoniques avaient été coupés par des inconnus 

Pourquoi ce dessin!
interdit de prendre des photos   Mon pére négocia la reprise de mon kodak qui avait été subtilisé par un officier qui conserva  la pellicule et   heureusement  je conservai l appareil 
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Une ordonnance du maire dont je salue en passant le courage et la détermination nous imposa d 'afficher " priorité a la wehrmacht " ce qui fut fait! monsieur G .... Grande rue magasin de pompes funèbres ne se fit  pas prier pour afficher cet avertissement bien en vue sur une pierre tombale .Pas de zéle insista le maire!


La grande affiche collée dans notre entrée n 'était elle pas là pour encourager les français à collaborer avec les activités de nos occupants
Ainsi nous devions apliquer ces nouvelles règles et se plier aux exigences de l occupant 


La place du Parquet fut ensuite  le théâtre de nos Occupants 

Les défilés de troupes partant à l exercice commencèrent et   avec un camarade aujourd'hui disparu nous regardions place du     Friche les soldats de la wehrmacht se rouler dans la boue alors que  les troupes étaient cantonnées dans l 'école religieuse bordant la place  
Chaque jour feldwebel en tête, nos occupants partant à
l exercice montaient en chantant ou descendaient notre grande place ; un cycliste suivait généralement la troupe 
Les chants ..toujours les mêmes   si bien que sans connaitre les paroles nous étions capable de les imiter .....en cachette bien sûr
"Erika " nous étions capables d en retenir le son avec fidélité sans pour cela comprendre les paroles


Ces chants nous les entendrons pendant plus de  quatre longues années et deux mois 

 Mais quelle était la situation ? 
Nous étions occupés bien sûr!mais sans aucune nouvelle internationale..la ..nationale étant  contrôlée par le gouvernement   Mieux valait ne pas y penser 
La BBC 'était notre secours , notre source éternelle d informations ! Quel sort nous était réservé?et Churchill notre guide ...       a tous n allait il pas nous aider ?
Nous pauvres isolés du reste du monde  ...pas de journaux , pas de radio , pas de courrier !et une alimentation plus que limitée...

l atelier de mon ami Achille rue Bauchon 


Enfin je rencontre un copain des grands jours.....mon ami Achille 

l atelier de son grand pére situé face à l école maternelle rue Bauchon a été pulvérisé 
 Mais où est passé  le chien qui était supposé  garder l'atelier  Disparu !
Des gémissements sortent des profondeurs du sous sol , la chaine apparait et au bout de la chaine   le chien  amaigri , affamé  nous saute au cou de joie et de reconnaissance 
Par contre plusieurs bouteilles de cidre bouché nous tendent les bras ,difficile dé résister et la grand mére de mon ami Achille nous trouva un air bizarre à notre retour




Sees bombardee  


Notre distraction favorite c est la relève des sentinelles aux pieds de l escalier Ferté Nous imitons le pas de l oie!
 Remontrance  du garde champétre qui a perdu son tambour ou peut être cet instrument lui était alors interdit Donc prudence ! Tous deux nous partons en quête de quelques nouvelles  
Les premiers espagnols accueillis par le maire Charles Forget arrivés courant décembre 39 rencontrent une nouvelle épreuve 
Plus moyen de s' affronter avec eux  dans des combats sans fin,Tous disparus mais où?La place du Friche c 'était notre lieu de rencontre et d'affrontements 
Malgré tout il n y avait aucune agressivité dans nos combats et josé Molina était L'interpréte accepté par tous et la rencontre se terminait souvent dans la joie et l amitié
 iI est vrai que nous étions tous logés à la même enseigne et eux de leur côté avaient subi d autres infortunes d'une autre dimension lors de la guerre d Espagne  La guerre civile et l 'exil en terre étrangére abandonnant  maison et familles c'est maintenant leur lot !
Sur notre grande place,les souris grises ( personnel administratif de la wehrmacht        ) montent et descendent les escaliers de marbre blanc déjà usés par le temps et nous ignorent totalement 
Plus question d accéder à la bibliothèque de monsieur Guy! bibliothèque qui avait d ailleurs le don de me faire rêver des grands espaces  Voyages et découvertes   je ne l ai jamais oubliée et j ai toujours eu une pensée profonde pour notre savant bibliothécaire lors de ces  moments de rêverie  
l Afrique , les Etats Unis et d autre contrées  sont par la suite entrés dans ma mémoire et mes connaissances du" radeau  de la méduse" perdus aux confins du Sahara sur les berges  de la Mauritanie je les dois aux lectures  dans   cette bibliothéque de province sagienne 
Loin de moi les soucis de l occupation je rèvais déjà de conquérir le monde mais les parents eux n avaient pas les mêmes projets et  les mêmes pensées et je les comprends... 

Prétextant la pénurie ou par précaution pour le futur mon pére m'envoie au jardin route de Rouen  récolter quelques sillons de pommes de terre . Il est vrai que ce n était pas ma distraction favorite mais pénurie oblige !
Résultat de recherche d'images pour "equipement allemand seconde guerre mondiale"
PHOTO GOOGLE 
Fort de cette devise je  descend à tombeau ouvert la place du Parquet .Trop  tard j aperçois une fanfare allemande  alignée devant notre maison et prête à montrer son savoir faire et peut être sa volonté de faire bonne impression, , sentiment inattendu chez nos ennemis de toujours 

Coup de frein brutal.... et mon chargement maL arrimé se répand parmi les bottes bien cirées  de nos occupants 
Hurlement du feldwebel de service!je l'entends encore... eclats de rire dissimulés des joueurs d'instrument !
'inquiétude profonde de mon père guettant mon arrivée!

En conclusion distraction inattendue pour cette compagnie disciplinée et impatiente de démontrer son talent 
Personnellement je n'ai jamais constaté qu une mitrailleuse avait été installée au bas de la mairie 
Certains ont dit que les premiers allemands avaient fracassé la vitrine jouy , c est certainement vrai mais personnellement je n ai rien v u 
Que faire pour nous les jeunes en pareille situation attendre mais quoi , Bien sûr les nouvelles de la BBC émises par notre TSF que nous n osons mettre en service en raison du signe distinctif du son qui la caractérise .... les premieres notes de la symphonie de Beethoven 



  1. Notre salon est déjà investi ...cela dés le premier jour
    Autorisés peut être par la mairie deux feldgrau sac au dos se hissent au premier étage de l home familial et 
    s installent dans l'une de nos trois chambres , calfeutrant leur barda sous le piano
  2. Pas grand chose à dire sinon obtempérer ? En fait ils ne se montrent pas arrogants mais plutôt heureux de trouver une certaine quiétude 

  1. Pour tout déplacement hors d une zone controlée il nous faut un ausweiss et dans le cas présent mon pére bénéficiait d un document ou passe droit pour se rendre a Paris en quête de marchandises nécessaires à l ouverture du magasin .
    Ne sommes nous pas déjà assujettis à la rigueur Germanique et il nous est difficile de l 'esquiver !

Chants allemands que nous entendrons durant 4  années et 2 mois place du Parquet lors du déplacement des compagnies partant a l'exercice  erika        hali halo hala 
Le salon de coiffure est donc ouvert à la soldatesque germanique 

Pendant quatre années et deux mois nous subirons donc chaque jour la soldatesque du grand reich !( enlevons les journées du lundi et les dimanches aprés midi)  salon toujours plein !

On pourrait penser " Quels risques vous avez pris en acceptant cette situation ?"
Effectivement c 'était un risque mais le hasard a voulu que ces quatre années et deux mois se déroulent sans incident!
En soldats disciplinés ces soldats profitaient de cette" aire de repos "et de la liberté qui leur était octroyée 
Une fois par contre , linoleum du salon bien ciré un soldat voulant saluer son officier en attente de son tour tomba lourdement sur le dos Pris de fou rire je disparaissais dans la cuisine ,Regard noir de mon pére embarrassé par cette situation ,Violente réaction de 
l officier touché dans sa fierté germanique devant cette situation dégradante 
Un midi un militaire de la wehrmacht campagnard à coup sûr vint sans crier gare s asseoir le plus naturellement du monde  à notre table et partager notre repas Rien à dire il était tés poli et respectueux 

Nos valeureux gendarmes dont nous ignorions réellement la tâche ingrate jetaient toujours un rapide coup d'oeil  avant de pénétrer dans notre salon juste la place à traverser partant de la gendarmerie située juste derriére la mairie 
Ils voulaient ainsi éviter d avoir à saluer éventuellement des soldats présents de la wehrmacht   et faisaient donc demi  tour
La BBC  c était presque notre raison de subsister dans cette atmosphére de domination écrasante  et notre poste de TSF était malencontreusement situé prés du salon    donc prudence  eviter avant tout de se le faire enlever  l émission de Londres étant bien sûr formellement interdite 
Plus loin toujours sur la place, le café Ferté et son activité coutumière qui venait de connaitre un mois auparavant  les troupes   des "grandes manœuvres "   françaises    anglaises,   écossaise, et b subira à partir de juin 40  l'autorité de l 'armée allemande 
 Autorité controlée   par des patrouilles de choc formées à la discipline germanique
Un militaire alsacien de la wehrmacht vint nous prévenir de la sonorité de notre poste 
Nous étions bien sûr les seuls à savoir que des résistants se mêlaient aux occupants mais à aucun moment la conversation ne divergea vers les problèmes ou conversations qui auraient pu mettre en péril leur sécurité ,
Parlons des mongols c est ainsi qu ils étaient surnommés ils
apparurent début 44 et nous ignorions totalement leur attachement à la violence et au vol 
Etonnement de notre part ils restaient absolument tranquilles sur leur siége  et se faisaient raser le crâne en toute quiétude
Il a fallu cette bagarre aux pieds de la statue de Conté pour nous rappeler que la violence était attachée à leurs habitudes de vie 
L'occupant est correct  extrait " la vie de la France et des français " ll envahisseur de juin 40  a reçu la consigne de se montrer correct avec les populations occupées   pendant les premiers jours de son installation l ordre est scrupuleusement respecté, aucun excés de quelque nature qu il soit n est commis hormis quelques arrestations non maintenues .....quand aux quelques millions de français qui ont pris la route devant l envahisseur ils n aspirent qu a rentrer chez eux 



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