Après avoir parcouru quelques continents, je me suis résolu à évoquer avec mélancolie quelques images de mes années sagiennes et particulièrement celles relatives à la période de l'occupation.
A 90 ans suis-je encore capable de me souvenir et d évoquer ma vie sagienne!! je crois que oui!
La place du parquet était un domaine très actif en perpétuelle évolution. Je me souviens d'ailleurs avec une certaine nostalgie les noms des commerçants qui bordaient cette grande place aux activités variées: Frémiot, coiffeur (et transporteur dont la maison sera frappée d'alignement dans les années cinquante), ensuite une vieille dame ex passementière, notre magasin de coiffure, Bocquel: boulanger, Guédé: quincaillier, Ipcar: radio-électricien, Jouy: épicier, une ancienne école et la rue Billy avec à son entrée, face opposée: Bujosa marchand de primeurs espagnol émigré. Sa remise cour du chapitre nous servait de champ de bataille au milieu des cageots vides qui nous servaient de remparts
Plus loin toujours sur la place, le café Ferté et son activité coutumière qui venait de connaitre un mois auparavant les troupes des "grandes manœuvres " françaises anglaises, écossaise, et bien sûr subira à partir de juin 40 l'autorité de l 'armée allemande
Autorité controlée par des patrouilles de choc formées à la discipline germanique
Un engin bizarre dans le ciel... ,C est un autogire disent les connaisseurs bien informés Engin d observation disent les autres !ce qui n a pas empêché le bombardement de notre ville par les bombardiers allemands de la Luftwaffe voilà ne semaine
Quelque jours auparavant nous avions vu l une de ces escadrilles passer derrière la cathédrale indifférente à toute menace pouvant provenir de notre aviation
Les autres noms ne sont plus dans ma mémoire sauf bien sûr ceux de la rue Billy.....ce spectacle des allemands descendant cette rue sur ses pavés glissants et faisant des miracles pour conserver un équilibre,qui devenait en fait la risée des sagiens
Au moins on avait une occasion de rire mais trés discrétement
Pris dema fenêtre
il est évident que je ne puis oublier le salon de coiffure de mon pére toujours en plein mouvement quelle que soit la période de l'année et dont j essaie de rappeler l activité permanente
Les allemands arrivent dans notre petite ville alors que nous étions réfugiés aprés le bombardement dans un lieu supposé tranquille ;;;le haras de Bois Roussel
Perdu sur la route de l 'exode un soldat français à la recherche de son épouse enceinte était alors réfugié à notre domicile en attente de nouvelles,
Il la retrouva à l hopital de Sées dirigé alors par Madame Rouge
Depuis ce jour d 'une ouverture forcée du magasin les allemands fidèles à leur discipline furent des clients attentifs et ponctuels , Exigeants en raison de leur discipline ,controlée d 'ailleurs par des feldgendarmes rigoureux
ils attendaient tranquillement leur tour profitant de l 'occasion pour sommeiller et prendre quelque repos
Quelques soucis avec notre piano...en effet dés les premières notes ils grimpaient au premier étage pour se divertir
Nous ferons en sorte par la suite de rendre le piano au loueur , piano que nous avions eu tant de mal a passer par la cour étroite dans le prolongement de la cour du docteur Melun
L arrivée des allemands dans notre petite ville créa inévitablement un changement dans les habitudes et chacun dut se plier à de nouvelles régles imposées par l occupant
Couvre feu à 18 heures .. .Impossible de sortir après cette heure Pour nous les jeunes ce fut une contrainte de taille.... la raison.. des fils téléphoniques avaient été coupés par des inconnus
Pourquoi ce dessin!
interdit de prendre des photos Mon pére négocia la reprise de mon kodak qui avait été subtilisé par un officier qui conserva la pellicule et heureusement je conservai l appareil
Une ordonnance du maire dont je salue en passant le courage et la détermination nous imposa d 'afficher " priorité a la wehrmacht " ce qui fut fait! monsieur G .... Grande rue magasin de pompes funèbres ne se fit pas prier pour afficher cet avertissement bien en vue sur une pierre tombale .Pas de zéle insista le maire!
La grande affiche collée dans notre entrée n 'était elle pas là pour encourager les français à collaborer avec les activités de nos occupants
Ainsi nous devions apliquer ces nouvelles règles et se plier aux exigences de l occupant
La place du Parquet fut ensuite le théâtre de nos Occupants
Les défilés de troupes partant à l exercice commencèrent et avec un camarade aujourd'hui disparu nous regardions place du Friche les soldats de la wehrmacht se rouler dans la boue alors que les troupes étaient cantonnées dans l 'école religieuse bordant la place
Chaque jour feldwebel en tête, nos occupants partant à
l exercice montaient en chantant ou descendaient notre grande place ; un cycliste suivait généralement la troupe
Les chants ..toujours les mêmes si bien que sans connaitre les paroles nous étions capable de les imiter .....en cachette bien sûr
"Erika " nous étions capables d en retenir le son avec fidélité sans pour cela comprendre les paroles
Ces chants nous les entendrons pendant plus de quatre longues années et deux mois
Mais quelle était la situation ?
Nous étions occupés bien sûr!mais sans aucune nouvelle internationale..la ..nationale étant contrôlée par le gouvernement Mieux valait ne pas y penser
La BBC 'était notre secours , notre source éternelle d informations ! Quel sort nous était réservé?et Churchill notre guide ... a tous n allait il pas nous aider ?
Nous pauvres isolés du reste du monde ...pas de journaux , pas de radio , pas de courrier !et une alimentation plus que limitée...
l atelier de mon ami Achille rue Bauchon
Enfin je rencontre un copain des grands jours.....mon ami Achille
l atelier de son grand pére situé face à l école maternelle rue Bauchon a été pulvérisé
Mais où est passé le chien qui était supposé garder l'atelier Disparu !
Des gémissements sortent des profondeurs du sous sol , la chaine apparait et au bout de la chaine le chien amaigri , affamé nous saute au cou de joie et de reconnaissance
Par contre plusieurs bouteilles de cidre bouché nous tendent les bras ,difficile dé résister et la grand mére de mon ami Achille nous trouva un air bizarre à notre retour
Sees bombardee
Notre distraction favorite c est la relève des sentinelles aux pieds de l escalier Ferté Nous imitons le pas de l oie!
Remontrance du garde champétre qui a perdu son tambour ou peut être cet instrument lui était alors interdit Donc prudence ! Tous deux nous partons en quête de quelques nouvelles
Les premiers espagnols accueillis par le maire Charles Forget arrivés courant décembre 39 rencontrent une nouvelle épreuve
Plus moyen de s' affronter avec eux dans des combats sans fin,Tous disparus mais où?La place du Friche c 'était notre lieu de rencontre et d'affrontements
Malgré tout il n y avait aucune agressivité dans nos combats et josé Molina était L'interpréte accepté par tous et la rencontre se terminait souvent dans la joie et l amitié
iI est vrai que nous étions tous logés à la même enseigne et eux de leur côté avaient subi d autres infortunes d'une autre dimension lors de la guerre d Espagne La guerre civile et l 'exil en terre étrangére abandonnant maison et familles c'est maintenant leur lot !
Sur notre grande place,les souris grises ( personnel administratif de la wehrmacht ) montent et descendent les escaliers de marbre blanc déjà usés par le temps et nous ignorent totalement
Plus question d accéder à la bibliothèque de monsieur Guy! bibliothèque qui avait d ailleurs le don de me faire rêver des grands espaces Voyages et découvertes je ne l ai jamais oubliée et j ai toujours eu une pensée profonde pour notre savant bibliothécaire lors de ces moments de rêverie
l Afrique , les Etats Unis et d autre contrées sont par la suite entrés dans ma mémoire et mes connaissances du" radeau de la méduse" perdus aux confins du Sahara sur les berges de la Mauritanie je les dois aux lectures dans cette bibliothéque de province sagienne
Loin de moi les soucis de l occupation je rèvais déjà de conquérir le monde mais les parents eux n avaient pas les mêmes projets et les mêmes pensées et je les comprends...
Prétextant la pénurie ou par précaution pour le futur mon pére m'envoie au jardin route de Rouen récolter quelques sillons de pommes de terre . Il est vrai que ce n était pas ma distraction favorite mais pénurie oblige !
PHOTO GOOGLE |
Coup de frein brutal.... et mon chargement maL arrimé se répand parmi les bottes bien cirées de nos occupants
Hurlement du feldwebel de service!je l'entends encore... eclats de rire dissimulés des joueurs d'instrument !
'inquiétude profonde de mon père guettant mon arrivée!
En conclusion distraction inattendue pour cette compagnie disciplinée et impatiente de démontrer son talent
Personnellement je n'ai jamais constaté qu une mitrailleuse avait été installée au bas de la mairie
Certains ont dit que les premiers allemands avaient fracassé la vitrine jouy , c est certainement vrai mais personnellement je n ai rien v u
Que faire pour nous les jeunes en pareille situation attendre mais quoi , Bien sûr les nouvelles de la BBC émises par notre TSF que nous n osons mettre en service en raison du signe distinctif du son qui la caractérise .... les premieres notes de la symphonie de Beethoven
Chants allemands que nous entendrons durant 4 années et 2 mois place du Parquet lors du déplacement des compagnies partant a l'exercice erika hali halo hala
Pendant quatre années et deux mois nous subirons donc chaque jour la soldatesque du grand reich !( enlevons les journées du lundi et les dimanches aprés midi) salon toujours plein !
On pourrait penser " Quels risques vous avez pris en acceptant cette situation ?"
Effectivement c 'était un risque mais le hasard a voulu que ces quatre années et deux mois se déroulent sans incident!
En soldats disciplinés ces soldats profitaient de cette" aire de repos "et de la liberté qui leur était octroyée
Une fois par contre , linoleum du salon bien ciré un soldat voulant saluer son officier en attente de son tour tomba lourdement sur le dos Pris de fou rire je disparaissais dans la cuisine ,Regard noir de mon pére embarrassé par cette situation ,Violente réaction de
l officier touché dans sa fierté germanique devant cette situation dégradante
Un midi un militaire de la wehrmacht campagnard à coup sûr vint sans crier gare s asseoir le plus naturellement du monde à notre table et partager notre repas Rien à dire il était tés poli et respectueux
Nos valeureux gendarmes dont nous ignorions réellement la tâche ingrate jetaient toujours un rapide coup d'oeil avant de pénétrer dans notre salon juste la place à traverser partant de la gendarmerie située juste derriére la mairie
Ils voulaient ainsi éviter d avoir à saluer éventuellement des soldats présents de la wehrmacht et faisaient donc demi tour
La BBC c était presque notre raison de subsister dans cette atmosphére de domination écrasante et notre poste de TSF était malencontreusement situé prés du salon donc prudence eviter avant tout de se le faire enlever l émission de Londres étant bien sûr formellement interdite
Plus loin toujours sur la place, le café Ferté et son activité coutumière qui venait de connaitre un mois auparavant les troupes des "grandes manœuvres " françaises anglaises, écossaise, et b subira à partir de juin 40 l'autorité de l 'armée allemande
Autorité controlée par des patrouilles de choc formées à la discipline germanique
Un militaire alsacien de la wehrmacht vint nous prévenir de la sonorité de notre poste
Nous étions bien sûr les seuls à savoir que des résistants se mêlaient aux occupants mais à aucun moment la conversation ne divergea vers les problèmes ou conversations qui auraient pu mettre en péril leur sécurité ,
Parlons des mongols c est ainsi qu ils étaient surnommés ils
apparurent début 44 et nous ignorions totalement leur attachement à la violence et au vol
Etonnement de notre part ils restaient absolument tranquilles sur leur siége et se faisaient raser le crâne en toute quiétude
Il a fallu cette bagarre aux pieds de la statue de Conté pour nous rappeler que la violence était attachée à leurs habitudes de vie
L'occupant est correct extrait " la vie de la France et des français " ll envahisseur de juin 40 a reçu la consigne de se montrer correct avec les populations occupées pendant les premiers jours de son installation l ordre est scrupuleusement respecté, aucun excés de quelque nature qu il soit n est commis hormis quelques arrestations non maintenues .....quand aux quelques millions de français qui ont pris la route devant l envahisseur ils n aspirent qu a rentrer chez eux
CommentaiHarassés ils dorment à meme le sol , surveillés par une sentinelle arméeLeur premier souci ....une remise en forme aprés une campagne tranquille où apparemment ils ne rencontrérent pas d obstacles