20 Mars 1940 passage des premiers anglais en route vers le front
Un soldat anglais pose pour la photo ...
Depuis 3 mois la Finlande résiste à un contre 60 ; ; ;édite Paris match ,Que tous les journaux pleurent sur la petite Finlande ne semble pas émouvoir le monde …
Les soldats finlandais entièrement vêtus d’un blanc uniforme qui s’intègre parfaitement en plaine ou en montagne luttent pied à pied .
Les avions russes lancent leurs bombes incendiaires sur les villes ouvertes
Nouvel avis de la mairie par le garde champêtre ,au son du roulement de tambour … Faute de camoufler convenablement les lumières ,des contraventions seront dressées sans pitié aux délinquants sans avertissement préalable
Le maire invite les sagiens à se montrer généreux pour venir en aide aux norvégiens qui souffrent pour la défense de nos libertés
Le maréchal ferrant ,aux Halles , prés de la gare,nous le connaissons ..Solide gaillard aux bras musclés ,il tape comme un forcené ,sur son enclume dés l’aube en défiant le métal rouge « Tiens c’est ce que faisait mon grand père « dis je à Achille . L’énorme soufflet tout noir de suie ,unit le vent et le feu ,et la braise jette de joyeuses étincelles……
24 avril pluies importantes
Quelques contraventions contre les habitants indisciplinés ne camouflant pas leurs fenêtres et vasistas
2 Mai
Stationnés sur la place aux pieds de Conté ,les « Tommies « nous font des signes d’amitié . ...La TSF fredonne « On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried ...
Un journal représente le traître français Ferdonnet fils d’instituteur né dans les Deux Sèvres en compagnie de sa femme une allemande ,dans la villa qu’ils habitent prés de Berlin
Qui a brûlé jeanne d’arc ?les allemands peut être !qui a mis Napoléon à Sainte Hélène ?notre ennemi héréditaire ce n’est pas l’Allemagne mais la perfide Albion …
Place du Parquet camions anglais |
En bois verni et de forme ovale , la forme à la mode ........notre poste de TSF trône maintenant sur le buffet de la cuisine , prés de la fenêtre ...Campés devant le haut parleur place nous l’admirons tel un objet d’art , c’est notre point d’attraction , notre centre de vie.
On écoute une fois par semaine « les vieux succès français « où l’époque 1900 apporte ses mélodies ,,ses chansons ,ses comiques troupiers ,ses valses hésitation .
On passe de Polin à Mayol ,d’Yvette Guilbert à Berthe Silva . Les romances tremblent d’émotion et de sentiment ; ; ;et on peut imaginer les gestes poignants des chanteurs en écoutant « Envoi de fleurs « et « Fermons nos rideaux ». C’est l’ambiance attendrissantes des mariages ou des réunions de famille avec « Petits enfants prenez garde aux flots bleus « , folklorique avec « fleur de blé noir « ,comique avec « la caissiére du grand café «
.
La boutique du coiffeur ,celle de mes parents constitue le point de ralliement des jeunes et des sportifs de tous genres .C’est là qu’on commente le Tour de France ,que les joueurs de foot du club local rappellent leurs exploits ,qu’on écoute Georges Peeters parler de sports à la TSF .On y rencontre les propriétaires des écuries de courses de la région ,Forcinal ,Riault ,Bozo ,Lévêque , ..et .les jockeys de trot attelé ,.Le cheval attelé à son sulky devant la maison attend sagement que son maitre en termine avec les bavardages . .
On y rase des paysans à la barbe rude . Aux odeurs du salon se mêlent des senteurs de chypre ,de brillantine et de gomina .
Des photographies de boxeurs ,de cyclistes , de Vietto ,Speicher , Bartali ,voisinent avec des affiches portant en écriture ronde « Union Sportive de Sées « ou USS contre L’US Mortrée . C’est le derby local !
Les commerçants de la place ,bien sûr nous les connaissons tous . Dans l’ordre ,notre voisin le boulanger Bocquel dont la vitrine est contigue à la nôtre, le quincaillier Guédé ,l’électricien Ipcar , l’épiciér Monsieur jouy ,la modiste Madame Buhot , le marchand de primeurs Bujosa et le café Ferté .
Nos voisins les plus proches ,une vieille dame ,ancienne ambulante en passementerie ,la coiffeuse Madame Frémiot dont le mari est transporteur ,le docteur Melun qui bénéficie d’un droit de passage dans notre cour .et père d’une nombreuse famille
« Le Caiffa « rue Billy ,lui se déplace avec sa petite voiture tricycle remplie de tous les produits d’épicerie qu’il livre à domicile ,même dans les coins les plus reculés de notre campagne .
Quelques minutes d’inattention et nous lui dégonflons ses pneus ...Pas commode le bonhomme !
Les bruits de bottes en Allemagne ont déjà réveillé les fantômes de la grande guerre . Les films patriotiques « La grande illusion « avec Jean Gabin ,Pierrre Fresnay , Eric Von Stroheim ,Dita Parlo , remplissent les salles de cinéma.
Le prix de la place est approximativement de un franc pour les troisièmes ou les premiers rangs.C’est là que nous sommes avec mon ami Achille les deux premiers fauteuils à droite prés de l’écran
Les vedettes du moment ….affiche ci-dessus Pierre Richard Wilm , Victor Francen Gaby Morlay , Aimé Clariond ,
Mais aussi
Jean Murat et Anabella ,Sacha Guitry et Yvonne Printemps ,Maurice Chevalier et ,et au hasard des films , Raimu ,Aimos ,Larquey ,Saturnin Fabre ,Pierre Brasseur ,mais bientôt les vedettes américaines comme Clark Gable jeannette mac donald disparaitront des écrans ....
Un film documentaire parlant et sonore ,les actualités annonçées par un coq ,avec leur catastrophe hebdomadaire ,leur président en haut de forme ,leur défilé guerrier , un film comique ...et enfin le grand film avec ses stars .
Sur la place de la cathédrale ,là où se situent les arcades de la mairie ,un vieux rémouleur agitant sa clochette se démène sur son engin et pédale comme un forcené ,dans le but de faire tourner sa meule . Il crie « rémouleur ..couteaux ...ciseaux « et juge du fil des lames qu’on lui donne en le passant sur la pointe de son pouce .
La meule en tournant allie l’eau et les étincelles .Beaucoup de couteaux ,ceux du boucher de la rue Lévêque , de la ménagère , des longs ,des larges ,des minces ,mais aussi les rasoirs du salon soigneusement entretenus par mon pére .
Cachés derrière l’un des piliers de la mairie , nous crions au vieux rémouleur absorbé par sa tâche .... »Baisse la tête ,t’auras l’air d’un coureur « !
Les jours de marché ,le samedi ,les chanteurs des rues se rassemblent sur les trottoirs devant notre magasin et entraînent la foule dans la chansonnette , avant de vendre la partition des succés à la mode ; On se les arrache ces partitions ! Mistinguett ,Réda Caire ,Rina Ketty , Lucienne Boyer ....
Ce marché ,c’est l’événement hebdomadaire .Par toutes les routes ,les chemins convergeant vers Sées ,arrivent les paysans du canton . Ils affluent de tous les villages environnants .
Les pavés glissants de la rue Conté vibrent sous le poids des voitures à chevaux , ,des charrettes ,des carrioles ...
Des villageoises ,quelques unes en coiffes ,à pied ,de lourds paniers au bras ,des bicyclettes ,des charrettes attelées ,des carrioles , donnent au paysage cet aspect animé et laborieux qu’on trouve dans les tableaux et les cartes postales d’autrefois .La ville resplendit d’une vie nouvelle . Les commerçants travaillent à plein ,et montrent leur bonne humeur .
Achille et moi ,nous nous faisons un devoir de planter avec délice ,notre doigt dans les lourdes mottes de beurre qui remplissent les paniers en osier exposés sur la place du Parquet .
Une famille juive vit cour du chapitre où l’abbé Vaucanu leur a trouvé un logement . Cette famille Ezygman ; ; ; ; ;se montre très discréte Deux garçons dont l’un est dans la même classe que moi à l’école communale ….;L’ainé futur professeur donne clandestinement des cours d’anglais le soir ; évitant ainsi les remarques désobligeantes de certains sagiens ; Il me rappellera d’ailleurs une remarque de l’un d’eux alors qu’ils achetaient du beurre et des œufs sur le marché du Samedi , place du Parquet « je croyais que les juifs avaient les mains crochues ! ! ! ! «rétorqua une paysanne
A prés la guerre et après quelques recherches je contactais l’un des deux freres habitant Levallois Lui et son frere avaient échappé à le rafle de juillet 1942 à Paris et gagné le maquis en zone libre Par contre leurs parents tailleurs, rue du Sentier déportés à Auschwitz ne survivront pas à cette rafle et seront déportés dans le convoi
La pendastrava source de nos économies elle n accepte que les piéces de dix francs ....
19 Mai 1940 Communion à Sées
C’est la communion à Sées .mais aussi la mienne …La procession des communiants quitte l’Immaculée Conception rue Conté ,et tente la traversée de la route nationale bien encombrée conduisant à la place du Parquet et au parvis de la cathédrale
…Finalement la place est franchie …, Un chef scout régle alors la circulation .
En effet de longues files de véhicules de toutes sortes surgissent de la route de Rouen ; charrettes nordiques et ardennaises lourdement chargées ,voitures familiales entassant des matelas et des paquets hâtivement préparés . Tous ces véhicules entravent la circulation et s’accumulent dans le désordre le plus total ,sur la place du Parquet ,au pied de la statue de Conté . Le Suisse dans son bel uniforme , bicorne sur la tête vient au devant des communiants et les conduit jusqu'à l’autel Les orgues vibrent , relayées à l’extérieur par les lourdes cloches
Mon ami jean Bouttier ,camarade d’école et dont les parents sont patissiers place des halles tient fièrement la trâine de l’évêque Absorbé par sa lourde responsabilité il ne nous accorde même pas un regard ; ; ; nous les jeunes communiants cramponnés à leur cierge . C'est à qui aura le plus volumineux ..Le fils de l’épicier transpire sang et eau à vouloir maintenir le sien bien droit
Le suisse mr Thierry ( habitant place du friche ou place voltaire )arrête provisoirement les voitures encombrées de bagages et aide les communiants à traverser la place encombrée par les voitures des réfugies du nord fuyant les combats
.Hollandais belges luxembourgeois fuient l,invasion
nota Elève comme moi même à l’école communale de Sées place Voltaire jean Bouttier entamera ensuite des études au petit séminaire de Sées avant de rejoindre l’armée coloniale en Indochine Nous nous rencontrerons en 1954 à Bizerte Tunisie alors que intégré dans le personnel volant de l’Aéronautique navale après un cours de pilote à Agadir J’exerçais la fonction de radariste navigateur sur les hydravions amphibies « Noroit «
.Hollandais belges luxembourgeois fuient l,invasion
nota Elève comme moi même à l’école communale de Sées place Voltaire jean Bouttier entamera ensuite des études au petit séminaire de Sées avant de rejoindre l’armée coloniale en Indochine Nous nous rencontrerons en 1954 à Bizerte Tunisie alors que intégré dans le personnel volant de l’Aéronautique navale après un cours de pilote à Agadir J’exerçais la fonction de radariste navigateur sur les hydravions amphibies « Noroit «
En décembre 1954 un accident endeuilla l’escadrille et neuf jeunes pilotes et volants perdront la vie
A nouveau il me rendra visite à la base de Dakar où je me trouvais temporairement après quelques missions exécutées pour le gouvernement et en outre la recherche de l’épave de la Méduse échouée en 1817 à l’ouest des côtes de Mauritanie et l’identification de l’emplacement de la future capitale Nouakshott
Suite journal
Des le lendemain ,grimpés sur les marchepieds des voitures , encadrés par les prêtres du cercle catholique
Plus de 3000 repas seront servis aux réfugiés de passage dans notre ville .
La bataille s’approche
Les sagiens que nous rencontrons commencent à avoir des appréhensions sur l’issue des combats de la bataille de France,non qu’ils mesurent la gravité insurmontable de la défaite _ mais les mauvaises nouvelles diffusées sur les TSF avec retard sont accompagnées de propos rassurants , de perspectives plus souriantes
Les passagers du nord et de Belgique fuient en automobiles et nous rappellent les atrocités allemandes de 1a derniére guerre
Ainsi mon grand pére du 14 eme hussards d’Alençon me rappelait les représailles allemandes en aout 1914 La cavalerie française noyée dans un épais brouillard subit de lourdes pertes
Les allemands fusillèrent plus de 200 civils belges leur reprochant d’avoir aidé les troupes françaises lors de leur entrée en territoire belge
Un monument commémore cet événement à Virton Eyte ; le colonel de Hauteclocque et son fils perdirent la vie dans cette bataille des frontiéres qui fit plusieurs milliers de morts de part et d’autre
Les civils belges stationnées place du Parquet à notre porte rappelèrent aux sagiens ces faits de guerre ce qui en fait n’arrangeaient pas le moral de la population
28 Mai
C ‘est le désastre ! Le corps expéditionnaire anglais et une partie des troupes françaises ré embarquent à Dunkerque et le 4 juin le port capitule.
Nous observons le ciel avec inquiétude ! En effet plusieurs avions à croix gammée survolent la ville en plusieurs occasions ,l’un d’eux rase les clochers de la cathédrale et disparaît dans les nuages ; des Dornier disent les connaisseurs ! Mais où est donc la chasse francaise ! J ai longtemps admiré sur les revues militaires les avions aux cocardes tricolores .....Morane, Dewoitine ........ les avions que le monde nous envie ! Pour la premiere fois dans le ciel ,nous découvrons un autogire français, aéronef certainement chargé d’ une mission
d’ observation;......
d’ observation;......
Devant l ,avance allemande l’ inquiétude grandit ! Seuls les jeunes sont remplis
d ‘optimisme et ne réalisent pas la gravité de la situation.
d ‘optimisme et ne réalisent pas la gravité de la situation.
La campagne a pris un visage d’ angoisse ,la rupture du front français à Sedan a jeté sur les routes une population prise de panique. Charrettes, bicyclettes, automobiles déferlent, en un flot ininterrompu en direction du sud . Par leur propre spectacle, ces foules sèment la peur et la panique dans les villes et les villages qu’ elles traversent;
De notre fenêtre ,nous découvrons ce long cortége de misére et de tristesse Je prends en photo la longue cohorte des réfugiés
L’amoncellement des richesses entassées en vrac ou pêle mêle dans la précipitation atteste de la modestie du foyer qui fuit l’avance allemande
Les régiments en fuite s’éparpillent dans la cohue des civils …pour nous c’est loin d’être un gtage de confiance et d’optimisme pour les journées à venr
Les pouvoirs publics cessent d’exister une grande partie sont sur les routes gendarmes et préfets i compris
On parle de cinquième colonne !
29 Mai
Trois soldats Français apparemment officiers , se frayant un passage dans une quinze chevaux réquisitionnée se font délivrer les quelques réserves d’essence disponibles à la pompe de la grande rue chez de la Rivière ,avant de prendre la direction du midi .,
De ma fenêtre je distingue les premières processions de réfugiés …! populations inquiètes de différentes nationalités qui progressent vers le Sud fuyant les avant gardes de l’armée allemande .et l’hostilité d’un ciel uniformément bleu surveillé par les stukas
Le bruit des sirénes surtout terrorise les victimes des attaques et glace le sang en donnant le sentiment qu’aucune issue n’est possible , que le pilote voit tout et peut frapper impunément en tout lieu
Un bureau de la Croix rouge est installé à la mairie .Infirmières et bénévoles se démènent sans compter pour accueillir les réfugiés
Je me rends à la gare … La gare fourmille de voyageurs fébriles et anxieux en attente d’un départ du train vers un lieu inconnu .. Les portes claquent ,les mouchoirs s’agitent . Sur le quai noir de monde chaque coeur qui bat ...bat certainement d’inquiétude devant l’accélération des événements ... Des grappes de réfugiés s’accrochent imprudemment aux portières ..
Les enfants arrivant de Paris portent au cou des étiquettes Les familles consultent les listes
L’ autogire est revenu …il ronronne dans le ciel bleu .Quel curieux engin ! .
Un bébé ,perdu par sa mére ,sera retrouvé à l’hopital de Sées ,avec l’aide de mes parents et par Madame Rouge directrice de l’hôpital
Sur le quai de la gare je me sens perdu au milieu de ce fourmillement de voyageurs… Sœurs de la miséricorde et prêtres de la rue d 'Argentré , tous se pressent pour accueillir les réfugiés venant du nord Des portes claquent ,des mouchoirs s’agitent , le train siffle et s’éloigne rempli du tumulte et de la fiévre des grands départs
Difficile de trouver des journaux……. Une chappe de silence s’installe sur notre petite ville ..Juin 1940 1 ère semaine . Sées est survolée par la Luftwaffe
Dans un ciel sans nuages une escadrille de lourds bombardiers allemands à croix gammée ,apparemment indifférente à une intervention française surgit derrière les clochers de la cathédrale et disparaît dans un grondement impressionnant De ma fenêtre donnant sur la place du Parquet je les vois évoluer en toute liberté d’action …
2 juin dimanche chaud
6 juin 25 degrés
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