mardi 20 novembre 2018

Seul rescapé du crash de la forteresse volante B17 4 Juillet 1943 ,de Poillé sur Végre ( Sarthe ) . Objectif Le Mans

Saint Louis Missouri 31 Juillet 1998 
430 SO Clark Ferguson MO 63135 USA
DAVID BUTCHER   ALFRED AUDUC




Traduction de la lettre de David Butcher du 31 Juillet 1998 ,
Seul rescapé du crash de la forteresse volante B17          4 Juillet 1943 ,de Poillé sur Végre ( Sarthe ) . Objectif Le Mans 

CE JOUR DE L 'INDEPENDENCE  DAY 

Poillé sur végre

David Butcher, mitrailleur, sera le seul rescapé de son équipage. Sa forteresse "Lakanuki" touchée par la flak explosera en plein vol. Panique... instinct de survie...  à moitié évanoui il se retrouvera  miraculeusement, parachute déployé, au dessus du village de Poillé sur Végre . "Quelle impression bizarre" dira t il ! Deux habitants providentiels l'aideront à s'esquiver mais à bicyclette. Employé clandestinement comme jardinier "sourd et muet" et ensuite incorporé malgré lui, dans le réseau de résistance local il participera à la réception des parachutages d'armes des avions ravitailleurs de maquis. Son périple aventureux en territoire français aura duré sept moisSes compagnons de résistance auront subi des fortunes diverses mais David Butcher, chanceux malgré lui, aura déjoué toutes les embûches dressées sur son chemin. Il gardera un souvenir impérissable de son séjour en territoire français. Il est aujourd'hui citoyen d'honneur de Poillé sur Végre et son nom est intégré au réseau de resistance français 

Cher Roger  friday  july 31-98


Voilà bien longtemps que j'ai reçu votre lettre . Je l'avais égarée et ensuite oubliée .
Vous êtes un ami de la famille Leloup et je suis vraiment gêné de ce retard .
J'avais un ami qui habitait l'Orne et en particulier Alençon .
Il s'appelait Dominique Chasseguet ,il pourrait avoir approximativement votre âge .
Son pére avait largement contribué à l'effort de la résistance ( 1 ) . Un monument où son nom est inscrit ,a été érigé à Brotz .

Mais peut être mon aventure vous intéresse t elle davantage ?
Deux B 17 appartenaient au 384 eme groupe , mon équipage et celui de Gordon Erickson . En fait , il y avait également deux équipages du 303 eme groupe ,entre autre celui de Bob O Conner . Je ne connais pas l'autre ( 2 ).
Je suis donc le seul survivant de mon équipage ( 3 )et je volais alors , comme mitrailleur de queue .

Nous volions approximativement à 28000 pieds ( 9300 métres )lorsque nous avons été touchés par des chasseurs ennemis( 4 ) . Une explosion s'etant produite à l'avant , je bouclais tout de suite mon parachute . Le parachute ventral est normalement accroché à un des harnais que nous portons en permanence . Je l'avais donc plaçé derriére le siége sur lequel j'étais assis ,siége ressemblant d'ailleurs à une selle de bicyclette . Il est pratiquement impossible d'avoir sur soi le parachute et d'actionner en même temps les mitrailleuses . L'avion partit alors dans un piqué trés rapide jusqu'à 3000 pieds ( 1000 métres ) ,....lorsque la queue de l'avion se brisa . Pratiquement inconscient ,je pense avoir été projeté par une ouverture provoquée par la cassure .Lorsque je repris mes esprits , je tombais en chute libre ,en tourbillonnant . Quelle sensation bizarre !
Je tirais enfin la corde de rappel et le parachute s'ouvrit .
J'atterrissais dans un champ appartenant à une ferme . C'était la ferme de la famille Gouin (Mme Gouin fut déportée à Ravensbruck ....),répondant au nom de "Grand Breil" .De braves gens ,Marcel Gouin et Paul Thion ...qui me prirent sur leur bicyclette . Paul Thion prit mon parachute et plus tard tressa les cordons ensemble .Quand je revins en 1984 il m'en donna un morceau , que j'ai accroché dans mon local " aux souvenirs "
Dans mon sous sol ,je posséde des photos de tous ceux avec lesquels j'ai lié connaissance .... dans les différentes régions de France . Une période mémorable de l'histoire de France .

Fred Auduc le chef du groupe des résistants et sa femme Renée ,vinrent me chercher au "Grand Breil " ,me donnérent des vêtements ,m'obtinrent des faux papiers ,un peu d'argent et une bicyclette . Ensuite ils me conduisirent à un petit village appelé Chenu ,situé à environ 12 miles ,un peu au sud ouest de Chateau du Loir . J'étais alors présenté à plusieurs membres du S.O.E. ( direction des opérations spéciales ) , Andre Dubois le chef du réseau Hercule , Henri Frager le chef du circuit Donkerman et Gabriel Chartronde son second ( Canadien )( 5 )
Un événement curieux était alors survenu en Avril 1943 .
Le circuit Donkerman avait été formé à Londres . Le chef était Henri Frager , André Dubois "le pianiste" ou l'opérateur radio ,et Gabriel Chartronde et Leimer les assistants . Ils avaient sauté de deux avions Lysander dans les prairies bordant la ville d' Amboise (5 )
. Ils restérent alors au domicile de Yvonne Regates (Yvonne Rigat ) qui était un abri sûr . Une femme pleine d'entrain .
J'ai oublié de citer le nom d' une femme importante . Lorsque ils étaient à Chenu ils séjournérent chez Giséle Baron . C'était un appartement situé au dessus d'une boulangerie . Une autre femme courageuse ....
Ce qui arriva ......,André Dubois était un homme de de Gaulle ( donc appartenant à la France Libre )et il ne voulait pas rester sous les ordres de Maurice Buckmaster ,aussi il forma son propre réseau et l'appela Hercules . C'était un homme trés estimé et il n'eut aucune difficulté à trouver des gens pour l'aider . Il travailla encore comme opérateur radio pour Henri Frager et le réseau Donkeyman .
Il me semble bien que Gaby Chartronde continua à collaborer avec Pierre en réalité André Dubois comme je l'ai toujours appelé . D'une façon ou d'une autre ils restérent en relation avec le docteur Henri Toude de Chateau du loir et à trois ils commencérent à organiser des parachutages d'armes . Ils devaient découvrir des fermes et des habitants à l' esprit patriotique .Leur but , utiliser leurs champs pour permettre aux avions de parachuter les armes .
Aprés cela ils devaient trouver des endroits sûrs pour stocker ces armes .L'une des femmes qui avait accepté cette tâche se nommait Albertine Moneris ,de Chateau du Loir .Sa maison était l'un des abris les plus sûrs .
Je vous ferai remarquer Roger que j'ai passé la plupart de mon temps avec André Dubois ( Pierre ) ,le suivant partout , jusqu'au moment où nous sommes allés au " Bugelier " où la Gestapo rôdait dans les environs , ,si bien que nous sommes partis pour la Touraine . Nous avons été hébergés par Yvonne Regars . Henri Frager et Gaby Chartronde étaient déjà présents .
Nous étions là depuis quatre jours , lorsque la Gestapo encercla la maison . Gaby sortit par l'avant et leur fit face .
Frager et Pierre réussirent tous deux à s'esquiver et je me sauvais moi même par l'arriére . Ils attrappérent Gaby mais il réussit à disparaitre ..
Par chance , Gaby et moi ,chacun de son côté , nous nous sommes retrouvés à Chateau du Loir .
Je n'ai jamais revu Pierre aprés cela ,je sais qu'il a été pris et déporté au camp de Crossrosen en Pologne ,où il a té torturé et pendu avec une corde à piano d'aprés ce que j'ai appris plus tard .( 6 )
C'est une longue histoire Roger mais c'est tout ce que je puis vous dire pour le moment . Je me suis évadé de Paris à Toulouse , en passant ensuite par les Pyrenées ( 7)

Bien Roger ,faites un salut amical pour moi , à toute la famille Leloup et demandez à Perrick qu'il m'écrive ,dés qu'il le pourra .

Votre nouvel ami
Dave Butcher





Notes personnelles

( 1) Dominique Chasseguet est le fils de Fernand Chasseguet controleur des PTT à Alençon ,chef du secteur d'Alençon en remplacement de Daniel Desmeulles .Fernand Chasseguet fut fusillé le 9 Aout 1944 à la lisiére d'un petit bois dépendant du chateau de Brotz avec Albert Frémiot ( notre voisin place du Parquet à Sées ), jean Mazeline ( mon instituteur et professeur au cours complémentaire de Sées d'Octobre 1942 à Juin 1943 )....François Bouillac et jean Moreau .


(2 ) Ce même jour du 4 Juillet 1943 ( independence Day ) ,lors du raid sur la ville du Mans ,quatre forteresses volantes furent abattues par la chasse allemande .

Crash de Belfonds prés de Sées (Orne ) : 2tués ,six évadés , 2 prisonniers ( voir mon rapport à ce sujet )
" de La Coulonche ou Val de Vée ( prés de Domfront .Orne ) 3tués ,4 évadés ,un évadé mort de froid lors du passage de la frontiére pyrenéenne par un garde frontiére , 2 prisonniers ( voir rapport La Coulonche )
Crash de Pouillé sur Végre . Un seul rescapé David Butcher . 9 tués
" Noyen sur Sarthe . tués , évadés , prisonniers

(3) Equipage du B17 de David Butcher

Pilote 2lt Laurence Myer
Copilote Norman A.Gaunt
Navigateur James C .Crouch
Bombardier 2lt Thomas H. Brsozwowski 

    Henri Frager

  • En tant que l'un des 104 agents section fF morts pour la france  , Henri Frager est honoré au mémorial de Valençay (Indre).
  • Brookwood Memorial, Surrey, panneau 21, colonne 3.
  • au camp de Buchenwald, une plaque, inaugurée le 15 octobre 2010, honore la mémoire des officiers alliés du bloc 17 assassinés entre septembre 1944 et mars 1945, notamment vingt agents du SOE, parmi lesquels figure « Frager, Maj. H.J.P. ».
  • Une plaque apposée en 2014 honore sa mémoire au 13 boulevard du Montparnasse dans le 6e arrondissement de Paris où Henri Frager vécut
 

Andre Dubois


Pendant la guerre


  • 1941. Il est représentant de produits pharmaceutiques et vétérinaires (Sarthe, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher).
  • Il est opérateur radio dans un groupe de résistance à Saumur, pendant dix mois.
  • Il est recruté sur place (« commissioned in the field ») par Raymond Flower « Gaspar », chef du réseau MONKEYPUZZLE.
  • Dans la nuit du 17 au 18 mars 1943, André Dubois revient à Londres en Lysander1
  • Dans la nuit du 14 au 15 avril 1943, il est déposé en France, près de Tours2. Il est opérateur radio indépendant : le SOE l'autorise à choisir son lieu de travail (il choisit Tours) et à travailler pour plusieurs réseaux. Après MONKEYPUZZLE, il émettra pour DONKEYMAN d'Henri Frager, SALESMAN de Philippe Liewer, INVENTOR de Sydney Jones, SACRISTAN d'Ernest Floege, FARRIER d'Henri Déricourt, FARMER de Michael Trotobas, Prosper-PHYSICIAN de Francis Suttill et CLERGYMAN de Robert Benoist.
  • Début août 1943, sa famille est ar
    • Septembre 1939-Juillet 1940. Il est opérateur radio dans l’armée française.
    rêtée et déportée en Allemagne3. Pendant quelque temps, il cesse d'émettre.

Aux mains de l’ennemi


  • Le 19 novembre 1943, il est arrêté à Montrouge (banlieue sud de Paris). Il tue un Allemand, en blesse un autre. Lui-même est blessé sept fois dans le cou et dans le bas ventre 4.



Mobilisé en 1939 comme maréchal-des-logis, Fernand Chasseguet est fait prisonnier le 21 juin 1940 près de Nancy. Le 24 août 1941 il est rapatrié en raison de sa profession de contrôleur PTT qu'il exerce à Alençon.
A partir de janvier 1943, il prend une part active à la Résistance au sein du réseau Action PTT en qualité de chef départemental tout en adhérant à l'OCM sous le pseudonyme de "Pascal". D'abord chef de groupe. il est promu chef du secteur OCM d'Alençon après l'arrestation de Maurice Fourmond survenue le 3 mars 1944. Sa tâche essentielle consiste alors à recruter et armer convenablement les groupes de combat placés sous son autorité.
Après le Débarquement, il prend part aux opérations militaires menées dans le secteur qui lui a été assigné. Victime d'un guet-apens, il est arrêté. le 24 juin 1944. en forêt d'Ardenay (Sarthe) en compagnie d'Emile Janvier. François Bouilhac lui succède.
Ramené à la prison du Mans. Fernand Chasseguet subit la torture avant d'être transféré à Angers, puis Alençon où il demeure jusqu'au 9 août 1944; date à laquelle il est fusillé à L'Hôme-Chamondot au cours du repli de la Gestapo d'Alençon devant l'avance alliée.

Sources :
BAMC : dossier statut d'interné résistant de Fernand Chasseguet.
SHAT (Vincennes) : 1 K 634 : dossier individuel dans le fonds de liquidation OCM.
François Roland Jacquelin, Biographies des victimes de l'Occupation allemande de 1939 à 1944, L'Aigle, Le Réveil Normand, 1948.
Thomas Pouty et Stéphane Robine

En  ce début du mois d' Aout.......Le sort de nos prisonniers sagiens  au chateau des ducs....


Le Chateau des ducs a Alençon
jean mazeline
Albert Frémiot

Témoignage de André Rougeyron ( extrait «  agents d’évasion «) 



 «  Le 9 Aout soit trois jours avant l'arrivée de la 2éme DB de Leclerc et de la 
5 eme division  US dans nos murs   André Rougeyron témoigne
"Au matin la cellule est envahie par de nouveaux arrivants venant de la «  17 «  . Ce sont Moreau de l’intelligence service ,Jean Mazeline ,Bouillac , Daniel Desmeulles ( que je quitterai quelques jours avant sa mort ) Chasseguet des PTT d’Alençon , Frémiot cultivateur à Sées ( En fait Albert Frémiot notre voisin était transporteur ) Henri Barbier de Paris . Tous résistants acharnés instruits de leur sort ,aucun n’est triste ou abattu malgré les charges qui les accablent .
 La meurtriére laisse passer un gai rayon de soleil et nous faisons un agréable et bruyant petit déjeuner interrompu par l’arrivée d’un boche qu’accompagne un valet de la gestapo . Ils appellent Moreau , Mazeline , Bouillac , Desmeulles ,Chasseguet , et Frémiot . L’un d’eux demande : Faut il prendre les couvertures et les gamelles ? Ce n’est pas la peine répond en riant le milicien.


Quelques minutes aprés  nous entendons le ronflement d’une voiture sur la place : nous nous précipitons vers la meurtriére et apercevons la partie arriére de la traction sans portes . Jardin debout sur le trottoir y fait entrer nos camarades en menaçant «  Le premier qui bouge je l’abats " 
 Me reférant a l ouvrage de Michel Pichard " l espoir des ténébres "page 326 je note " Genest "dit joseph responsable du maquis récemment désigné au poste de chef FFI Sarthe
Frantz adjoint de joseph Voici le témoignage de janvier" cinq minutes aprés le début de notre réunion la petite clairiére où nous étions assis en rond autour des cartes était cernée et quatre mitraillettes apparaissent aux quatre points cardinaux _ nous étions faits _Genest qui trahissait fut fusillé au Mans le 15 février 1945
Le nom de david butcher figure sur la liste des résistants sarthois  A mon avis c est peut être le seul américain dont le nom est inclus dans une liste de résistants français


Stèle B-17 n° 42-3235 Poillé-sur-Vègre Sarthe (72)




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