mardi 28 août 2018

Le mystére des nuits sagiennes

Aprés plusieurs séjours outremer dans le personnel volant de l'aéronautique navale je ne pouvais faire autrement que de revivre et de songer à ces nuits passées dans ma petite ville de Sées guettant  , les nuages et   m'interrogeant sur les mystéres  de notre ciel  durant cette période  de l 'occupation

L’ après liberation après aout 1944

 Enfin je pouvais m exprimer librement et avoir accés …. aux archives et aux contacts de 
l USAAF et de la RAF ou enfin je  découvrais  quelques  interlocuteurs avides d apporter leurs impressions

LES NUITS SAGIENNES

On écoute chaque soir la radio d outre manche comme on prend sa drogue mçeme rendue inaudible parles brouillages elle nous rend plus sereins 




Que se passait t il la nuit dans notre région sagienne ? Ces avions qui nous survolaient ….la nuit,?
Le Halifax…. ce quadrimoteur anglais dont les soutes avaient été adaptées au transport et au largage en altitude des munitions,armes , médicaments ‘ destinés aux résistants groupés en « comités de réceptions "Des groupes de résistants héroiques tels les Tessier  de Tanville ,Cercueil de Sées et bien d autres héros de l ombre
Le Halifax bombardier utilisé  normalement par les alliés pour des raids sur l'Allemagne avait été adapté et  modifié pour d autres missions En effet les soutes avaient été prévues  pour y recevoir... des containers remplis d 'armes et non pas des bombes 



« Ce rassemblement au sol composé 
d hommes courageux entrainés pour la récupération de ces éléments tombés du ciel et qui seront utilisés dés l’annonce à la résistance de la date et de  l'heure  du débarquement 
 Ces mois durant l occupation et précédant le débarquement le danger sera donc présent au ciel et sur terre dans notre région et les territoires occupés.,où les mouvements aériens n’auront jamais été aussi actifs 

 Nous simples habitants d une ville occupée et privée de toute information....nous nous posions mille questions ...

 Le mystére des nuits sagiennes 

  La population au sol et c est normal aura été plaçée dans

l ignorance la plus totale en raison du caractére secret de ces missions et tenue à l’écart de ces mouvements ,
 C’est pourquoi cette aide apportée par la RAF et par la suite l'USAAF totalement ignorée Peu de sagiens auront donc été en mesure de rendre hommage à ces aviateurs héroîques dont je souligne sans parti pris l'immense mérite et pour lesquels j'éprouve une profonde admiration 
 Notre mission me rappelera un ancien pilote de la RAF
Chasseur de nuit Fockewulf


"Cette bonne terre de France si attirante mais inhospitaliére il nous faut la survoler avec la plus grande prudence avec un équipage perpétuellement aux aguets scrutant du sabord ou de la tourelle arriére les profondeurs de la nuit "..equipage composé de dix hommes de nationalité souvent différente Britannique, Canadiens, australiens ,néo zelandais  polonais
« Chaque sortie dure plus de sept heures, des heures d’un vol angoissant dans la solitude nocturne, passées a survoler la mer toujours hostile et la terre ennemie, à surveiller un vide que peut a tout moment trouer le chasseur de nuit assassin, a scruter un néant que perce le pinceau glaçé du projecteur doublé du mortel éclatement de la flak _ »

"Pour être présent au rendez vous et échapper aux  tirs de la DCA et aux chasseurs de nuit de la Luftwaffe, l’avion anglais décollant de Temsford, doit naviguer feux éteints dans la pénombre, repérant les points stratégiques, lacs, ponts, lignes de chemin de fer, cours d’eau, villes calfeutrées... toutes sortes de signes distinctifs avant de trouver enfin un terrain identifié par la présence au sol de lampes torches formant une lettre de reconnaissance. Il s’agissait   de larguer à cet endroit précis les containers de munitions et de médicaments attendus par les résistants.
Au cœur de ces paysages grandioses et inconnus, obscurcis par la nuit, il fallait  à tout prix trouver le terrain défini par 
différents codes et le contenu d’un message secret.
 

Ignorant cette guerre de l’ombre pendant cette période d’occupation, un soir de clair de lune, je vis un lourd bombardier passant à basse altitude tous feux éteints au dessus de la ville… surprise totale ! Quel était donc cet avion bruyant bravant la chasse de nuit allemande J’ai compris tardivement, quelques mois après la libération, la signification de ces vols de nuit mystérieux. Le parachutage d’armes et de munitions indispensables à la résistance ornaise 

… Telle était la  mission de ces bombardiers en plein territoire occupé …au nez et a la barbe des DCA  germaniques et bien sûr des chasseurs de nuit de la Luftwaffe toujours aux aguets... 
Qui devions nous admirer le plus en ces nuits de pleine lune… le sang froid de ces équipages duCommonwealth composé majoritairement  d’anglais, canadiens, australiens, sud africains, néo zélandais et polonais..   ou la détermination des comités de réception au sol, composés d’hommes au courage énorme, conscients du danger mais prés à se sacrifier pour la cause de la résistance ?"

Résumons les faits Notre attention ,mon frére et moi , avions été attirés par le bruit de ces avions la nuit , un bourdonnement lancinant qui pouvait se prolonger très tard …peut être même jusqu’à l’aube
J’étais toutefois dans 

Windows anti radar larguées  par les bombardiers 
 l’impossibilité d’ identifier ces escadrilles mystérieuses Nous emettions alors chaque soir multiples hypothéses d aprés le bruit du  moteur  Avions anglais ?allemands ? Quel était leur but ? Des avions , toujours le bruit des avions …c'était notre réflexion à nous les jeunes et je dirais même notre principale préoccupation Dés la tombée de la nuit abandonnés dans la campagne ,des nuages de bandes métalliques ( appelées windows)… Interdit d y toucher dira le maire ….des parachutes oubliés , des tracts et même un poste emetteur perdu et destiné à un groupe de résistants composant un comité de réception Enfin pour nous les jeunes le  mystére le plus  total
 Ces bandes métalliques que l on trouvait dans les jardins et même sur les toits des habitations étaient l' objet de toutes les interrogations.Elles nous inquiétaient et pourtant aujourd hui la réponse est simple
Les ondes radar émises par les radar au sol allemands se  réfléchissaient sur  les nuages de " windows" et formaient sur l écran radar allemand au sol une masse compacte et fuyante empêchant toute localisation précise de l'escadrille alliée Mais également la  destination prise par l 'escadrille détectée
Les anglais avaient réussi là un bon coup....pour tromper l'ennemi

Revenons aux faits .divers ... La RAF affronte la chasse allemande toujours aux aguets et les batteries de DCA germaniques guettent toute cible mouvante dans un ciel en perpétuel mouvement La DCA tojours a l'affût telle celle dissimulée sous les ombrages bordant la voie ferrée

Jusqu’au soir où un avion en flammes inconnu frôla les clochers de la cathédrale le 22 Mai 1944 à 23 heures avant de s’écraser à 1 km au nord de la ville Ce soir là ;;; plusieurs escadrilles de la RAF se dirigeaient vers le sud en quête des objectifs industriels du centre de la France ,le nord de l'italie ( ref à                         )
J ai appris  longtemps  aprés ce drame lors de  mon enquête auprés de la RAF  que cet avion handicapé par le givrage appartenait à une escadrille de six whitley ayant quitté sa base de Long Marston Six jeunes canadiens sortant  tout  droit de  l'école de formation venaient de s écraser à la Potence aprés avoir frôlé  les clochers de notre cathédrale 

 Cette vision  etait  restée gravée en moi des  années  durant et il aura donc fallu un retour dans notre cité sagienne 54 ans aprés ce drame et aprés un  long séjour en Afrique pour m 'inquieter de la nationalité de cet avion et réaliser  l'indifférence de la municipalité; Drame oublié!
 Pourtant la présence d une tombe inconnue au cimetiére communal sagien me conduisait vers la résolution de cette énigme et me permettait de situer le date exacte de ce crash
 Prés de cette tombe inconnue la tombe d  un  motard australien   Harrison tué dans le virage de la Madeleine  qu il aborda à  trés grande vitesse 

je  me souvenais avoir rédigé un article dans un journal localen  Aout 1998  où je me permettais d insister sur l 'indifférence de la municipalité devant ce drame dont j'avais oublié la date


  mais ensuite vivant outremer je ne  pouvais réunir les éléments de base me permettant d'avancer dans cette affaire 
Une bague  en or gravée des lettres WGH et une photo furent rapportées par deux sagiens aprés la parution  d un article que j'avais  demandé à l'Orne hebdo
 Le nom de Wilfried Gordon Harris que j'avais obtenu auprés du ministére de la RAF attira l'attention d un lecteur, fils,de l'adjudant enquêteur qui avait alors prélevé la bague sur le corps de l'une des victimes tombées a la Potence
  
L’après libération .. la municipalité avait oublié ensuite ce crash du 22 MAI 1944 et ces informations je ne les ai obtenues qu'en 1998, il est vrai que les enquêteurs de la RAF ne transmettaient jamais ou très rarement les résultats de leurs recherches.
Dés janvier 1945, je fais la connaissance de l’un des responsables du service de la Royal Air Force “Missing Research Enquiry Service“       crée en 1944 pour rechercher le personnel manquant  de la RAF à l’issue des nombreux combats ou elle affrontait l’aviation des pays belligérants. (ref à RAF museum) 42 000 aviateurs de la RAF étaient considérés manquants ou présumés tués. La demande des familles sans nouvelles de leurs êtres chers fut alors si importante que ce service en développement fut rapidement submergé par de nombreuses questions concernant les disparus. Ce personnel désigné pour assurer ce service, n'ayant suivi aucun entraînement spécial n’avait pu profiter des développements des techniques modernes mais par contre était doté d’un désir profond de retrouver pour les familles ceux qui n’étaient pas revenus des zones de combat. En dépit des obstacles crées par le manque de moyens, le MRES retrouva les deux tiers du personnel manquant après de longues recherches autour du globe avant que les corps retrouvés puissent être identifiés et inhumés par le Commonwealth War Graves Commission.
Sans la volonté et l’énergie manifestées par les équipes du MRES, de nombreuses familles n’auraient jamais connu le destin des disparus  ou l’emplacement de leur destin final. Le MRES apporta aux familles la dignité qui leur été due et fut dissous en 1952 sept années après la fin du conflit.

Dans le cadre familial nous sommes donc appelés à faire la connaissance de Noël Archer l’un des membres influents de ce service.


La famille Hayton. Charles Hayton est en uniforme, Noël Archer en civil.
Découvrant le haras de Bois Roussel en 1945 que nous habitions, domicile et lieu de travail de nombreux britanniques depuis les années 20, ne parlant pas notre langue, Noël Archer prit l’habitude de nous rendre visite. En raison de la situation, nous ne pouvions que l’aider à contacter les mairies et à prospecter dans la région à la recherche des lieux de crashes des avions du Commonwealth ( ref courrier familial et Noël Archer ). Notons qu'il se distinguera en 1949 lors de l'identification du corps rejeté sur la 
côte belge du commandant Mouchotte Squadron leader et commandant du groupe Alsace. Nous l'avons conduit sur les lieux de crash de Sées, la Potence, Larré et Bursard qui figuraient dans ses objectifs mais sans précisions particulières, lui permettant de progresser dans la compréhension des circonstances et des conséquences humaines du  drame.


Accompagné de son chauffeur, il prospectait alors à la recherches des points de crash de la RAF… Il est vrai que les crashes avaient été nombreux dans notre région. ….
Finalement à partir du rapport de Noel Archer, je finis par obtenir la solution de cette énigme et compléter ainsi les éléments manquants concernant ce Whitley de la Royal Canadian Air Force.

 
Identification de l’épave tombée à lapotence par l’équipe britannique du MRES
Dés Mars 1946 soit plus de 18 mois après la libération, le MRES intervient sous la direction de Noel Archer, flight lieutenant enquêteur de la RAF et sans nouvelles précise concernant l'identité de cet avion.
Une simple lettre de l'un des gendarmes parlait d'un avion de transport. Noel Archer décide l’extraction des moteurs profondément enfoncés dans un sol humide et examine avec son équipe les débris de l’épave qui sont restés sur place.
Voici les termes de son intervention:
“J'ai trouvé un morceau de fermeture éclair utilisé pour la fabrication des bottes d’aviateur. Cette pièce est canadienne car la doublure des tenues de combat canadiennes est d'un bleu plus pâle et plus éclatant que ceux portés par la RAF.
Sur les lieux du crash nous avons pu voir les ailerons de l’appareil de forme carrée typiques du Whitley et nous avons trouvé un chargeur d’une mitrailleuse VGO utilisée à l'époque sur les Whitley mais dont 

 l utilisation fut abandonnée par la suite sur les 
bombardiers en service à la fin de la guerre.
Notre hypothèse fut confirmée par la découverte 

d une plaque matricule affichant le nom Whitley suivi 
d une série de chiffres. Sous les moteurs, pas de trace de corps…»
L’équipage en fait comprenait 6 membres d'équipage, 5 corps furent ramassés par les allemands placés dans 4 cercueils et enterrés dans le cimetière civil de Sées"



Deux agents secrets à sées

 A  ce sujet personne n'avait observé que le camion gonio installé aux pieds de la cathédrale et du socle en granit de Conté avait pour objectif la détection d un poste emetteur quelque part caché dans notre petite ville je me  trouvais à  sées en ce début d avril 1944
Suite au parachutage aux " Rouges Terres" d'un lot de containers destinés à la resistance et en particulier au radio "wallon " deux agents secrets tombés au moulind escures furent hébergés chez Cercueil homme courageux qui   surveilla les environs  le temps de contacter Londres Malheureusement le camion gonio installé place du parquet aux  pieds  du monument de Conté privé de son héros de bronze les détecta .Averti par les habitants nos deux opérateurs radio et agents secrets disparurent dans la nature  dissimulés  sous des bottes de paille   L'alerte avait été chaude ...


Plusieurs Halifax du SOE chargés de missions diverses seront ainsi abattus dans notre département Larré , Ecorcey, L ‘aigle etc…

 Je me demande ce  que les comités de réception composés 
d hommes au courage énorme auraient pu faire sans l apport de ces avions et de  ces équipages bravant les chasseurs de nuit de la luftwaffe 
         Les archives du département et de la RAF d' où j ai extrait quelques éléments supplémentaires  m ont donc permis de satisfaire ma curiosité
Je rappelle toutefois que je n étais pas le seul à me poser toutes ces questions … sur le bruit  de ces avions.... en exemple cette carte postale trouvée et illustrant  la vie nocturne dans notre petite ville 

 Un voyageur égaré à Sées Carte postale trouvée  aprés  la guerre 
« Il  y a toutes sortes de petits détails qui ne me plaisent pas dans cette ville de Sées et qui ne font pas des vacances parfaites
C’est plein de Fridolins qui chantent toute la journée et plein de colonies qui chantent aussi   Tout cela n’est pas très calme
Je pense que tu as bien dormi cette nuit , je n’ai pas entendu d’avions   et toi ! Parait il que c est exceptionnel de ne pas entendre ce bruit permanent  J’ai dormi au Chapitre mais on a servi le petit déjeuner trop tard  »
Ce  sagien exprimait sur  une simple carte postale le fond de sa pensée il dit ce qu’il pense …mais de nombreux français ont été internés ou déportés pour des motifs plus futiles, les allemands refusant toute  marque d’irrespect à leur égard…     
On note surtout  que le bruit lancinant des avions la nuit  faisait partie de la vie courante

Début 1942 plusieurs bombes s abattirent rue des Guichets vers minuit faisant plusieurs victimes Nous  n'avons jamais  pu connaitre l'identité de cet avion En diverses occasions la voie ferrée fut mitraillée aux  abords de Sées

  Les bruits se répandaient très vite dans notre petite ville ….La vie clandestine finissait par remonter à la surface ….A mots couverts on parlait de trois polonais aidés par Edouard Paysant en avril 1943 qui auraient passé une nuit à Sées …..
j’ai cherché à éclaircir cette histoire à partir d’un rapport d’évasion obtenu après l occupation auprés du ministere de la défense britannique (service des archives) compte rendu qui m’apporta les résultats attendus 

 Volontairement j'évite de parler du crash de la forteresse volante à Belfonds qui fait dans mes récits l'objet d un rapport particulier 
Aprés avoir obtenu auprés des archives américaines de l ' usaaf   toutes le  informations relatives  a ce sujet Jétais contacté par les 
familles de Hackley navigateur tombé parachute en flammes à Belfonds et le reste de l'équipage soit  deux prisonniers ,deux victimes ,et six évadés aidés par la  résistance locale 
Le copilote    arrété par la gendarmerie locale nous fit comprendre  qu il gardait un souvenir amer de cette arrestation Il passa plus d une année au camp de Sagan ( pologne )là où cent prisonniers évadés seront fusillés sur ordre de Hitler 

Le crash de la forteresse volante du4 juillet 1943   et les différentes péripéties qui suivirent  déclencheront  la dissolution du BOA dirigé par Edouard Paysant

Réfugiés à  la mairie de Bursard


Lors du  débarquement le 6 Juin1944 deux semaines aprés le crash de la Potence nous prenons la précaution de fuir les dangers de la ville , les chars allemands "Tigre" stationnant dangereusement aux pieds de la cathédrale  
Hébergés par un cousin dans les murs  de la mairie de Bursard notre tranquillité sera mise à l épreuve lors de l'arrivée dans nos murs
 d une compagnie de DCA de la luftwaffe  la premiére quinzaine de  juin 1944

Vers minuit le   30 Juillet 1944 un bruit strident;;;; un" mosquito " de la Royal Nouvelle zealand air force( rnzf de la RAF ) rase le toit de notre demeure et s abat dans les bois environnants Sur place le lendemain  à sept  heures  accompagné d' un,servant de la luftwaffe je ne pouvais que constater  l ampleur des dégats ...deux corps brûlés et une  épave 
grillée sur prés d un hectare 
L'allemand récupéra le portefeuille de l'une des deux victimes 
C est pourquoi aujourd,hui je suis encore en rapport avec les membres de la famille CARR

 le 16 juillet 1944 un bombardier du SOE britannique est  abattu par la  DCA de Larré dissimulée prés d une mare
Noel Archer  ( missing research de la RAF )                              officier enqueteur de la raf et devenu ami  de la famille depuis le mois de janvier 1945 réalisa l'enquête sur ce crash lors de son passage dans nos murs aprés la libération en janvier 1945  Voir photo haras de Bois Roussel)











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