Arrivons de Port Lyautey( aujourdh'ui Kenitra )
Le phare Coppoloni et le cap Cansado sont en vue. Un appel de la tour de contrôle et notre hydravion se pose par un vent de sable aveuglant ,trainant un long sillage d'écume ,sur le plan d'eau de Port Etienne battu par les alizés soufflant dans la baie du Lévrier
Un groupe de boscos de la marine nationale s'agite en tous sens et nous indique l'emplacement de la bouée d'amarrage . Hydroplanage , approche prudente ,la bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe. Exercice de routine pour un équipage entrainé.
Notre chaloupe accoste au vétuste appontement de bois , secoué par le ressac., planté au bord d'une longue gréve blanche où des barques délabrées et de vieux chalutiers achèvent de disparaitre,noyés par une longue coulée de sable
,La bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe.
Devant nous..... notre campement des années 50.....le vent et le sable |
C est ce cap qu 'a manqué la méduse dans la nuit du 1er au 2 juillet 1816
Notre Survol journalier du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume la baie du Lévrier Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ... Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief que l'homme est en droit d'attendre du plus aride des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant refuge d'oiseaux marins de la planète ....mais c’est là aussi que nous réalisons entre deux vols les plus belles pêches en espérant que les requins ne viendront pas troubler notre quiétude de pêcheur amateur
Distinguer en dessous de nous l’emplacement approximatif du naufrage c ‘était rechercher une aiguille dans une botte de foin…
En survolant ce lieu désertique ,de notre couche de nuages il nous est facile de distinguer sans efforts cette eau d'un vert profond qui s'éclairçit lors de la présence d'un banc de sable effleurant la surface de l'eau C'est en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de faible profondeur à différents endroits cachant comme on le sait … un gigantesque piège aux marins non informés ..Ce sont les bancs de sable ….’C est là que la Méduse s’échoua un beau jour de 1816
Le privilége de survoler cette région et de découvrir sous un ciel limpide les bancs d’Arguin ,incite inévitablement à vouloir évoquer et comprendre les causes de ce drame
Inexpérience du capitaine ou cartes mal renseignées ? Le sujet a été largement traité !
Nous tentons quand même quelques approches radar ;;; Ne serait ce que pour évaluer le point de ce naufrage célébre ,mais rien ce jour ,ne dissipera la part de mystere qui enveloppe cette disparition Face a cette terre aride la méduse s'est choisie la plus austère des tombes , « les bancs d’Arguin » un immense plateau à fleur d'eau ,vaste banc de sable ….qui émerge à marée basse ... quelque part au sud du cap Blanc par le travers de l'ile Tidra
Notons la position exacte du naufrage en 1816 que nous survolions pratiquement chaque jour dans le cadre de nos missions
20 degrés de latitude nord 17 degrés west par le travers de l ile Tidra ( 5 metres d'immersion environ 100 miles au sud de Port Etienne ( Nouadhibou) notre base d hydravion Sunderland
20 degrés de latitude nord 17 degrés west par le travers de l ile Tidra ( 5 metres d'immersion environ 100 miles au sud de Port Etienne ( Nouadhibou) notre base d hydravion Sunderland
Sunderland ...décollage !!!! |
Recherches de l 'épave de la méduse ( suite )
La réponse je la trouverai 50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins jean yves Blot
Découverte de l’épave en 1980 .donc 25 ans aprés notre séjour à Port Etienne
Je fais référence à son ouvrage « Chronique d’un naufrage ordinaire «publié en 1980
Dans le cadre des moyens de recherches, l’exploration aérienne , le sonar que l on utilise dans nos escadrilles ,les sondeur à sédiments , le scanner à infra rouges apparaissaient d’emblée inutilisables
Restait le magnétométre à protons mis au point pendant la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devait permettre de déceler les parties métalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de metres carrés
La chance sourit enfin à l’expédition , une anomalie magnétique de 1000 gammas est repérée puis confirmée ( reference faite à l ouvrage de jean yves Blot) Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus à la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre L’enthousiasme est grand …. ce ne peut être que la Méduse
Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 mètre 50 et la profondeur est limitée à 5 ou 6 mètres
« Quelques herbes épaisses poussent ça et là …. une épave ancienne surgit….rongée par plus d’un siècle de séjour sous marin Des poissons hantent le
fond …..
les minutes passent interminables;;;
Soudain une voix jaillit du haut parleur , sa voix ressemble a un vol de perruches au dessus d ;un champ de tournesols...
Des noms fusent ....canons de fer ,clous de cuivre , la voix répète « c est la méduse il n 'y a pas a tortiller c est la méduse
Nous sommes en décembre et l eau n est certainement pas a 22degrés la Visibilité ne dépasse pas un mètre, un mètre cinquante la profondeur n 'est que de 5 a 6 mètres,le fond est de sable comme prévu , un morceau de métal oxydé apparaît
Au fur et a mesure de ma progression surgit le décor habituel d une épave ancienne … une tige métallique de forte section apparaît cette tige est la verge d une ancre, je découvre une seconde ancre posée sur le sable
En conclusion quelle que soit la vérité ,c’est l’horreur du drame du radeau mis en évidence par la réaction de l’opinion publique devant le tableau de Géricault qui retiendra l’attention .La rencontre du drame et d’une œuvre exceptionnelle exaltant et fixant l’image de ces hommes désespérés n’a pu laisser indifférents les amateurs de sensations fortes
Incendie a bord
Le 30 décembre 1953 noroit no 22 nous décollons pour un vol de huit heures , pleins complets , équipage entrainé , plein beau temps Le ciel est bleu sans nuages et les derniers reliefs de la côte s estompent au loin
Soudain une fumée .... envahit le cockpit Un incendie se déclare ..... Réaction instantanée du pilote « Coupez le radar « ..Une grosse fumée aveuglante.. Inquiétude générale .... le feu se propage rapidement dans l aile gauche
Manoeuvre délicate …Le pilote dans un réflexe de circonstance plonge l hydravion vers la mer …le choc est brutal ....l hydravion rebondit sur les crêtes de vagues Le feu prend des proportions ;;;
Précipitation vers les dinghies de sauvetage
le pilote, homme d 'expérience lutte pour maintenir l avion en ligne de vol
Les flammes surgissent et nous aveuglent Posés en catastrophe i.C'est la chasse aux gilets et aux canots de sauvetage Plongeon dans l eau glacée Mais que l èau est froide!
Me voici seul dans mon dinghie Isolé …mae west équipée , flottant au grès de ce vent de décembre sur les eaux agitées de la méditerranée…
Heureusement initiative le radio de bord avait eu la bonne idée de lancer un SOS ….
Aprés deux heures d' errements sur les eaux froides nous voici environnés de bateaux .....Enfin recueillis par tout ce qui pouvait naviguer dans notre secteur Bateaux lançés à notre recherche pendant que notre vaisseau se consumait lentement mais sûrement ..berçé par ce vent d hiver glacial et pénétrant
Un disparu toutefois Un membre d équipage...le médecin .... Guidé par son instinct aventureux il avait formulé le désir de participer à notre vol et quitté l avion en toute indépendance …retrouvé aprés de longues heures de recherches il nageait alors désespérément ,porté par le vent violent , mae west perforée et le corps couvert de fluorescéine , teinture artificielle qui lui donna pour une semaine l’apparence d’un mort vivant
Il ne remettra plus jamais les pieds sur cet avion..... nous assure t il !
Mais que l 'eau était froide en ce 30 décembre !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire