"La premiére partie du vol se déroule sans incident "témoigne le chef de bord le flight officer Gordon Erickson . "Pas de flak ,pas de chasseurs allemand à l'horizon et nous arrivons sans encombre sur l'objectif
Ce n,'est qu'un court répit ...la flak se met en route à proximité du Mans et touche le moteur no 4 alors que nous commençons à ouvrir nos soutes à bombes .Bientôt apparaissent dans le lointain les premiers chasseurs ennemis
Le moteur no quatre commence à rendre l'âme et il s'avére impossible de le mettre en drapeau . Nous commençons à trainer en queue de formation et les chasseurs allemands en profitent pour nous attaquer ,non pas des attaques frontales mais plutôt latérales venant de l'avant .
Nos réservoirs d'oxygéne sont alors tranperçés et je donne l'ordre de sauter .
Le mécanicien ne peut alors ouvrir les portes prés de soute à bombe , il se dirige alors vers le l'issue de secours dans le nez de l'avion et nous tentons ensemble de débloquer les goupilles . Une fois la porte dégoupillée il s'assied sur la le bord de la porte et se laissa glisser . Le bombardier Irvine et le navigateur Hackley le suivirent .Le copilote revint de la soute à bombes vers le sabord .Je le suivis mais je ne le revis pas . Ma combinaison de vol était en feu et- je tentais d' étouffer les flammes avec mes mains . Je sautais donc par la porte de sabord gauche et je vis cinq parachutes en dessous de moi . Je touchais le sol absolument indemne et restais suspendu par mon parachute à une branche d'arbre , un pied au ras du sol . "( témoignage des membres de l 'équipage )
Le pilote Gordon Erickson ést donc de forte méchante humeur en touchant terre prés du hameau de Saint Clair ..Dans cette malencontreuse situation , il jure comme un damné . Il a perdu un certain nombre d'ustensiles et en particulier sa trousse à pharmacie en raison de du début d'incendie à bord . Mais il a gardé son couteau de chasse fourni avec l'équipement de survie et il l'utilise pour couper les sangles de son parachute . Deux agriculteurs viennent l'aider à se débarrasser de son harnais et d'une partie de son équipement .Calmé il leur offre quelques cigarettes avant d'aller se dissimuler dans une haie double au lieu dit" Hausse pied "où les autres rescapés les sergents George Ashworth , Robert H . Penly et Frank J. Wingerter viendront l'y rejoindre pendant deux longues journées .
Ces derniers témoignent dans leur rapport d'évasion ,avoir donné à leurs sauveteurs un certain nombre d'équipements ,boussole ,cartes ,bottés de vol ... Leur parachute sera promptement caché dans les fermes environnantes par les habitants inquiets à juste titre des réactions de l'occupant
Que sont devenus les autres membres de l'équipage ?
Willard Freeman et Charles Mankowitz blessés rejoignent provisoirement les quatre rescapés dans leur abri
Meeting après guerre avec deux membres d équipage de la forteresse abattue à la coulonche
Clifford C.Dartt et l'opérateur radio le sergent Paul G. Welch ? errent, seuls , désespérés aux alentours des fermes proches du village . Abandonnés à leur sort , ils se retrouvent finalement prisonniers des soldats de la Werhmacht partis à leur recherche .Ils iront bientôt rejoindre les camps allemands d'internement réservés aux aviateurs alliés dans la région de Frankfort .
Dés la premiére journée( Ref au rapport d'évasion de Gordon Erickson ) les deux blessés Willard Freeman (fracture de la cheville ),et Charles Mankowitz( un éclat dans la cuisse ) sont séparés du reste de l'équipage en raison de leur handicap .
Lors du premier contact avec ses sauveteurs Gordon Erickson ,le chef de bord soucieux du sort des rescapés, semble alors comprendre que les deux blessés ont déjà été pris en charge par un hopital ,sous des noms fictifs . Une fois rétablis ....on tentera de les acheminer hors de France . ( La réalité est toute autre .. il aurait été difficile sinon impossible aux deux blessés de s'évader d'un hopital sans éveiller l'attention des occupants ).
Gordon Erickson est donc conduit avec les trois autres rescapés indemnes George Ashword , Robert H. Penly et Frank J.Wingerter ,au domicile du maire de Mortrée Victor Chevreuil ,avant de retrouver à nouveau ,le lieu dit "Hausse pied " ,double haie où ils resteront cachés du 6 au 13 Juillet .
Le 13 Juillet Dominique ( nom de code d'Edouard Paysant responsable départemental du B.O.A. ) questionnera nos rescapés en leur assurant qu'une équipe de la résistance prendra soin d'eux . De l'abri des fourrés, ils seront ensuite conduits au domicile de " Marcel " le boucher de Mortrée .
( Marcel Tesson 39.ans boucher à Mortrée sera déporté le 13 Mai 1944 .Il déçédera à Sandbhostel en Avril ou Mai 1945 .Il était l'un des membres de l'équipe du B.O.A.) .
Un jeune homme nommé Henri vient également leur rendre visite en plusieurs occasions .
Pendant leur séjour dans cette région de bocage , c'est Madame julien Cosnard et Monsieur Alphonse Main qui se chargent de les ravitailler en leur apportant des repas , dissimulés dans des bidons de lait. En complément pour assurer leur propre sécurité , des armes cachées sous un tas de fagots leur sont fournies par les résistants de la région .
Hantés par la crainte d'être reperés ,ils traversent dans l'angoisse ,la plaine de Mortrée ,guidés par Julien Cosnard et Emilien Ralu pour être enfin présents au rendez vous fixé au "Mont de Veaux" par les résistants de Mortrée .Le franchissement de la nationale 158 se fera en rampant sous un petit pont au lieu dit " Les fosses de Maçé ". Hébergés à l'Englécherie à Mortrée chez Monsieur Chardon ils passeront quelques jours dans une bouverie à l'abri des regards indiscrets
Le 25 Juillet ,trois semaines aprés le crash ,l'épouse du maire attentive à la tenue de ses protégés vient "rafraichir" la coupe de cheveux des quatre aviateurs indemnes afin qu'ils fassent bonne figure et leur apporte des vêtements civils .On s'entretient ,on se concerte en secret , et enfin la décision est prise ...le départ se fera en train pour Paris sous la coupe d' une filiére de résistance issue de la capitale .
Il est toutefois nécessaire de confectionner des papiers d'identité à ce premier groupe de quatre rescapés avant d'entreprendre ce long périple devant les conduire à la frontiére espagnole .
Photographiés chez Mme Farmer à Paris , et présentés à leurs futurs guides Suzanne et un professeur nommé Paul ,nos évadés indemnes Gordon Erickson ,George Ashword ,Robert Penly ,et Frank Wingerter quitteront la capitale , pour Rion les Landes en transitant par Bordeaux . Les photos d'identité réglementaires serviront à confectionner les faux papiers que fournira Henry , un homme manchot membre du réseau . . Enfin le 31 Juillet ,notre quator guidé par Henry , quittera Rion les Landes pour reprendre sa migration vers le Sud à destination de Biarritz et de la frontiére espagnole .
Leur parcours sera émaillé d'incidents mineurs mais déjà leur expérience d'hommes traqués et la sollicitude du guide leur permet de passer au travers des mailles du filet tendues par la police allemande lançée à leurs trousses .
.A Dax ... chaude alerte ...un homme en civil examine leurs cartes avec attention sans perdre de vue les chaussures de nos quatre évadés qui semblent réellement l'intriguer .
Conduits en camion à Biarritz ,ils sont pris en charge par un passeur Français qui doit leur faire traverser les Pyrenées avant un court repos chez un guide de montagne . Le relief ,les vallées ,les sentiers , les buissons, les rochers n'ont pas de secret pour ces guides expérimentés .
Avant le décollage à 11 heurs et pour toute mission vers l'étranger nos aviateurs briefés par le capitaine Dolan ,officier chargé de la sécurité à la base de Grafton Underwood , devaient retenir les consignes qui leur étaient rappelées avant tout séjour forçé en territoire occupé . Noter tous les points stratégiques qui leur semblent importants . C'est ce qu'ils font ...
Une locomotive en gare d'Austerlitz dont le ...boiler est criblé de balles
Une batterie anti aérienne de gros calibre directement accrochée à la locomotive et précédant des wagons de marchandises
Une heure avant l'arrivée à Bordeaux ils observeront la présence d'une usine à proximité de la voie ferrée ,étalée sur 300 à 400 métres de longueur ,des camions ,des chars recouverts de camouflages ,un gros transformateur ,un chateau d'eau et le tout protégé par des réseaux de fils de fer barbelés
Mais aussi ,la présence d'une école d'aviation d'entrainement de Me 109 prés de Biarritz .
La proximité d'une voie ferrée prés de leur refuge dans la région de Mortrée avec des trains venant du sud et du nord à 24 45 et quittant à 24 50 ...ne leur a pas échappé lors de leur séjour dans la cabane du bouvier ....
Il s'agit maintenat pour nos évadés ,lors du passage des Pyrénées d'échapper aux patrouilles allemandes et enfin aux carabineros au doigt trop prompt à appuyer sur la détente
. Derriére eux c'est maintenant la France recouverte du noir manteau de l'occupation sous lequel fourmillent tant de dangers sournois et de piéges .Au dessus de leurs têtes scintillent les étoiles que coupent les crêtes d'une chaine haute montagne qui se dresse en Espagne
A droite c'est le phare du cap du Figuier de l'autre côté d'Hendaye au delà de l'embouchure de la Bidassoa facile à franchir en cette période de l'année . En effet en Hiver nos évadés auraient été obligés de faire un grand détour en raison des crues allongeant le trajet et augmentant ainsi les risques .
Le 4 Août ,aprés avoir franchi les Pyrenées , ils atteignent enfin Irun pour être questionnés ,avant de rejoindre Madrid le 6 Août . La derniére étape si attendue les conduira à Gibraltar le 13 Aout et un avion de la R.A.F. vers la Grande Bretagne le 17 Aout
Cinq semaines se seront écoulées depuis la date du crash .
Il faut donc rendre hommage à l'efficacité des filiéres de résistance ....à voir
Revenons aus cas des deux blessés....
Le mitrailleur Willard Freeman s'est fracturé la cheville aprés s'être posé durement dans un champ prés de la ferme de la Cailletterie . En sautant de l'altitude de 20.000 pieds ,Il s'est emparé ,par sécurité , au dernier moment, d'une bouteille d'oxygéne (lettre Freeman de 1993 )
Le mitrailleur de queue Charles Mankowitz,lui , a reçu en vol un éclat dans la cuisse lors des attaques répétées de la forteresse par les chasseurs allemands . Epuisé il s'assied sur la margelle du puits dans une cour de ferme . La fermiére Madame Leliévre ,inquiéte , l'invite par prudence à s'éloigner et à se cacher dans l'épaisse végétation de la campagne . Charles Mankowitz décide donc de s'installer à l'abri d' un pommier dans un champ de blé tout prés des meules de foin .C'est là que ,discrétement , Eugéne Riviére résistant et agriculteur à Belfonds lui rendra visite en essayant de ne pas attirer l'attention du voisinage . Il est accompagné d'un cousin parlant anglais . Mankowitz en raison de la blessure qui le handicape , souhaite être fait prisonnier .
Eugéne Riviére ne l'abandonne pas à son sort ,il va se charger de le secourir . Le docteur Lemeunier de Mortrée est alors appelé à un rendez vous chez Gaston Cercueil agriculteur à Condé le Butor . Là , le médecin prend place dans un road car et arrive prés du blessé, lui fait un pansement et un sérum anti tétanique .
André Morand ,l'un de mes anciens camarades d'école au cours complémentaire de Sées apporte ce témoignage ...." Ce dimanche j'allais chez mon oncle Moiteau à Giberville lorsque les premiers parachutes apparurent ... Arrivé sur les lieux je vis avec surprise un aviateur rescapé ,adossé à la margelle du puits et essayant d'extirper un éclat de sa jambe bléssée . Je l'aidais à se déplacer et celui çi alla s'abriter sous un pommier dans un champ à proximité de la ferme ."
Me reférant à un courrier du ............. de W Freeman
Willard Freeman l'un des mitrailleurs de l'équipage de la forteresse saute d'une altitude de 20000 pieds aprés avoir agrippé au dernier moment une bouteille d'oxygéne . Il s'est posé ,prés de Mortrée ,ignorant complétement l'endroit précis où il se trouve . ,Alourdi par ses bottes chauffantes il se fracture la cheville en touchant le sol . . Pour lui ,comme pour ses compagnons d'aventures ,c'est un territoire inconnu ,plein d'embûches qui déroule son tapis vert sous ses yeux .
Dés l'impact au sol ,un jeune français le conduit directement dans une ferme où il rencontre alors le sergent Ashworth changeant rapidement de vêtements dans une grange . A l'abri d'une haie W.Freeman reçoit la visite d' une femme qui parle un peu l'Anglais . Une rencontre a été fixée chez le maire de Mortrée Victor Chevreuil habitant le lieu dit "L'Ortier ". Situation delicate , que d'avoir à trouver un lieu sûr à l'abri des curiosités et des regards indiscrets dans une campagne où tout le monde connait tout le monde ...L'hebergement des blessés impose donc une décision rapide et le choix d'un lieu sûr éloigné du point de chute des aviateurs rescapés .
Se glissant dans la nuit ,un groupe d'hommes : Eugéne Riviére , Camille et Elie Foubert , Achille Louvel , Georges Carbonell ,Veraquin commis de Mr J. Cosnard se chargent donc du transport des deux blessés sur un brancard emprunté aux pompiers de Mortrée .Une longue marche épuisante de 3 kilométres dans la plaine de Belfonds pour sortir de la zone de bocage , sur un terrain peu propice à ce type d'effort (. Rapport Mr Claude Pavard et l'ouvrage Histoire de la ville d'Argentan . )
Le 13 Juillet 1943 soit 9 jours aprés la date du crash Cosnard Julien 41 ans cultivateur à Belfonds sera déporté en Allemagne au camp de Hinzert suite à une dénonciation . Il sera libéré le 9 Mars 1945 à Oberglem ignorant jusqu'à son retour que son épouse avait été également déportée .
Son épouse sera envoyée en déportation le 21 Juillet et libérée le 5 Mai 1945 à Holleischen ( commando de Flossenburg )
Aprés ce périlleux périple dans la plaine , les sergents Freeman et Mankowitz ont repris quelques forces et ils ont encore dans leur rapport d'évasion ,le souvenir d'un brillant repas chez le maire de Mortrée .
On ne peut s'empêcher de mesurer les risques encourus par celui qui héberge des aviateurs abattus et ceci en raison de la nature et de la durée du contact avec ses protégés . La nourriture de chacun des rescapés est un élément de survie indispensable ,qu'il faut se procurer dans un contexte de rationnement alimentaire impitoyable ...durant des jours et même des semaines .De plus la présence d'une vie supplémentaire dans un environnement donné , ne peut passer inaperçue , et attire souvent l'attention du voisinage et des habitués augmentant ainsi les risques de dénonciation . L'hébergeur en l'occurence Victor Chevreuil maire de Belfonds ,fait preuve dans ces circonstances ,du plus grand sang froid dans un monde en effervescence composé de patriotes bénévoles ,pour qui soustraire un aviateur à la captivité ,constitue une façon d'apporter sa pierre à l'édifice de la résistance et de la nation .
Il faut en fait trouver un abri plus sûr pour les deux blessés . Une hutte construite dans l'épaisseur des futaies de la forêt de Gouffern prés d'Aunou le Faucon par le garagiste Montebran d'Argentan ,Roussel marchand de biens à Aunou le Faucon ,et le garde Maury ,servira de refuge .
Tant bien que mal nos deux blessés seront transportés de Mortrée à la forêt de Gouffern prés d'Aunou le Faucon en Simca cinq . L'un des deux blessés ,Charles Mankowitz aura bien du mal à y loger ses longues jambes
Un refuge précaire aux conditions de confort limitées ,mais rendues supportables par les conditions.... climatiques du mois d'Août .
Là ,deux docteurs se dévouent pour soigner régulièrement et avec la plus grande attention les deux blessés et l'un d'eux est transporté de nuit à la clinique du docteur Couinaud d'Argentan pour recevoir des soins en rapport avec sa blessure . Aprés cette intervention du chirurgien , l'état de santé de Mankowitz en particulier , s'améliorera rapidement chaque jour . Nos deux évadés dans leur univers de solitude , ponctué des visites des volontaires chargés de les ravitailler devront ainsi ronger leur frein pendant ...47 jours . Aprés cette longue attente pleine d'incertitudes ...ils conviendront que la vie de nomades traqués leur pése dans l'inconfort de leur agreste demeure . Une filiére de résistants doit à nouveau les prendre en charge . Au bout de cette aventure ....une hypothétique traversée des contreforts Pyrenéens avec l'aide de guides régionaux ,d'expérience .
Dans l'ouvrage "La bataille de Normandie au pays d'Argentan "on cite le nom du docteur de Maulmont appelé à prodiguer ses soins aux aviateurs américains blessés ,tombés à Belfonds et camouflés en forêt de Silly par les soins de Charle Montebran garagiste à Argentan ,Roussel ,d'Aunou le Faucon et de Maury garde forestier .Un complément de témoignage est apporté par Mme G. Geslain née Montebran .
" Mon pére Charles Montébran avec son ami " D' Artagnan " ( H. Roussel ) avaient alors construit en forêt de Gouffern ,prés d'Aunou le Faucon une cabane destinée à abriter deux aviateurs américains blessés et soignés par les docteurs Couinaud et Picot . Ma mére préparait des thermos de thé et les sandwiches pour les ravitailler . Ils furent confiés à une chaine d'évasion et on leur demanda d'annoncér leur arrivée en Angleterre par le message personnel suivant : "Les amis du petit bois sont bien arrivés " message que nous avons eu la joie d'entendre à la B.B.C. ( Ce fait est confirmé dans le rapport d'évasion de W. Freeman no 263 . A la demande de leurs hebergeurs de Mortrée ,les deux blessés devaient dés leur arrivée en Angleterre soit aprés le 13 Décembre 1943 adresser un message en Français sur les ondes de la BBC. )
La cachette située en forêt de Gouffern prés d'Aunou le Faucon ,entre deux allées porte aujourd'hui le nom de "le carré des américains "
En complément Madame Geslin apporte le témoignage suivant
"L'un des deux blessés américains en signe de reconnaissance donna une montre pendentif à Roussel que celui çi portera imprudemment sur lui .
Aprés son arrestation ,Roussel transportant malencontreusement une mitraillette dans son sac à dos fut emmené dans une propriété dont je veux taire le nom . Les allemands l'ont torturé et enterré auprés d'un chêne ( aujourd'hui il est enterré au cimetiére d'Aunou le Faucon )
Personnellement j'ai connu en 1943 au collége Mézeray ,son fils Yves Roussel qui est disparu de façon tragique par la suite alors qu'il était réfugié dans la propriété de ses grands parents aprés la disparition de son pére . Caché dans une mansarde il regardait le départ des allemands battant en retraite lors de la percée de Chambois . Un fuyard l'aperçevant l'abattit ....
Le 21 Août on leur apporte des vêtements civils et le maire Mr Chevreuil les transporte à son domicile . Là ils ont la surprise de rencontrér un aviateur de la RAF Ivor Samsun et une jeune femme guide Jacqueline Frelat eperdument amoureuse de son protégé selon Willard Freeman .
Un homme âgé les prend en charge dans sa traction avant ,pour les conduire ensuite à la gare du Mans ( Il s'agit certainement de Terrier , exploitant forestier à Alençon ).Mais au Mans les trains remplis d'allemands incitent le guide à choisir un autre point de départ entre Le Mans et Tours ( ) ensuite Tours ,et Bourges .
Dans le couloir du train à destination de Lyon ,aprés le passage de la ligne de démarcation ,un officier allemand s'excuse auprés de Willard Freeman pour avoir accés aux toilettes .
Dormant sous les futaies aprés quelques nuits fraiches à la belle étoile sous le couvert d'un bois , refuges dans les halls de gares ,rendez vous secret dans une église catholique ....les lieux les plus inhabituels sont utilisés par les guides pour échapper aux recherches et à l'étreinte grandissante de la police allemande . Ainsi chaperonnés ils sont amenés à prendre différents contacts avec les réseaux lyonnais ,avant d'être enfin hébergés dans l'ancienne capitale des Gaules .( Dans une lettre du 6 Janvier 1993 W.Freeman précise être arrivé aprés le couvre feu . Il passa donc la nuit en face du quartier général de la Gestapo )
Le 11 Novembre ,sur la route de la gare ,un soldat allemand vient d'être tué et nos deux évadés mis en confiance par le déroulement sans failles de leur périple , échappent de justesse aux filets d'un cordon rapidement organisé par l'occupant
Différents noms de guide appartenant aux réseaux de résistance régionaux illustrent les aléas de ce périlleux périple ,Nelly au Mans ( Mme james Gills ) mariée à un britannique ,Mrs Bonamour , Sigot , , Roger Paupe ce dernier habitant 36 avenue de Saxe à Lyon .Mais aussi les organisations de " Jules " et de "Vic ", 'Andre un agent de l'intelligence service évadé des cellules de la gestapo et enfin Jacques un chirurgien de Paris .
Voir victor gerson
Les deux évadés seront donc séparés à Lyon avant de repartir avec deux agents britanniques
Alors que Charles Mankowitz était hébergé dans la propriété "Cri Cri " chez Monsieur Sigot à Fleurieu sur Saône , W.Freeman lui restait à Lyon chez Roger Paupe industriel .iIl se souvint particuliérement des repas agrémentés par des produits achetés au marché noir
Ivor et Mankowitz accompagné de deux agents britanniques se rendirent à la ferme de M. Sigot ,Flevier ,dans le département du Rhone ( Mr Sigot était apparemment connu sous le sobriquet de Cris-Cris ).
En fait la réalité est un peu différents .( ) 55 années se sont écoulées ...Monsieur Sigot habite toujours la propriété de ses parents ,et c'est la propriété qui est surnommée "Cri- Cri . Elle se situe à Fleurieu sur Saône à 15 kilometres au nord de Lyon dans la vallée de la Saône . Il est intéressant de noter les remarques de Monsieur Sigot
" J'avais dix neuf ans à cette époque et un réseau de résistance nous amena trois aviateurs , "Charlie " ( Mankovick ) un grand blond sympathique ,et Ivor un anglais . Je ne me souviens pas du nom du 3éme ....Nous devions les héberger avant l'arrivée d'un guide qui avait pour mission de les conduire vers l'Espagne .
Notre propriété nommée "Cri Cri" par les parents disposait d'un grand jardin ,de quelques terres sur la colline ,une basse cour et deux ou trois chévres fournissant lait et fromage ..Il fallait bien atténuer l'effet des privations . Souvent j' accompagnais mes trois aviateurs dans la colline afin qu'ils puissent conserver une forme physique suffisante ,avant la derniére étape vers l'Espagne . Aucun d'eux ne semblait souffrir de blessures ....(On peut penser effectivement que Mankowitz aprés les soins reçus en Normandie ,était complétement remis de sa blessure à la jambe ).
Aprés la guerre une attestation honorifique signée Eisenhower nous a été adressée pour nous récompenser des services rendus aux aviateurs évadés .
En désespoir de cause leurs bienfaiteurs qui ne seront pas restés inactifs ,se résolvent aprés différents contacts avec les réseaux locaux ,à acheminer les aviateurs vers l'Espagne par l'intermédiaire du réseau "Vic ".La préparation de l'évasion vers l'Espagne prend forme de jour en jour .
Le but de tous les aviateurs rescapés ... rentrer en Grande Bretagne ,... ilôt de liberté accroché à l'Europe écrasée sous la botte
Surmontant le traumatisme du combat aérien ,quelquefois blessés ,vivant en vagabonds clandestins , bravant mille embûches ,perpétuellement traqués par l'ennemi ,ils tentent de gagner un pays d'accueil voisin à l'aide des filiéres patriotiques existantes .
Pour les aviateurs rescapés ,la Suisse et l'Espagne sont devenues un point de convergence et le refuge de centaines d'aviateurs de la R.A.F. et des U.S.A.A.F. abattus au dessus de la France ,de la Belgique ,de l'Italie , de l'Allemagne et en Méditerranée .
De Suisse aprés avoir été interrogés et internés, ils sont parfois autorisés à repartir ou s'évadent pour rejoindre l'Angleterre via Gibraltar . Ce sera le cas de John Carah,rescapé du crash de la forteresse B17 de l'Ermitage ce même jour du 4 Juillet 43 ,(la Coulonche prés de Domfront ) ,qui contrairement à ses compagnons d'aventures réussira à rejoindre la Suisse .
Un autre réseau d'évasion ,le réseau Shelburne s'est développé dans le Morbihan et les Côtes du Nord . Les bâtiments de pêche bretons quittent la côte à la barbe de l'occupant . Ce réseau évacue les rescapés par Plouha à bord de canonniéres de la Royal Navy .
L'Espagne , c'est une traversée périlleuse des Pyrenées et une dure épreuve physique pour les évadés !
Cinq cents kilométres de frontiéres communes avec la France ...l'Espagne est un des rares pays d'Europe à ne pas être contrôlé par l'axe et à entretenir dans sa capitale et ses grandes villes une ambassade et des consulats britanniques .Malgré ses problémes et ses dangers , l'Espagne pourtant écrasée par le Franquisme , devient pour les fuyards du nazisme le pays de l'espérance .
La logique des fugitifs et celle des gardiens seront à peu prés les mêmes . Pour les reliefs peu accidentés ,de nombreux voyageurs sillonnent les sentiers de montagnes malgré les multiplications de postes et de patrouilles .Pour les altitudes plus élevées la surveillance est trés relachée en hiver et trés faible en été .
On peut penser que les premiers rescapés de ces deux crashes Belfonds et Val de Grée seront arrivés sur les premiers contreforts avant l'apparition de la neige en Septembre . Mais aprés ce mois , les sentiers et cols du secteur pastoral sont tellement surveillés que les évadés de France de toutes sortes sont obligés de s'attaquer à la haute montagne .
Enfin ils atteignent Perpignan la capitale catalane ,et déjà ils distinguent dans le lointain les premiers contreforts des Pyrenées .....Malchance le passeur habituel , vient d'être arrêté ;Il faut donc attendre une dizaine de jours !
Accompagnés de nos deux agents britanniques ,à la mi décembre nos deux évadés passent la frontiére sans problémes , malgré des rencontres fortuites en deux occasions avec des patrouilles allemandes
Ils arrivérent enfin au consulat britannique à Barcelone et la R.A.F. les ramena enfin en Angleterre le 20 Décembre 1943 .
Trois jours seront nécessaires pour informer les familles habitant les Etats Unis de la réussite de l'évasion de Freeman .Nos deux évadés disparus étaient passés pour morts ? Aprés ce long périple Freeman (lettre du 6 Janvier 1993 ) partit pour l'Afrique du Nord ,l'Amérique du Sud , Puerto Rico , la Floride et finalement Mitchell Field NY (USA ) avant d'être transferré dans un camp d'entrainement d'équipages de bombardement où il rencontrera sa future épouse ,Marie avant de se marier le 16 Fevrier 1945 . Il vécut dans le new Jersey à Jersey City avant de déçéder le 1er Octobre 1995 . Il eut quatre fils Chris , jeff , Matthew ,et Stuart .
On ne peut que s'étonner devant la chance qui s'attache aux prégrinations de nos deux blessés ,des milliers de kilométres sans capture dans la clandestinité la plus totale .
Commentaires