dimanche 4 août 2019

la méduse

Souvenir de vol

  1955  Notre Sunderland  Escale à Port Etienne  
Arrivons de Port Lyautey( aujourdh'ui Kenitra )
                          Le phare Coppoloni et le cap Cansado sont en vue. Un appel de la tour de contrôle et notre hydravion se  pose  par un  vent de sable aveuglant  ,traînant un long sillage  d'écume   ,sur le  plan d'eau de Port Etienne battu par les alizés soufflant dans   la baie du Lévrier  

Un groupe de boscos de la marine nationale  s'agite en tous sens et nous indique l'emplacement de la  bouée d'amarrage . Hydroplanage ,  approche prudente  ,la bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe.   Exercice de routine pour un équipage entrâinè.

Notre chaloupe accoste au vétuste appontement de bois , secoué par le ressac., planté au bord d'une longue gréve blanche où des barques délabrées et de vieux chalutiers achèvent de disparaître,noyés par   une longue  coulée de sable 





,La bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe.  

Devant nous..... notre campement des années 50.....le vent et le sable le surnom de ce coin de désert....NICHONVILLE 


            C est ce cap qu 'a manqué "la méduse "dans la nuit du 1er au 2 juillet 1816 A une vingtaine de km au sud de Port Etienne tout au bout de la péninsule se dresse le phare du cap blanc pointe la plus avancée du continent saharien avant l' infléchissement de la côte vers le sud repère essentiel aux navigateurs
Carte du cap Blanc, aujourd'hui râs Nouâdhibou (1958)
Au delà 100 km plus bas s s'étend un vaste traquenard;..... des milliers de km 2   d un banc  de sable a peine immergé que les navires doivent à tout prix contourner par le large 








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       A marée haute ces bancs de sable sont invisibles et présentant un réel danger pour le navigateur non averti 
J ’ai  eu recours à mon  carnet de vol  jauni par le temps et bien rangé dans le fond d’un tiroir …je lis    20   séjours à Port Etienne et autant de survols de l’ile Tidra et des bancs d Arguin   Au cours de nos missions sur Port Etienne de 1955 à  1957  J’ai donc  survolé comme beaucoup d autres la  Mauritanie ,ses plages désertes , ses dunes , ses massifs rocheux  et enfin les bancs d Arguin  …Il m’était donc difficile de rester indifférent à la tragédie de  cette  frégate disparue dans la région au siécle dernier …..la  Méduse  tragédie reprise par les écrivains de l époque Et pourtant chaque jour en cours de vol ‘ aucun membre de l équipage  ne se posait  la question ignorant le drame qui s était déroulé le siécle précédent au large de cette région désertique
                                            Notre 
                                                                                         Sunderland amarré  à la bouée

Notre hydravion   Assailli par les mouettes ....!
Les maures  nous invitent sous leur tente pour un thé fort et sucré

Seul sur la planète !


                                                                                                                                                  
Notre Survol journalier du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume la baie du Lévrier  Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ... Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief que l'homme est en droit d'attendre du plus aride  des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant  refuge d'oiseaux marins de la planète ....mais c’est là aussi que nous  réalisons entre deux vols  les plus belles pêches en espérant que les requins ne viendront pas troubler notre quiétude de pêcheur amateur     


Distinguer en dessous de nous l’emplacement approximatif du naufrage c ‘était rechercher une aiguille dans une botte de foin…
En survolant ce lieu désertique ,de notre couche de  nuages   il nous est facile de distinguer sans efforts cette eau d'un vert profond qui s'éclairçit  lors de la présence d'un banc de sable effleurant  la surface de l'eau C'est   en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de  faible profondeur à différents endroits cachant comme on le sait … un  gigantesque  piège aux marins non informés ..Ce sont les bancs de sable  ….’C est là que  la Méduse s’échoua un beau jour de 1816 

Le privilège de survoler cette région et de découvrir sous un ciel limpide les bancs d’Arguin  ,incite inévitablement à vouloir évoquer et comprendre les causes de ce drame

Inexpérience du capitaine ou cartes mal renseignées ? Le sujet a été largement traité !
Nous tentons quand même quelques approches radar ;;; Ne serait ce que pour évaluer  le point de ce  naufrage célébre ,mais rien ce jour  ,ne dissipera la part de mystere qui enveloppe cette disparition Face a cette terre aride la méduse s'est choisie la plus austère  des tombes , « les bancs d’Arguin » un immense plateau  à fleur d'eau ,vaste banc de sable ….qui émerge à marée basse ... quelque part au sud du cap Blanc par le travers de l'ile Tidra 


 Notons la position exacte du naufrage en 1816 que nous survolions pratiquement chaque jour dans le cadre de nos missions 
20 degrés de latitude nord 17 degrés west par le travers de l ile Tidra    ( 5 metres d'immersion environ  100  miles au sud de Port Etienne ( Nouadhibou) notre base d hydravion Sunderland 


Seul sur la planète !
 
Sunderland ...décollage !!!!

Recherches de l 'épave de la méduse ( suite )


La réponse je la trouverai 50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins jean yves Blot
Découverte de l’épave en 1980 .donc 25 ans après notre séjour à Port Etienne


                           Je fais référence à son ouvrage « Chronique d’un naufrage ordinaire «publié en 1980
Dans le cadre des moyens de recherches, l’exploration aérienne , le sonar que l on utilise dans nos escadrilles ,les sondeur à sédiments , le scanner à infra rouges apparaissaient d’emblée inutilisables
Restait le magnétomètre à protons mis au point pendant la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devait permettre de déceler les parties métalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de mètres carrés
La chance sourit enfin à l’expédition , une anomalie magnétique de 1000 gammas est repérée puis confirmée ( référence faite à l ouvrage de jean yves Blot) Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus à la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre L’enthousiasme est grand …. ce ne peut être que la Méduse

Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 mètre 50 et la profondeur est limitée à 5 ou 6 mètres
« Quelques herbes épaisses poussent ça et là …. une épave ancienne surgit….rongée par plus d’un siècle de séjour sous marin Des poissons hantent le
fond …..
les minutes passent interminables;;;

Soudain une voix jaillit du haut parleur , sa voix ressemble a un vol de perruches au dessus d ;un champ de tournesols...
Des noms fusent ....canons de fer ,clous de cuivre , la voix répète «  c est la méduse il n 'y a pas a tortiller c est la Méduse
Nous sommes en décembre et l eau n est certainement pas a 22 degrés la Visibilité ne dépasse pas un mètre, un mètre cinquante la profondeur n 'est que de 5 a 6 mètres,le fond est de sable comme prévu , un morceau de métal oxydé apparaît
Au fur et a mesure de ma progression surgit le décor habituel d une épave ancienne … une tige métallique de forte section apparaît cette tige est la verge d une ancre, je découvre une seconde ancre posée sur le sable


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