dimanche 4 décembre 2016

souvenir de vol MAURITANIE

  1955  Notre Sunderland  Escale à Port Etienne 
Arrivons de Port Lyautey( aujourdh'ui Kenitra )


Le phare Coppoloni et le cap Cansado sont en vue. Un appel de la tour de contrôle et notre hydravion se  pose  par un  vent de sable aveuglant  ,trainant un long sillage  d'écume   ,sur le  plan d'eau de Port Etienne battu par les alizés soufflant dans   la baie du Lévrier  
Carte du cap Blanc, aujourd'hui râs Nouâdhibou (1958)Un groupe de boscos de la marine nationale  s'agite en tous sens et nous indique l'emplacement de la  bouée d'amarrage . Hydroplanage ,  approche prudente  ,la bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe.   Exercice de routine pour un équipage entrainé.


Notre chaloupe accoste au vétuste appontement de bois , secoué par le ressac., planté au bord d'une longue gréve blanche où des barques délabrées et de vieux chalutiers achèvent de disparaitre,noyés par   une longue  coulée de sable 







,La bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe.  

 




Devant nous..... notre campement des années 50.....le vent et le sable




A une vingtaine de km au sud de Port Etienne tout au bout de la péninsule se dresse le phare du cap blanc pointe la plus avancée du continent saharien avant l' infléchissement de la côte vers le sud repère essentiel aux navigateurs
 C est ce cap qu 'a manqué la méduse dans la nuit du 1er au 2 juillet 1816 


Au delà 100 km plus bas s 'étend un vaste traquenard;..... des milliers de km 2   d un banc  de sable a peine immergé que les navires doivent à tout prix contourner par le large 











duse A marée haute ces bancs de sable sontinvisibles et présentant un réel dange pour le navigateur non averti

J ’ai  eu recours à mon  carnet de vol  jauni par le temps et bien rangé dans le fond d’un tiroir …je lis    20   séjours à Port Etienne et autant de survols de l’ile Tidra et des bancs d Arguin   Au cours de nos missions sur Port Etienne de 1955 à  1957  J’ai donc  survolé comme beaucoup d autres la  Mauritanie ,ses plages désertes , ses dunes , ses massifs rocheux  et enfin les bancs d Arguin  …Il m’était donc difficile de rester indifférent à la tragédie de  cette  frégate disparue dans la région au siécle dernier …..la  Méduse  tragédie reprise par les écrivains de l époque Et pourtant chaque jour en cours de vol ‘ aucun membre de l équipage  ne se posait  la question ignorant le drame qui s était déroulé le siécle précédent au large de cette région désertique
                                            Notre Sunderland amarré  à la bouée

Assailli par les mouettes ....!
Les maures  nous invitent sous leur tente pour un thé fort et sucré
Seul sur la planéte !


                                                                                                                                                  
Notre Survol journalier du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume la baie du Lévrier  Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ... Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief que l'homme est en droit d'attendre du plus aride  des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant  refuge d'oiseaux marins de la planète ....mais c’est là aussi que nous  réalisons entre deux vols  les plus belles pêches en espérant que les requins ne viendront pas troubler notre quiétude de pêcheur amateur     



Distinguer en dessous de nous l’emplacement approximatif du naufrage c ‘était rechercher une aiguille dans une botte de foin…
 
En survolant ce lieu désertique ,de notre couche de  nuages   il nous est facile de distinguer sans efforts cette eau d'un vert profond qui s'éclairçit  lors de la présence d'un banc de sable effleurant  la surface de l'eau C'est   en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de  faible profondeur à différents endroits cachant comme on le sait … un  gigantesque  piège aux marins non informés ..Ce sont les bancs de sable  ….’C est là que  la Méduse s’échoua un beau jour de 1816 


Le privilége de survoler cette région et de découvrir sous un ciel limpide les bancs d’Arguin  ,incite inévitablement à vouloir évoquer et comprendre les causes de ce drame

Inexpérience du capitaine ou cartes mal renseignées ? Le sujet a été largement traité !
Nous tentons quand même quelques approches radar ;;; Ne serait ce que pour évaluer  le point de ce  naufrage célébre ,mais rien ce jour  ,ne dissipera la part de mystere qui enveloppe cette disparition Face a cette terre aride la méduse s'est choisie la plus austère  des tombes , « les bancs d’Arguin » un immense plateau  à fleur d'eau ,vaste banc de sable ….qui émerge à marée basse ... quelque part au sud du cap Blanc par le travers de l'ile Tidra 

 Notons la position exacte du naufrage en 1816 que nous survolions pratiquement chaque jour dans le cadre de nos missions 
20 degrés de latitude nord 17 degrés west par le travers de l ile Tidra    ( 5 metres d'immersion environ  100  miles au sud de Port Etienne ( Nouadhibou) notre base d hydravion Sunderland


 
Sunderland ...décollage !!!!

Recherches de l 'épave de la méduse ( suite )


La réponse je la trouverai 50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins jean yves Blot
Découverte de l’épave en 1980 .donc 25 ans aprés notre séjour à Port Etienne


Je fais référence à son ouvrage « Chronique d’un naufrage ordinaire «publié en 1980
Dans le cadre des moyens de recherches, l’exploration aérienne , le sonar que l on utilise dans nos escadrilles ,les sondeur à sédiments , le scanner à infra rouges apparaissaient d’emblée inutilisables
Restait le magnétométre à protons mis au point pendant la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devait permettre de déceler les parties métalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de metres carrés
La chance sourit enfin à l’expédition , une anomalie magnétique de 1000 gammas est repérée puis confirmée ( reference faite à l ouvrage de jean yves Blot) Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus à la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre L’enthousiasme est grand …. ce ne peut être que la Méduse

Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 mètre 50 et la profondeur est limitée à 5 ou 6 mètres
« Quelques herbes épaisses poussent ça et là …. une épave ancienne surgit….rongée par plus d’un siècle de séjour sous marin Des poissons hantent le
fond …..
les minutes passent interminables;;;

Soudain une voix jaillit du haut parleur , sa voix ressemble a un vol de perruches au dessus d ;un champ de tournesols...

Des noms fusent ....canons de fer ,clous de cuivre , la voix répète «  c est la méduse il n 'y a pas a tortiller c est la méduse

Nous sommes en décembre et l eau n est certainement pas a 22degrés la Visibilité ne dépasse pas un mètre, un mètre cinquante la profondeur n 'est que de 5 a 6 mètres,le fond est de sable comme prévu , un morceau de métal oxydé apparaît

Au fur et a mesure de ma progression surgit le décor habituel d une épave ancienne … une tige métallique de forte section apparaît cette tige est la verge d une ancre, je découvre une seconde ancre posée sur le sable





En conclusion quelle que soit la vérité ,c’est l’horreur du drame  du radeau mis en évidence par la réaction de l’opinion publique devant le tableau de Géricault   qui retiendra l’attention .La rencontre du drame et d’une œuvre exceptionnelle exaltant et fixant  l’image de ces hommes désespérés  n’a pu  laisser indifférents les amateurs de sensations fortes 

Incendie a bord

 Le 30 décembre 1953 noroit no 22    nous décollons pour un vol de  huit heures ,  pleins complets , équipage entrainé , plein beau temps Le ciel est bleu sans nuages et les derniers reliefs de la côte s estompent au loin
Soudain une fumée .... envahit  le cockpit Un incendie se déclare .....  Réaction instantanée du pilote «  Coupez le radar «  ..Une grosse fumée aveuglante.. Inquiétude générale  .... le feu se propage rapidement  dans l aile gauche
Manoeuvre délicate …Le pilote dans un réflexe de circonstance plonge l hydravion vers la mer …le choc est brutal ....l hydravion rebondit sur les crêtes de vagues  Le feu prend des proportions ;;;

Précipitation vers les  dinghies de sauvetage 
 le pilote, homme d 'expérience lutte pour maintenir l avion en ligne de vol 
Les flammes surgissent et nous aveuglent Posés en catastrophe  i.C'est  la chasse aux gilets et aux canots de sauvetage Plongeon dans l eau glacée Mais que l èau est  froide!
Me voici seul dans mon dinghie Isolé …mae west équipée , flottant  au grès de ce  vent de décembre sur les eaux agitées de la méditerranée…
Heureusement initiative  le radio de bord avait eu la bonne idée de lancer un SOS …. 

Aprés deux heures d' errements sur les eaux froides   nous voici  environnés de bateaux .....Enfin  recueillis  par tout ce qui pouvait naviguer dans notre secteur  Bateaux lançés à notre recherche pendant que notre vaisseau se consumait lentement mais sûrement ..berçé par ce vent d hiver glacial et pénétrant 
Un disparu toutefois Un membre d équipage...le médecin .... Guidé par son instinct   aventureux il  avait  formulé le désir de participer à notre vol et  quitté l avion en toute indépendance …retrouvé aprés de longues heures de recherches  il nageait alors désespérément ,porté par le vent violent , mae west perforée et le corps couvert de fluorescéine , teinture artificielle qui lui donna pour une semaine l’apparence d’un mort vivant

 Il ne remettra plus jamais les pieds sur cet avion..... nous assure t il !

 Mais que l 'eau était froide  en ce 30 décembre !





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