Complément
d'enquête sur le crash du Whitley AD701 du 24eme OTU
J'ai rédigé ce texte après la découverte d’une tombe inconnue au cimetière
communal de Sées, et d’un registre précisant la date d’inhumation des victimes ( voir texte
« un avion oublié »). Une enquête auprès du Ministère de la Défense britannique et la collaboration de Mme
Shirley Stone pour retrouver les familles de cet équipage canadien supposé disparu en Manche.
Témoin de ce crash, c’est simplement en 1998 que j’ai pu
rassembler toutes les données le concernant, alors que la municipalité
avait été tenue à l’écart des conclusions de l’enquête.
C’est l’histoire d’un jeune équipage qui venait de terminer sa
formation au 24 OTU
( Operational training unit )
et qui devait confirmer son
expérience acquise en vol en exécutant au dessus d un territoire
occupé une mission de largage de tracts ou de prises de photos dans
le cadre d une mission Nickel.
La mission était considérée comme un examen de sortie de l'école
avant que cet équipage récemment formé ne soit destiné à une
escadrille de combat.
Crash de Sées (la Potence)
La famille Hayton de nationalité britannique est internée à Drancy
et Vittel le 9 décembre 1940 suite à la décision de l'occupant
allemand d’interner tous les membres du Commonwealth. Tous furent
libérés sous caution en 1942, un habitant d Alençon devant répondre de
leur présence au haras.
Bien que contrôlé sévèrement par la kommandantur d Alençon,
William Hayton participa activement à l organisation de l'évasion de
quatre aviateurs anglais dont le Lancaster avait été abattu à Ormes
(Eure)
le 17 avril 1942, lors d un raid de la RAF sur Augsbourg.
William Hayton sera alors sollicité pour
héberger les évadés mais étroitement surveillé par la kommandantur
il ne pourra prendre ce risque.
Par contre, l'expédition organisée par Francis Cagnard,
alençonnais et cafetier place de la halle au blé, échouera.
Les quatre évadés étant contrôlés lors du passage de la ligne de
démarcation et repris par la milice
(ref journal personnel de Dowty évadé et enquête de Emmanuel
Huile) à Tours et
connaîtront l'infortune des camps de prisonniers en Allemagne
jusqu'à leur
libération en 1945.
L’ une des avenues d'Alençon porte le nom de Francis Cagnard.
Le 22 mai 1944 vers 23 heures comme chaque soir, mon frère et
moi attirés par le grondement des avions,
nous essayons de distinguer haut dans le ciel parmi les myriades
d'étoiles, les points lumineux qui sont pour nous les préludes de
la libération de notre pays. Les sagiens ont encore à l’esprit le crash
de la forteresse volante le 4 juillet 1943 à Belfonds avec ses
conséquences douloureuses pour
notre petite ville. J’en rappelle les principaux termes…
interrogations, emprisonnement de 50 habitants de la région,
déportation de quatre gendarmes ,dissolution du BOA , alors que
l’enquête que je réalisais
auprès des services historiques de Maxwell ( USA ) faisait état
après la chute de la forteresse touchée au dessus du Mans de 2 victimes,
2 prisonniers et 6 évadés aidés par la résistance jusqu’au seuil des
Pyrénées.
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Les
restes du B-17F 42-29960 "Nymokymi" à Belfonds. Ce sont
les seules photos existantes de l'épave prises par Roger Cornevin
à 10h00, le 5 juillet au matin.
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En ce mois de Mai 1944 On ne peut douter qu’un grand événement se
prépare.
Les messages de la BBC malgré le brouillage allemand prolifèrent
sur les ondes et chaque français attend le cœur rempli d’espoir une
délivrance
hypothétique après 4 années d’occupation germanique. En effet
depuis plusieurs semaines l’aviation alliée disloque les voies
ferroviaires et
routières, écrase les gares d’Argentan, l’Aigle, Mortagne, Surdon,
détruit et pilonne les ponts et les concentrations de matériel de
transport.
Il nous est alors impossible de prévoir la date de réalisation
de cet événement tant espéré par les peuples alors sous le joug
allemand …
Nous habitions face à la cathédrale et avec mon frère nous passions nos soirées à scruter le ciel et les étoiles.
A 2 semaines du débarquement nous ne pouvions pas soupçonner les préparatifs alliés en cours de l’autre côté de la Manche.
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La
cathédrale de Sées et les habitations ou vivait Roger Cornevin. |
Soudain un avion en flammes surgit, venant du sud de la ville,
rasant les toits et semblant vouloir éviter les clochers de la
cathédrale. Une explosion soudaine puis un grand calme… alors
qu'une patrouille allemande appartenant vraisemblablement aux troupes de
l’Est ( nous les appelions les mongols ) resta longtemps sur notre
grande place, littéralement prostrée à scruter le ciel.
A Sées, nous avions hérité d une unité de l’armée Vlassof
(Ostruppen ou troupes de l’est)
généralement rassemblée en différents groupes ethniques (
géorgiens , ukrainiens , cosaques ,
etc…) auxquels on reprochait rixes, attentats, vols et autres
gentillesses dans diverses régions).
A Sées j'ai pu assister avec mon frère à une bagarre générale sur
la place du Parquet entre mongols qui revendiquaient une place sur les
auto scooter,
et français et espagnols défendant chèrement leur voiture. Ce
jour la,
j'ai admiré le courage du garçon de manége qui se jeta dans la
bataille avant d’être sérieusement blessé au bras d un coup de
baïonnette. La Feldgendarmerie alertée intervint et conduisit
tout ce monde en cellule…
Le lendemain matin notre vaillant garçon de passage dans nos murs
eut droit à tous les honneurs des habitants du quartier, en l
occurrence le palais
épiscopal de Sées où une unité de la Wehrmacht avait été
rassemblée.
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Point bleu Cathédrale - Point rouge Lieu de crash |
Le lendemain matin avec mon frère, sautant sur nos bicyclettes,
nous n’hésitons pas un seul instant…. et nous nous dirigeons vers le
nord de la ville, route du Merlerault. Nous sommes parmi les premiers
curieux à
découvrir un spectacle effroyable parmi les buissons d’aubépines.
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Le point de crash, 2 km au nord de Sées prés du Buhot ( lieu dit la Potence
) |
Deux sentinelles gardent l’accès du champ... il nous faut ruser pour
pénétrer au milieu du lieu de crash bordé d’immenses buissons
d’aubépines. La présence des gendarmes en cours d’investigations semble
alors nous protéger d’une éventuelle intervention des deux
sentinelles.
D’après
les renseignements obtenus après la libération, j’ai pu apprendre que
les deux sentinelles étaient yougoslaves. Nous étions fin mai 1944 et
sans le savoir à la veille du débarquement. Dés l’annonce des premiers
commandos sur la côte normande le 6 juin, les deux sentinelles
yougoslaves et partisans de Tito en quête de patriotisme et de liberté
plient bagages clandestinement, sans crier gare…
et disparaissent dans la campagne. Leur équipée se terminera dans
une ferme de Boisville, située à 1 km du lieu de crash. Sachant que
toute désertion est passible de la peine de mort, ils attendront
sagement la fin de la bataille de Chambois-Montormel avant de quitter
définitivement leur refuge. L ‘un d’eux élira définitivement domicile
dans la région sagienne après
la libération
Découverte …Les débris d’un avion inconnu …
L'avion inconnu dont nous ignorons totalement l'origine avait le nez enfoui dans le sol
et la queue
pulvérisée par une probable explosion.
Les corps des victimes étaient dispersés dans les haies et les
buissons d’aubépine. Deux sentinelles assuraient une certaine
sécurité et repoussaient les curieux peu nombreux à cette heure de la
journée. Allemands et gendarmes s’affairaient alors dans les débris
épars en quête d’éléments permettant d’identifier la nationalité de
l’avion.
Les allemands récupèrent enfin une liasse de billets de banque
qu’ils s'empressent de garder
(ref PV gendarmerie ). Nos deux gendarmes découvrent la photo
d’un asiatique, un foulard,
une bague carbonisée et un portefeuille renfermant quelques photos
dont celle
d’un inconnu.
Ils ne peuvent identifier la nationalité de cet avion et le
gendarme G… stipule “avion inconnu” mais vraisemblablement allié » dans
le
procès verbal. En final le procès verbal n’apporte rien à
l’identité de l’avion ( ref compte rendu gendarme G.. ).
Parmi les débris épars le brigadier de gendarmerie récupérera la
bague carbonisée de l’une des victimes et un sagien la photo d’un
aviateur demeuré dans les restes du
cockpit. C’est le mystère total ….grand mystère qui subsistera
pendant prés de 60 années...
tout au moins pour les sagiens.
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Procès-verbal
de la gendarmerie daté du 23 mai 1944 à 9 heures. |
Aprés 58 ans en ….1998
Je retourne dans notre petite cité après plusieurs années d
‘absence et je découvre avec surprise l’ignorance et le manque d’intérêt
évident de la municipalité concernant ce drame oublié aussi je
décidais de conduire ma propre enquête en commençant par le
cimetière communal. Le problème …. j'avais totalement oublié la
date du crash !
Remuant une montagne de vieux registres présentés par le gardien
du cimetière
nous découvrons l'inhumation de plusieurs aviateurs anglais
inconnus à la date du 22 mai 1944.
Le gardien de l'époque, plus de 50 ans après, n'avait aucun
souvenir de cet événement mais par contre il me faisait découvrir une
tombe abandonnée qu'il entretenait soigneusement suite aux consignes
formulées par les gardiens précédents. Surprise
! la tombe était vide… et j'apprendrai par la suite que les corps
avaient été transférés par des inconnus vers le
cimetière canadien de Bretteville sur Laize si bien que les
divers gardiens du
cimetière entretenaient une tombe vide depuis ….1946 !
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Le
registre du cimetière communal.
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A partir de cette date, j'obtiens enfin la liste de l'équipage auprès
du Ministère
de la Défense que je transmets au journal « Orne Hebdo » et là
…. ce fut la grande surprise. A la lecture de l’article à partir des
éléments communiqués par le
Ministère de la défense britannique, deux sagiens rapportent au
journal la photo
d’un inconnu et une bague en or soigneusement restaurée et
comportant les initiales WGH gravées intérieurement,
et les noms de Grand Valley, et de C.A.S sur la face
extérieure.
L'équipage du WHITLEY V AD701 de la ROYAL
CANADIAN AIR FORCE.
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DAVID
WEBSTER GOODWIN
FLYING
OFFICER - PILOTE
RCAF
- J/25874
24 ANS
KALEDEN, BRITISH COLUMBIA |
WILFRED
GORDON HARRIS
SERGEANT - MITRAILLEUR
RCAF - R/115064
23 ANS
GRAND VALLEY, ONTARIO |
JOSEPH
HONG
FLYING OFFICER - NAVIGATEUR
RCAF - J/37185
21 ANS
WINDSOR, ONTARIO |
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JACK
HOPPER
SERGEANT - MITRAILLEUR
RCAF - R/80789
21 ANS
TORONTO, ONTARIO |
JOSEPH
GASTON JACQUES
WARRANT OFFICER - MITRAILLEUR
RCAF - R/108393
28 ANS
DRUMMONDVILLE, QUEBEC |
CHARLES
BEVERLY WYCKOFF
FLYING OFFICER - BOMBARDIER
RCAF - J/26695
23 ANS
VITTORIA, ONTARIO |
Émotion et Raison...
L’après libération .. la municipalité avait oublié ensuite ce
crash du 22 MAI 1944 et ces informations je ne les ai obtenues qu'en
1998, il est vrai que les
enquêteurs de la RAF ne transmettaient jamais ou très rarement les
résultats de leurs recherches.
Dés janvier 1945, je fais la connaissance de l’un des
responsables du service de la Royal Air Force “Missing Research
Enquiry Service“
crée en 1944 pour rechercher le personnel manquant de la RAF à
l’issue des nombreux combats ou elle affrontait l’aviation des pays
belligérants. (ref à RAF museum) 42 000 aviateurs de la RAF
étaient considérés manquants ou présumés tués.
La demande des familles sans nouvelles de leurs êtres chers fut
alors si importante que ce service en développement fut rapidement
submergé par de nombreuses questions concernant les disparus.
Ce personnel désigné pour assurer ce service, n'ayant suivi aucun
entraînement
spécial n’avait pu profiter des développements des techniques
modernes mais par contre était doté d’un désir profond de retrouver pour
les familles ceux qui n’étaient pas revenus des zones de combat. En
dépit des obstacles crées par le manque de moyens, le MRES retrouva
les deux tiers du personnel manquant
après de longues recherches autour du globe avant que les corps
retrouvés puissent être identifiés et inhumés par le Commonwealth
War Graves Commission.
Sans la volonté et l’énergie manifestées par les équipes du MRES,
de nombreuses familles n’auraient jamais connu le destin de leurs êtres
chers ou l’emplacement de leur destin final. Le MRES apporta aux
familles la dignité qui leur été due et fut dissous en 1952 sept
années
après la fin du conflit.
Dans le cadre familial nous sommes donc appelés à faire la connaissance de
Noël Archer l’un des membres influents de ce service.
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La
famille Hayton. Charles Hayton est en uniforme, Noël Archer en
civil. |
Découvrant le haras de Bois Roussel en 1945 que nous habitions,
domicile et lieu de travail de nombreux britanniques depuis les années
20,
ne parlant pas notre langue, Noël Archer prit l’habitude de nous
rendre visite. En raison de la situation, nous ne pouvions que l’aider
à contacter les mairies et à prospecter dans la région à la recherche
des lieux de crashes des avions du Commonwealth ( ref courrier
familial et
Noël Archer ). Notons qu'il se distinguera en 1949 lors de
l'identification du corps rejeté sur la côte belge du commandant
Mouchotte
Squadron leader et commandant du groupe Alsace. Nous l'avons
conduit sur les lieux de crash de Sées, la Potence, Larré et Bursard qui
figuraient dans ses objectifs mais sans précisions
particulières, lui permettant de progresser dans la compréhension
des circonstances et des conséquences humaines du drame.
Accompagné de son chauffeur, il prospectait alors à la recherches des points de crash de la
RAF… Il est vrai que les crashes avaient été nombreux dans notre région. ….
Finalement à partir du rapport de Noel Archer, je finis par
obtenir la solution de cette énigme et compléter ainsi les éléments
manquants concernant ce
Whitley de la Royal Canadian Air Force.
Résumons:
C’est l’histoire d’un jeune équipage qui venait de terminer
sa formation du 24 OTU doté de bombardiers du type
Whitley, et qui devait confirmer son expérience acquise en vol en
exécutant
au dessus d'un territoire occupé une mission de largage de tracts
ou photos dans le cadre d une mission Nickel.
La mission était considérée comme un examen de sortie de l'école
avant que cet équipage récemment formé ne soit destiné à une
escadrille de combat.
Cette observation explique la relative jeunesse des victimes de 20 à 24
ans.
Le pré-Briefing de la mission eu lieu à 16h00,
sur la base de la ROYAL AIR FORCE de LONG MARSTON. Le Briefing final à 19h00.
Le vol à débuté à 21h48. Le Whitley AD701 piloté par F/O David Webster Goodwin atteignait Alençon, son objectif, à 23 heures.
Le W/O Joseph Gaston Jacques était instructeur à bord. Ils devaient être de retour à
01h41. Le 23 mai, Ils sont reportés « missing in action ».
Les familles reçoivent alors des télégrammes les avisant que leurs êtres chers
sont « portés disparus» et présumés morts. Des avis publics sont publiés dans les
journaux locaux.
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La
base R.A.F de LONG MARSTON |
Six Whitley du 24th OTU Intelligence Section avaient donc décollé de Long Marston dans le cadre d’une opération Nickel,
nom particulier donné aux missions spécialisées dans les missions de renseignements, photos, largage de tracts,
En l occurrence avertir les habitants de ne pas séjourner à proximité des cibles stratégiques
, voies de communication importantes, viaducs, ponts dépôt de carburant, gares etc...
Bilan de cette mission:
Des le début 1944 les défenses allemandes sont de plus en
plus redoutables et
infligent aux effectifs de la RAF des pertes considérables au
cours d une seule
mission. La plupart de ces pertes sont dues aux chasseurs de
nuit dont le nombre et la
qualité ne cessent de croître. Dans le cas présent c’est une
batterie de DCA dissimulée sous les ombrages aux
abords de la voie ferrée (la Madeleine 1 km sud de Sées) et qui
prit pour
cible ce Withley isolé et peut être handicapé (ref à rapport de
vol) par un
phénomène de givrage. Notons que les deux autres Whitley
appartenant à cette
mission revinrent prématurément à l’aéroport de départ pour
cette raison (dépôt de glace sur certaines parties vitales de l’avion
et se posent d’urgence
à Fort airfield et à Woodhall Spa.
Trois Withley ont donc pu exécuter totalement leur mission photos et lancement
de tracts. Le retour au bercail est prévu à 01 41 le 23 mai.
De ma fenêtre située devant la cathédrale à 500
mètres au nord de la gare, il passa environné de flammes après
avoir survolé quelques immeubles. Cette image de l’avion en flammes, je
ne pouvais l’oublier et je pense qu'elle fut la motivation
première m’incitant à résoudre ce problème de l’identification
des victimes.
Ce que j'ignorais, c'est que la RAF disposait d un service spécial
de recherches et ses conclusions figuraient parmi ses archives mais
n’avaient jamais été transmises aux mairies concernées, Ce n’est
d'ailleurs pas le seul exemple, il m’a fallu pour chaque enquête
retrouver les informations
auprès des services historiques de Maxwell ( USA ) pour l' USAAF
et du
Ministère de la Défense britannique pour la RAF.
Identification de l’épave par l’équipe britannique du MRES
Dés Mars 1946 soit plus de 18 mois après la libération, le MRES
intervient sous la direction de Noel Archer, flight lieutenant enquêteur
de la RAF et sans nouvelles précise concernant l'identité de cet avion.
Une simple lettre de l'un des gendarmes parlait d'un avion de
transport.
Noel Archer décide l’extraction des moteurs profondément enfoncés
dans un sol humide et examine avec son équipe les débris de l’épave
qui sont restés sur place.
Voici les termes de son intervention:
“J'ai trouvé un morceau de fermeture éclair utilisé pour la
fabrication des bottes d’aviateur. Cette
pièce est canadienne car la doublure des tenues de combat
canadiennes est d'un bleu plus pâle et plus éclatant que ceux portés par
la RAF.
Sur les lieux du crash nous avons pu voir les ailerons de
l’appareil de forme carrée typiques du Whitley et nous avons trouvé
un chargeur d’une mitrailleuse VGO utilisée à l'époque sur les
Whitley mais dont l utilisation fut abandonnée par la suite sur
les bombardiers en service à la fin de la guerre.
Notre hypothèse fut confirmée par la découverte d une plaque matricule affichant le nom
Whitley suivi d une série de chiffres. Sous les moteurs, pas de trace de
corps…»
L’équipage en fait comprenait 6 membres d'équipage, 5 corps furent ramassés par les allemands
placés dans 4 cercueils et enterrés dans le cimetière civil de Sées"
Par la suite les corps en question furent exhumés en 1946 par une
unité non identifiée des forces alliées et transférés au
cimetière de Bretteville sur Laize. Deux des six membres
d’équipage demeuraient introuvables mais six noms seront gravés sur le
monument.
Le 25 septembre 1948 ( plus de 4 années après la date du crash )
les familles Wyckoff et Goodwin,
étaient informés du décès de leurs êtres chers sans autres
précisions. La Royal Air Force comme on le sait n’avait pas transmis à
l’administration française les résultats de son enquête. Le
mystère concernant cet avion restait donc entier pour les sagiens
qui avaient été témoin de ce crash.
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La photo du pilote retrouvée par un sagien fut enfin remise à son épouse.
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Article
de presse de la ville de DRUMMONDVILLE
au QUEBEC, d'ou était originaire
Joseph
Gaston JACQUES (fleche)
|
La
commémoration, mai 2005.
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Remise
de la bague à la famille de WILFRED
GORDON HARRIS. |
Enquête
Roger Cornevin-Hayton et recherches des familles mme Shirley Stone
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Commémoration
franco canadienne à Sées ( orne ) le 5 Mai 2005 |
La
Potence Monument érigé pour la commémoration des
7 et 8 mai 2005
(photo
Mme Catherine Berthelot) |
MME Shirley Stone édita un livre sur le sujet « Six men on a
Nickel » après avoir
retrouvé les familles de ces jeunes aviateurs.
La tv de Toronto et 35 canadiens assistèrent à cette commémoration.
Le
7 avril 1960,
le lac Hong reçut son nom en l'honneur de joseph Hong, lac situé
au nord de l'Ontario à l'ouest du lac wakikupa (52°57’00
Nord - 88°57’00 Ouest) Hong étant le premier chinois natif de
Windsor élevé au rang d officier dans
l’armée de l’air canadienne.
J’ai pu recueillir ci-dessous le témoignage d un habitant du Buhot:
" J’étais dans mon premier sommeil, il
faisait nuit noire. Tout à coup, je sursaute dans mon lit réveillé par
un hurlement monstrueux,
un rugissement déchirant. Dans le même instant devant moi, ma
fenêtre, le ciel m’apparaît tout embrasé de rouge feu puis dans les
secondes suivantes un bruit énorme.
Soudain plus rien, plus de bruit …, plus de ciel rouge ….
Mon dieu qu’est ce que cela peut bien être ? A peine ai-je le
temps de réagir que des détonations claquent sans interruption pendant
plusieurs minutes. c’est là tout prés de chez nous, peut être à 500
mètres, ce ne peut être autre chose que le crash d’un avion...
... j’ai douze ans et les obus explosent toujours…. et si les allemands me tombent dessus
! Une voix gutturale hurle dans la nuit … patron patron !
Mon père descend précipitamment ouvrir, c’était un officier
allemand qui était déjà arrivé là,
pour s’assurer que nous n’aurions pas recueilli et abrité un
rescapé du crash ….ce qui hélas ne pouvait être le cas.
Dans la foulée, il donna ordre de mettre à sa disposition la plus
grande
pièce pour y loger une section de soldats chargés de la
surveillance de l’épave de l’avion. Cette section de quatre ou cinq
hommes partagea notre maison
pendant une semaine environ. Le chef de section était sûrement un
allemand cela se voyait tellement à son allure autoritaire mais les
autres sûrement pas… on murmurait que c’était des yougoslaves
...eux ils avaient l’air très gentils.
Mon frère et moi un peu rassurés nous avons réussi le lendemain
après midi à déjouer la surveillance des parents. A toute vitesse
nous avons traversé la grande prairie plantée de pommiers et sommes
arrivés horrifiés devant les débris éparpillés de l’appareil le feu
était éteint, il n’y avait plus d’explosions.
Chose étonnante, il n’y avait personne sur les lieux. Pas
d’allemands, pas de gendarmes, pas de civils non plus mais nous somme
sûrs qu’il en était déjà venu.
Plusieurs petits bouquets de fleurs champêtres étaient disposés
juste à toucher sur ce qui nous semblait être une partie de corps humain
encore recouvert de la tenue des pilotes.
Nous ne sommes pas restés longtemps, nous n’avons touchés à rien.
Bouleversés, accablés, nous sommes rentrés à la maison en silence et
nous n’avons rien dit à personne"
Note personnelle R Cornevin-Hayton:
" Lors d’une sortie familiale pour un
pique-nique en forêt d’Ecouves, notre tranquillité avait été
troublée par l’arrivée soudaine d’un groupe de soldats de la
Wehrmacht s’exerçant à tirer au
Mauser sur des cibles improvisées. Bientôt nous avions en face de
nous six soldats souriants non pas allemands mais yougoslaves et semble
t'il désolés d’avoir déclenché en nous une peur bien compréhensible.
je me suis toujours demandé comment leur commandement leur avait laissé semblable liberté.
Ils nous expliquaient alors avec passion que leur but n’était pas
l’armée allemande mais l’armée constituée par Tito dans les montagnes
de Yougoslavie. Malgré eux, ils avaient été enrôlés de force par la
Wehrmacht qui en ce début 1944 recrutait tous les jeunes en état
de tenir une arme….nous avions déjà à
Sées les mongols troupes de l'Est ou Ostruppen.
Retranché de manière inexpugnable dans le cœur des montagnes de son pays, Tito menait depuis 1941 des
opérations de plus ou moins grande envergure contre les forces de l’axe.
Son armée communiste alors composée de plus de trois cents mille
partisans officiellement reconnue par les nations alliées constituait
alors leur unique interlocuteur dans cette partie des
Balkans.
L’ un des yougoslaves caché et hébergé par la famille T... resta à Boiville, se maria à une française après la
libération. Bien connu de la plupart des sagiens il s’intégra facilement à la population"
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