mercredi 6 décembre 2017

EXTRAIT BRIGITTE FRIANG

Lors de l arrivée des allemands a Sées en juin 1940 nous avions déjà éprouvé les conséquences du couvre feu fixé à 18 heures par la orstkommandantur locale  en raison de la détérioration des lignes telephoniques de la ville par des inconnus  vraisemblablement appartenant à la resistance
Impossible pour nous les jeunes de se rassembler pour d éventuelle réunions sportives
en complément



Circuler aprés le couvre feu représentait un réel danger

CIRCULER SOUS L'OCCUPATION
Le nombre de voitures individuelles pouvant circuler est réduit d’environ 90 % par les autorités allemandes. En fait, les autorisations de circuler concernent principalement les services publics et sanitaires, certaines entreprises ainsi que le service du ravitaillement. Les Allemands réquisitionnent des dizaines de milliers de camions, notamment pour le transport de matériel pour la construction du « Mur de l’Atlantique ».
Les conducteurs qui bénéficient d’une autorisation de la part des autorités allemandes ne peuvent normalement circuler qu’en journée avec leur laissez-passer bien visible sur le véhicule. Comme le carburant, en grande partie réquisitionné par l’armée allemande, est rationné, de nouveaux modes d’énergie sont adoptés : les véhicules à gazogène fonctionnant au charbon de bois. Les rares véhicules autorisés à circuler la nuit, tout comme les motocyclettes, doivent être munis de phares avec « black-out ».
C’est le retour à la bicyclette et aux voitures à pédale ! Encore faut-il trouver des pneus...
( extrait google article couvrefeu )




Autant dire que les résistants affrontaient un réel danger à vouloir se déplacer aprés l heure du couvre feu  La feldgendarmerie allemande veillait particuliérement à
l observation de ces régles 
Personne dans les rues ;;;, ! les fenêtres et les vitrines devaient être soigneusement camouflées par des rideaux noirs 
Au collége la patrouille était intervenue bruyamment alors que nos rideaux laissaient filtrer des rais de lumiére trop importants
il est vrai que le passage nocturne et régulier des bombardiers de nuit nous conduisait à la plus grande prudence

Ce qui pouvait nous sauver nous les jeunes lorsdu couvre feu dont l horaire pouvait être très variablc était en fait le bruit rythmé des bottes ferrées de  la patrouille bruit que l on percevait à plusieurs centaines de métres particulierement sur les pavés des rues Billy et Conté


Les feldgendarmes se differenciaient des autres membres de la troupe par cette plaque de poitrine
Ils étaient ainsi surnommés " les vaches primées " par les habitants toujours en mal de moquerie …..discréte
Generalement ils étaient toujours présents lors des barrages établis par la wehrmacht

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Plaque de feldgendarmerie









Recit de Brigitte Friang lors de ce lancement attendu du


« Et puis merde pour la gendarmerie, » avait soudain proclamé Jean-François en se levant du tapis de feuilles trempées  où nous nous étions assis sous le couvert des arbres. On y va.  Notre voiture
une 11 CV Citroen équipée de bouteilles de gaz alignées sur le toit , appartenait au père Terrier , un gros menuisier d'Alençon.
Nous nous étions tassés dans l'étroite Berline. Le Père Terrier et deux hommes derrière. Jean-François et le chauffeur devant . Et moi écrasée entre ceux-ci. Le conducteur, un blondinet de vingt-ans, embraya, accrocha les vitesses, patina nerveusement dans la terre grasse , puis démarra en hoquetant. Je l'observais , vaguement inquiète. Nous roulions , toute lumière éteinte , dans l'aube couleur d'eau de lessive. Les doigts du garçon étaient crispés sur le volant. Tenez, me dit Jean-François en déposant son colt sur mes genoux. prenez le . Je vais dormir un peu.ne

me réveillez pas
pour des fariboles.
J'enlevai mon gant de la main droite, vérifiai l'arme . Une balle était engagée dans le canon. Je libérai le cran de sureté. Et scrutait la route. C'était l'heure où les patrouilles allemandes aimaient à prendre le frais. La départementale se déroulait toute droite, maintenant. Lumières , devant nous , observai-je tout à coup , à l'intention du conducteur.
Dans la voiture tout le monde dormait , à l'exception du chauffeur et de moi-même.  Il était un peu plus de 4h30 . Nous étions deux , mon patron et moi , à nous promener avec de fausses identités. Nous étions tous armés . Dans le coffre arrière , il y avait le S-phone . De toute manière, nul, sans permis spécial , n'avait le droit de rouler à cette heure trop matinale. Nous ne possédions pas de laissez-passer. Il ne pouvait donc être question de nous soumettre au moindre contrôle. Le blondinet avait ralenti. Aucun doute possible, c'était bien des lumières là-bas, dans le brouillard plus clair à cet endroit. Accélérez ,ordonnai-je. Mais si c'était un barrage, avança le garçon. Au nom du ciel accélérez . Le jeune homme appuya brutalement sur l'accélérateur. Le gazogène obéit de son mieux. Les lumières devenaient de plus en plus distinctes. Elles paraissaient immobiles . Il ne s'agissait donc pas d'une voiture mais bien d'un barrage. Cela ne devait plus faire le moindre doute. Le brouillard devait étouffer le bruit de notre moteur.
Si les Allemands n'avaient pas arrêté un camion en travers de la route , nous devions passer , grâce à l'effet de surprise. Et si nous n'avions pas été repérés ( mais si cet avion avait trop tourné ), il n'y avait aucune raison pour que le barrage fût trop sévère. Contrôle de routine, probablement. De toutes les façons , faire demi-tour eût été une folie. 
Et il n'existait pas de transversale. Les points lumineux , maintenant , s'agitaient. On entendait nous faire stopper.
L'accélérateur au plancher, commandai-je au conducteur. Son visage transpirait . Mais il obéit. Puis je poussai doucement Jean-François du coude. Jean-François , nous allons forcer un barrage.
Peut-être préféreriez vous reprendre votre colt. Plus vite, con , ordonna Clouet réveillé en un centième de seconde. Mais nous allons au maximum de notre moteur à gaz.  
Attention , derrière , on force un barrage , lançai-je à l'adresse des dormeurs. Les lumières qui surgissent , soudain nettes . Les silhouettes des sentinelles allemandes. Quelque chose qui vole en éclats
contre le capot. Et les coups de feu qui claquent. La voiture qui tangue désagréablement . La première , à droite, hurle Jean-François. La barrière salvatrice. Nous dérapons , mais le tournant est pris .
Nous évitons une palissade. Nous évitons la barrière de bois qui éclate d' un petit passage à niveau de campagne heureusement ouvert. Ne ralentis pas, crétin. Jean-François pourrait avoir pitié du chauffeur qui transpire du chauffeur qui transpire à grosses gouttes en dépit du froid. Les phalanges de ses mains sont blanches. Mais il a rétabli le véhicule. On lui donnera son permis de conduire.
Derrière nous, rien. Tu peux ralentir, maintenant. Derrière , toujours rien . Enfin,  une voix goguenarde rompt la tension. Vous avez des manières peu délicates de réveiller vos petits camarades,
ma chère Brigitte . Nous éclatons de rire. Un rire énorme. Imbécile. A la mesure de la peur que nous avons tous ressentie. Il n'est pas de meilleure médication que le rire pour remettre en place
des nerfs sains, brutalement ébranlés. Et le rire, c'est aussi le pied de nez à la mort. Peut-être vaudrait-il mieux que vous prenassiez ( preniez) votre colt, mime Jean-François. Celle-là, je ne l'oublierai jamais. Et avec une petite voix bien calme. Ah les gonzesses, elles m'épateront toujours. Non mais, vous autres, vous n'avez pas entendu ça. Vous avez raté quelque chose, les gars. Cher François-Jean,
nous allons forcer un barrage allemand, peut-être préféreriez-vous... Et Jean-François répète et répète la phrase, qui paraît de plus en plus ridicule, au fur et à mesure que sa voix se fait plus douce, plus maniérée.


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